Journal du Golf n°82 novembre 2012
Journal du Golf n°82 novembre 2012
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°82 de novembre 2012

  • Périodicité : mensuel

  • Editeur : Journal du Golf SAS

  • Format : (260 x 360) mm

  • Nombre de pages : 80

  • Taille du fichier PDF : 27,6 Mo

  • Dans ce numéro : tout sur la Ryder Cup.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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20 on a réussi à renverser le cours des choses et à faire de cette Ryder la meilleure de l’histoire Ryder Cup ‘‘
C’est une vidéo qui remonte à septembre 2008. On y voit Ian Poulter, choix tout frais du capitaine Nick Faldo pour la Ryder qui se dispute à Valhalla (États- Unis), répondre à une question sur son apport réel à l’équipe. Il assure : « I will deliver points ! » (« Je vais rapporter des points ! ») Relancé sur la difficulté de cette mission, il répète alors, comme un mantra : « I will deliver ! » À ce moment-là, l’intensité de son regard et la certitude qui s’en dégage sont bluffants. Limite flippant même, tant il semble ignorer le doute. Car s’il est à la portée de tout le monde de jouer les fiers-à-bras, ils sont au final peu nombreux à pouvoir assurer sur commande. Pourtant, Ian Poulter est sous très grande pression. Suspecté d’être un choix incohérent de Faldo, accusé lui-même de privilégier leur relation d’amitié à la logique sportive, le joueur anglais sait qu’il n’a aucun droit à l’erreur. Mais après un premier double perdu de la plus stupide des façons avec Justin Rose, Ian Poulter va ensuite ramener trois points. Avec, déjà, ces poings serrés et ces yeux exorbités à chaque putt rentré. Pour sa deuxième participation (après 2004), il s’impose immédiatement comme le véritable moteur bleu. La suite de l’histoire ne viendra pas contredire cette position. Impeccable en 2010 (voir encadré), il a été un peu plus que l’homme clé de la toute dernière édition. La liste des coups essentiels qu’il a délivrés à Medinah est longue comme un shaft de belly putter, mais on peut néanmoins isoler un moment particulier. Le samedi après-midi, alors que l’Europe est menée 10-4, il est en scène avec Rory McIlroy contre Dufner-Z. Johnson en quatre balles, et aligne cinq birdies du 14 au 18 pour ramener un point fondamental. Car l’Europe revient finalement à 6-10 en cette fin de deuxième journée, gardant ainsi une maigre chance de renverser le cours des choses. Et si les discours de victoire se sont ensuite dissolus dans l’esprit d’équipe et la force collective, c’est bien ici que le formidable dimanche européen a pris corps. Ian Poulter avait-il des doutes au moment d’enquiller ces kilomètres de putts ? « Non. J’avais tous mes coéquipiers derrière moi, et je n’allais pas rater ces putts pour eux, n’est-ce pas ? » Puis, un peu moins cabotin, il a parlé de son amour pour l’épreuve : « La Ryder Cup a une importance énorme pour nous tous, et je l’aime, tout simplement. J’adore ce combat, où vous avez parfois besoin de fixer votre adversaire droit dans les yeux. Je suis dur à jouer en match-play. Je sais que j’ai une cible dans le dos depuis pas mal de temps, mais ça ne me gêne pas. Si les gars veulent me battre, c’est OK. Je veux moi aussi les battre, tout aussi intensément, et je ne vais certainement pas me dégonfler. J’y vais à bloc, c’est aussi simple que cela. » On paierait cher pour assister à un discours de Ian Poulter dans le « locker room » européen. Mais un vestiaire de Ryder Cup, c’est un peu comme à Las Vegas : ce qu’il se passe dedans doit rester dedans, et on n’a finalement guère de détails sur les grands moments de fraternité et de motivation façon rugby qui s’y déroulent. Sinon ce que les principaux intéressés veulent bien raconter. Ainsi cette anecdote rapportée par José Maria Olazabal lui-même : « C’était au Celtic Manor en 2010, le lundi matin avant les simples. J’attendais chaque joueur à la sortie du vestiaire pour leur glisser un mot d’encouragement. J’ai parlé à Francesco Molinari, à Miguel Angel Jimenez, et je les ai pris dans mes bras. J’avais l’intention d’en faire autant avec Ian, mais