4 SOCIÉTÉ xw n°06 Juillet-Août 2010 COUP DE CHAPEAU À PÈRE & FILS RUGBY Cette association regroupe environ 400 membres, des pères avec leurs fils, qui se retrouvent une fois par semaine pour favoriser l’apprentissage du rugby mais, surtout, pour en découdre avec vigueur en famille. La pédagogie se déploie à travers le respect d’une charte adoptée par chaque participant : venir avec son père, suivre l’échauffement avec abnégation, respecter les règles, l’adversaire et les décisions de l’arbitre, etc. Ce projet innovant, initié depuis plus de six ans, permet aux branches mâles des familles, de vivre de vrais moments d’émotions et de complicité. www.pereetfilsrugby.com IL L’A DIT : « L’important dans la vie, ce n’est point le triomphe, mais le combat. L’essentiel n’est pas d’avoir vaincu, mais de s’être bien battu. » Pierre de Coubertin, extrait de l’Anthologie. D.R. Dieu du stade Analyse. La coupe du monde de football offre à certains athlètes une plateforme d’expression de leur confession religieuse. Prosélytisme à bannir ou libre témoignage de foi ? Le débat est lancé. Depuis le renouveau du sport moderne, la performance sportive a permis à des athlètes de haut niveau d’exprimer publiquement leur foi chrétienne à travers des gestes évocateurs (nous avons en mémoire les images du chapelet de Marie Pierce) ou des témoignages ardents et décomplexés. La liste de ces pieux champions est riche. Citons CarlLewis (athlétisme), Gino Bartali (cyclisme), Edmilson, Kaka, Tommasi (football), Hakkinen, Ari Vatanen (sport automobile), Michaël Chang (vainqueur de Roland Garros) et la récente championne olympique de patinage, Kim Stella Yuna. Pourtant l’entente harmonieuse entre sport et religion semble parfois mise à mal. Il est singulier de constater depuis moins d’un an que l’expression d’un témoignage religieux trop explicite et que certains actes posés, font débat. Les raisons sont multiples : exigences du professionnalisme, enjeux économiques de la compétition et extrême vigilance de l’opinion publique Quel regard portez-vous sur la mobilisation autour de la coupe du monde de football ? Je suis lucide sur les dérives du sport business et certains maux du milieu du sport. Mais je souhaite avant tout porter un regard bienveillant sur ce qui n’est au fond, qu’un jeu, et un beau jeu, offrant en outre une visibilité au monde qui n’est ni celui de la finance, ni celui de la crise et de l’anxiété. La coupe du monde, qui porte des valeurs universelles de rassemblement et d’unité, est Le footballeur brésilien, Kaka, remerciant Dieu après une victoire. sur toute forme de prosélytisme politique ou religieux. Sur les pas de ses glorieux aînés David Liddell et Michael Jones (célèbre troisième ligne aile des All Blacks), le rugbyman écossais Euan Murray n’a pas souhaité travailler le dimanche, jour consacré à sa foi religieuse. Il a déclaré forfait pour le match d’ouverture du Tournoi des six nations contre la France, le 7 février 2010. Si le public écossais applaudit à ce geste courageux, il n’en a pas moins été relevé que le préjudice sportif et économique, en raison de l’absence d’un titulaire, fut réel. Un autre point de tension apparaît depuis peu, lorsque pour des raisons médicales, un entraineur ne souhaite pas un vrai « ballon d’oxygène » dans un monde marqué par la division. Que retirez-vous de votre expérience originale d’arbitre de football ? C’était l’occasion de faire du sport mais également de me mettre au service du jeu et de ses acteurs. J’y retrouve l’attitude fondamentale du prêtre, à l’image du Christ, qui ne s’arrête pas à des actes, des gestes techniques, mais accède au cœur. L’arbitre guide, oriente, corrige, sanctionne, mais surtout sélectionner des joueurs pratiquant le jeûne, en particulier celui du ramadan. Enfin, à l’issue de la dernière Coupe des confédérations, la Fédération internationale de football (FIFA) a émis un sévère avertissement à l’équipe du Brésil au sujet de l’expression religieuse dans les stades, manifestée par des teeshirts « I belong to Jesus », et des prières de louange au milieu du terrain. Depuis, sur les forums de discussion, chrétiens et musulmans se retrouvent unis pour défendre la libre expression de la foi, au cœur de la performance sportive. Ces points de tension ne révèlent-ils pas davantage que désormais, le sport, à travers son rayonnement universel, devient lui-même une religion ? Par la « liturgie » de ses compétitions, la dramaturgie de ses enjeux et les exploits médiatisés de ses apôtres, le sport, dans sa version business médiatique, aspire indéniablement à combler la soif de transcendance de l’homme. a Arnaud Bouthéon Trois questions à Mgr Lebrun « La coupe ? Un ballon d’oxygène ! » Monseigneur Dominique Lebrun est évêque de Saint-Etienne depuis 2006. Passionné de football, ancien arbitre officiel, et ardent supporter des verts de Saint-Etienne, monseigneur Dominique Lebrun évoque sa passion pour le ballon rond. SBI/Icon Sport encourage et donne confiance, dans un élan profondément positif. Le sport peut-il être un espace de visibilité pour l’Église ? La pratique du sport pose des questions fondamentales : la relation à notre corps, l’exercice de la volonté, l’apprentissage et la fécondité de l’amitié, etc. En tant qu’évêque, dans les tribunes du stade mythique de Saint-Étienne, je suis toujours heureux de la variété des rencontres : tous les âges, toutes les catégories sociales. a Propos recueillis par Arnaud Bouthéon |