Journal du Golf n°84 mars 2013
Journal du Golf n°84 mars 2013
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°84 de mars 2013

  • Périodicité : mensuel

  • Editeur : Journal du Golf SAS

  • Format : (260 x 360) mm

  • Nombre de pages : 128

  • Taille du fichier PDF : 37,9 Mo

  • Dans ce numéro :

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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Interview On a l’impression que vous faites une sorte de préparation mentale en nous racontant tout ça. P.H. : Là, je suis en train de vous parler, mais il est évident que je me parle aussi à moi-même. À chaque fois que je parle de golf, ça me sert de rappel. Peut-on parler d’obsession vous concernant ? P.H. : Oui, ça a toujours été le cas. J’ai eu besoin de travailler dur pour m’écarter un peu du golf, et c’est encore le cas aujourd’hui. Je joue tous les jours, je m’entraîne, je vais à la gym, je pense au jeu… J’ai une femme et deux enfants qui me permettent de souffler un peu et d’arrêter de penser à ce qui m’attend. Mais il faut que j’organise ces périodes où je ne pense plus au golf. Si je me laisse aller, j’y pense 24 heures sur 24 et sept jours par semaine. Par exemple ? P.H. : Quand je regarde un film, je pense au golf dès qu’il y a une coupure publicitaire. Ou si je suis avec des amis et qu’ils vont préparer le thé et les biscuits, hop, je me mets à penser au golf. Je ne suis pas le gars le plus sociable du monde le soir. Mais c’est une discipline à avoir. Par exemple : pourquoi j’ai une carrière plutôt pas mal aux États-Unis comparé à d’autres joueurs européens ? Parce que j’ai un ami avec moi quand je suis là-bas. Il fait le caddie pour moi, certes, mais c’est surtout mon meilleur ami. Tous les deux, on a décidé que la journée de travail se terminait à 18 heures. Est-ce qu’ensuite on va rester chacun dans notre chambre à ruminer ? Aucune chance. On met le nez dehors. Et la raison pour laquelle pas mal de joueurs européens se sont plantés aux États-Unis est là : ils ne connaissent pas grand monde, restent dans leur chambre et commandent un room service, puis ils regardent les murs et se mettent à penser à leur golf. Ce n’est pas vraiment le bon style de vie. Avec mon ami, on va dîner, on voit des gens, bref on fait n’importe quoi sauf rester dans notre chambre. Ça nous aide à ne pas devenir fous. Je dis même que rester dans sa chambre, c’est la pire chose qu’un golfeur professionnel puisse faire. Il commence à penser aux putts qu’il a manqués, et tout le reste… La chambre d’hôtel, c’est un endroit bien trop isolé. Il y a des moments où vous avez failli devenir fou ? P.H. : Je dirais que j’ai plutôt un bon équilibre de vie, mais que je dois le surveiller. Plein de gens peuvent penser que je suis quelqu’un d’obsessionnel, mais je ne dirais pas ça. Je dois vraiment faire attention, parce que c’est très facile de basculer du mauvais côté. Je suis conscient que ce n’est pas bon de penser au golf tout le temps. J’aime encore ce jeu, j’aime penser à ce jeu, et j’aime me lever le matin pour aller jouer à ce jeu. Je ne suis absolument pas cramé. Ça n’a pas trop d’incidence sur votre vie privée ? P.H. : Non, ma femme voyage avec moi sur quinze tournois, les enfants sur douze, et j’en joue une trentaine dans l’année. Mes enfants sont allés dans le monde entier, c’est plutôt cool pour eux. Et le surnom de ma femme, c’est Ceefax. Vous savez ce qu’on appelle Ceefax ? C’était le service de télétexte sur la BBC. Ma femme est surnommée ainsi parce qu’elle sait tout, absolument tout ce qui se rapporte au golf. Parfois, des joueurs lui demandent où il faut aller jouer pour améliorer plus facilement son classement mondial… C’est un peu comme une équipe, chez moi. Mais quand vous scorez 78 et que vous rentrez chez vous, ce n’est pas trop sinistre ? P.H. : Ma femme est plutôt douée quand il s’agit de me botter les fesses pour me dire : « Hé, ressaisis-toi ! » Mon père était comme ça, lui aussi, quand j’étais plus jeune (il est décédé en 2005). J’allais le voir et je lui disais : « J’arrive pas à croire que j’ai eu ce mauvais rebond ! », ou « Ah là là, pauvre de moi ! » Et lui m’écoutait et savait remettre les choses en perspective. Il disait : « Allez, il y aura des jours meilleurs… », ou « ça ne va pas si mal », ou « ne sois pas trop dur avec toi-même » … Maintenant, c’est ma femme qui fait ce boulot, et c’est très important. Chaque jour, j’ai besoin de parler de ma journée de golf pendant 15 ou 20 minutes à quelqu’un, pour débriefer. Et je peux le faire avec elle. Ça m’enlève un bon poids des épaules, à chaque fois. Je connais des joueurs qui ramènent leurs problèmes chez eux parce qu’ils n’ont personne à qui en parler. Ça fait 23 ans que je la connais et je m’estime très chanceux. Vous avez déclaré en début d’année : « Mes 13 premières années professionnelles, je les ai vécues dans la peur. » Pouvez-vous développer ? P.H. : Je ne suis pas passé professionnel parce que je m’estimais assez bon pour ça, mais simplement parce que j’étais plus fort que les autres joueurs amateurs. Mon but, au début, c’était d’être un « journeyman » (joueur moyen qui garde sa carte bon an mal an) pour payer mes dépenses et mes emprunts. Jouer dix, quinze ans sur le Tour, finir chaque année entre la 50e et la 70e place… Hey ! C’est une forme de succès non ? Puis j’ai démarré assez fort, avec quelques bonnes semaines et une victoire dès ma onzième semaine de compétition. Et là, c’est comme si on m’avait mis des œillères, et j’ai foncé. Et il m’a fallu deux ans avant de souffler et pouvoir dire : « Bon, ça, c’est mon monde. » Deux ans à simplement ne pas arriver à croire en ma chance d’être ici, vraiment. Et ensuite, chaque hiver de ces treize premières années, je me demandais : « Est-ce que ça va encore le faire cette année ? » Puis au bout de ces treize ans, je me suis senti capable de comprendre pourquoi certains avaient du succès, et je me suis senti capable de me reconnaître certaines qualités. Mais pas avant. 26
