54 Jeunes C’est beau le golf Journal du Golf : D’où vous est venue cette idée d’un tournoi pour les enfants ? Sandrine Mendiburu : Cela vient d’une expérience personnelle avec mon fils. Il a commencé à jouer des compétitions pour jeunes. En discutant avec des parents, on s’est dit qu’il y avait assez peu de choses faites pour ces enfants motivés et très doués pour certains d’entre eux. L’idée est de leur offrir une occasion supplémentaire de jouer et de s’amuser car, à cet âge-là, ils vont l’année à l’école de golf et, à part la compétition de fin d’année, il n’y a pas grand-chose d’autre. Désormais, il existe dans ce créneau deux compétitions : la Haribo Kids Cup et le Tour Elite Junior. Comment est organisée la compétition ? S. M. : Cette année, il y avait dix tournois de qualifications, pour environ 900 joueurs. On en a qualifié un petit peu plus de 120 pour la finale et on a gardé un quota d’une trentaine de places pour des enfants qui ne pouvaient pas être présents aux qualifs’. Une sorte de système de wild card comme chez les pros. Donc on s’est retrouvé à 151 participants à la finale avec des handicaps allant de 40 à 2,4. Cette année, dans la catégorie 11/12 ans, on avait sept des huit quarts de finalistes des Championnats de France, les meilleurs joueurs français de la catégorie. Au-delà de la fête, on a aussi la qualité en termes de jeu. Dans quel état d’esprit les enfants sont-ils ? S. M. : Certains sont là pour passer un bon moment et essayer de faire un bon résultat, d’autres sont vraiment là pour gagner et se tirent la bourre. Mais cela reste une fête. Ils ont entre sept et douze ans, ça reste des gamins. Ils courent partout, font des concours. Et puis, ils n’ont pas perdu de vue qu’il y avait des bonbons… À l’image des pros, les meilleurs gagnent-ils quelque chose ? S. M. : Oui, sans doute un petit peu trop, d’ailleurs. Il y a des jeux vidéo, des consoles de jeu, des vêtements. Il y a plein de cadeaux et c’est à nous de faire attention aux débordements. Il arrive que des enfants jouent très bien et ne sachent pas compter. Une fois, j’en ai vu un de cinq ans avec un swing à croquer, il tapait super bien la balle. Je lui donne sa carte et il me dit : « Mais Madame, je sais pas compter. » Il faut que cela reste bien encadré. Propos recueillis par Sébastien Cachard-Berger - Photos DR Le 15 septembre dernier se disputait la Haribo Kids Cup. Pour cette troisième édition, plus de 150 enfants de sept à douze ans étaient réunis sur le parcours de l’Evian Masters. Un succès pour l’ancienne numéro 1 française Sandrine Mendiburu, fondatrice du tournoi junior. Avez-vous repéré des talents prometteurs ? S. M. : Certains ont de grosses aptitudes. Après, être très doué, avoir un joli swing à neuf, dix ans, c’est une chose, mais être en équipe de France à seize ans, c’en est une autre. Il y a les aptitudes au départ et puis les rencontres qu’on peut faire dans la vie, avec un pro qui peut vous emmener à ce niveau et quelqu’un d’autre qui n’aura peut-être pas les compétences. Il peut se passer plein de choses, mais des jeunes doués, il en existe autant en France que dans les autres pays, c’est certain. Le parcours est adapté selon les âges. S. M. : La Haribo Kids Cup est un événement Evian Masters Organisation, qui se dispute sur le parcours de l’Evian Masters. Les distances dépendent des âges : 5 000 mètres pour les 12 ans, 4 500 pour les 11 ans, etc. Le parcours d’Évian est en travaux, mais dans le nouveau on va recréer ces départs avec une carte de scores spécifique aux juniors. Quelle est l’implication d’Haribo dans cet événement ? S. M. : À l’origine, ils n’étaient pas du tout dans le golf. C’est moi qui suis allée les démarcher car je voulais m’inscrire dans un univers d’enfants, et puis je voulais que le golf sorte un petit peu de son ghetto. Et faire ça avec des marques, des repères qu’ils ont eux dans la vie. Haribo m’a expliqué qu’ils faisaient des choses beaucoup plus populaires : Tour de France, clubs de plage… Ils ont trouvé l’idée bonne. Le golf en tant que jeu les intéressait et ils m’ont dit oui. Et là, on a ensemble des projets pour les prochaines années pour faire de choses avec les écoles, initier des jeunes non golfeurs. Quel bilan dresseriez-vous après trois ans d’Haribo Kids Cup ? S. M. : Il faut qu’on continue ! Haribo a d’ailleurs donné son feu vert pour continuer. Il y a encore des choses à développer. Il faudrait ouvrir un petit peu les esprits car le golf est encore souvent perçu comme un sport un petit peu élitiste, malheureusement. Je pense qu’une démocratisation passe par les enfants. Je trouverais cela très intéressant d’aborder des écoles, des centres de loisirs et de les amener à jouer. Je n’ai pas les moyens de faire venir 3 000 enfants, mais à mon échelle j’aimerais bien qu’avec Haribo nous offrions une licence à une vingtaine d’enfants pour une année. C’est un autre challenge que j’ai envie de relever. |