journaldugolf.fr mars 2013 Ça vous ennuie si on découpe votre carrière en trois périodes, du genre : une seule victoire entre 1995 et 2000, puis vos 14 succès sur le Tour entre 2000 et 2008, et plus rien depuis ? P.H. : Vous devriez regarder ma carrière chez les amateurs, ça vous éclairerait. Les 18 derniers mois, en Irlande, je n’ai pas perdu une seule fois en stroke-play sur 36 trous ou plus. Pas une fois. Mais auparavant, j’avais passé deux ans et demi avec 24 top 4, et une seule victoire. La première période, quoi que je puisse faire, je ne gagnais pas. Soit je manquais de chance, soit un gars réalisait un exploit, soit il y avait un truc… La deuxième période, c’était l’inverse : quoi que je puisse faire, je finissais par gagner. Et c’est pareil chez les pros. Il y a des périodes où je peux faire n’importe quoi, tout fonctionne. Et d’autres où même si je joue bien, je n’ai aucune chance de gagner. Et je connais assez mon golf pour pouvoir dire : mon tour viendra à nouveau. La difficulté en golf, ce n’est pas de savoir, mais de savoir appliquer. C’est tellement facile de prétendre qu’on n’a pas de chance… Vous n’avez plus gagné depuis l’USPGA 2008, en dehors de l’Open de Malaisie 2010 et du PGA Grand Slam 2012. P.H. : Même si je ne gagne pas en ce moment, je regarde les autres gagner, et je vois ceci : la période dorée d’un golfeur dure en général 18 mois. Ce momentum, avec la confiance, la réussite… Et puis ça s’en va. Mais si vous êtes assez bon pour avoir connu ce moment-là, vous pouvez vite revenir au sommet. Tiger, par exemple, a gagné plusieurs fois avec son « jeu de rechange », il l’a luimême reconnu, notamment en 2007. Parfois, il gagnait aussi en jouant au top, et dans le regard des gens, ça ne changeait pas grand-chose puisqu’il gagnait. Mais pour lui, la différence était énorme, et il s’imposait avec beaucoup plus de confort au meilleur de sa forme. On ne peut pas toujours être au top. On a nos pics de forme, et nos creux. La différence est-elle si gigantesque entre une saison avec victoire et une saison sans ? P.H. : C’est un cliché, je le sais, mais en tant que joueur professionnel, vous devez vous concentrer sur votre méthode et vous êtes jugé sur vos résultats. Mais il nous faut des résultats pour… (il réfléchit), comme pour justifier ce qu’on fait. On essaie tous d’oublier un peu ce côté victoire ou pas, mais ce n’est pas si simple. Là, ça va plutôt bien, même si je ne gagne pas. Et je sais qu’à ma prochaine victoire, je serai davantage au centre des attentions, que certaines personnes diront « ça y est, il est de retour ! » J’ai terminé 4e en Afrique du Sud en début de saison, et j’ai entendu « il est de retour ». Tu parles d’une affaire… (rires) Ça n’a pas grande importance pour moi de finir 4e. Bien sûr que ça me fait plaisir. Mais si je gagne, il y aura beaucoup plus de battage autour. J’ai clairement besoin d’une victoire, aucun doute là-dessus. Vous avez très souvent terminé 2e au cours de votre carrière, et… P.H. : (Il coupe) La deuxième place est douloureuse. Parfois, vous jouez bien, vous terminez 2e à quatre coups d’un gars qui a vraiment été excellent. Mais se battre et finalement terminer 2e, ça fait mal. Après, il y a deux options. Pour certains, c’est trop douloureux, ils détestent tellement ça que ça leur reste dans un coin de la tête et ils se disent : « Je ne veux plus jamais vivre ça ! » Et dès qu’ils se retrouvent à nouveau à la bagarre pour la gagne, ils finissent par décrocher. Et sans vraiment en être conscients : ils ne savent pas qu’ils décrochent ! Mais ils finissent 5e, 6e, ou 8e, et des gens vont les féliciter au practice en leur disant : « Hey ! Bien joué, joli tournoi… » Et puis ? P.H. : Et puis il y a ceux qui s’assoient, réfléchissent et se demandent : « Pourquoi est-ce que j’ai fini 2e ? » J’en sais quelque chose, j’ai terminé 29 fois 2e dans ma carrière, sans compter ma carrière amateur … Ces deuxièmes places sont toutes différentes. J’ai parfois perdu parce que je pensais avoir gagné et que je me suis trop détendu. J’ai aussi perdu quelques Majeurs parce que j’ai surestimé mes concurrents. Je pensais qu’ils allaient faire des birdies en fin de parcours, et en fait non. Et après coup, je m’asseyais et je me disais : « Mais non, ils ne les ont pas faits, je n’arrive pas à le croire, il suffisait d’attendre que l’un ou l’autre fasse un bogey ! » » > 27



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