j’ai vu qu’il avait cette expression dans les yeux. Du coup, je lui ai juste dit : « C’est bon, tu es prêt, tu peux y aller. » Et il m’a répondu : « Oui, et je te jure que je ramène un point. » Voilà, c’est Ian Poulter à la Ryder Cup… » Poulter qui explose Matt Kuchar 5 et 4 ce jour-là… Pas la peine de s’interroger bien longtemps sur le processus qui a amené Ian Poulter à avoir cet état d’esprit. On trouve les toutes premières traces dans son éducation. Son père, Terry : « Je ne l’ai jamais laissé me battre à quoi que ce soit. S’il voulait gagner, il devait s’arracher. Sa rage vient de là. La première fois qu’il m’a battu au golf, il devait avoir 10 ou 11 ans. Et il m’a regardé exactement comme il le fait après un putt rentré en Ryder Cup… » Il faut ensuite savoir que « Poults » a toujours montré un grand intérêt pour les sports collectifs. Avec notamment une culture football évidente pour ce fan ultime d’Arsenal : « Je veux être celui qui contribue au truc. Au foot, je voulais toujours être celui qui marquait le but. Celui qui en faisait suffisamment pour faire la différence. Je suis un joueur d’équipes. » Le football l’a d’ailleurs construit plus qu’on ne l’imagine. Deux fois, à 14 ans, il a essayé d’intégrer le centre de formation de Tottenham. Deux fois recalé, il en a gardé bien plus qu’une amertume : la rage de donner tort à ceux qui l’ont condamné sans appel. « Chaque fois qu’on me dit que je ne suis pas assez bon, ça agit comme une motivation. On a refusé de m’accepter à un certain nombre d’activités, que ce soit à l’école ou au football. Et ça m’a vraiment donné de l’énergie. » Ian Poulter excelle dans le match-play aussi parce qu’il sait que chaque détail peut prendre des proportions gigantesques. Et qu’il faut donc tous les anticiper, voire les provoquer. Ainsi avait-il réfléchi au samedi matin dès le vendredi soir… Aligné avec Justin Rose en foursomes pour défier la paire Watson-Simpson, il savait que Bubba allait encore en appeler au public, à le faire hurler avant de taper son tee-shot. Vu qu’il jouait en premier, Poulter a donc décidé d’en faire autant en appelant le public européen à manifester. Et peu importe le résultat derrière (drive dans le bunker), l’essentiel était de casser au maximum un éventuel avantage psychologique adverse : « J’ai dit le vendredi soir aux gars : « Ne vous inquiétez pas pour demain matin, j’aurai moi aussi droit à mes deux minutes de folie. » Je savais que Bubba allait le faire, alors je devais le faire avant lui. Jamais je ne me suis inquiété des sifflets éventuels des supporters américains. Que ça me perturbe au moment de la frappe ? Mais jamais ça ne m’a traversé l’esprit ! » Pas complètement fou, Ian Poulter sait bien que cette victoire tient un peu du miracle. « C’est une sorte de conte de fées. Peut-on vraiment croire ce qui s’est passé sur le parcours ? On était morts et enterrés. À un moment, le samedi, on a cru qu’on allait se faire humilier. Mais on a réussi à renverser le cours des choses et à faire de cette Ryder la meilleure de l’histoire. C’est incroyable. » Génie de Ryder Cup pour l’éternité, Ian Poulter doit maintenant répondre à cette interrogation : peut-il aussi le faire dans un tournoi du Grand Chelem ? De son propre aveu, l’état d’esprit qu’il manifeste avec ses copains européens est difficile à exporter pendant quatre jours et 72 trous. « C’est même impossible. J’ai essayé, mais c’est trop épuisant. Impossible… » Il essaiera encore, pourtant, en s’appuyant sur son incroyable confiance en lui : « Je ne suis peut-être pas né avec autant de talent que d’autres, mais j’ai un cœur gros comme ça. Et j’ai une confiance en moi comme personne n’en a jamais eu. Et je sais que je peux taper le bon coup au bon moment. » De toute façon, quand on a passé sa jeunesse à vendre des barres chocolatées dans un pro-shop, quand on est passé pro avec un index de 4 et qu’on a commencé à sillonner les routes avec une voiture d’occase toute rouillée, tout ce qui arrive ensuite est bonus. La vie sportive de Ian Poulter est déjà une réussite, quoi qu’il arrive désormais, et il le sait : « La Ryder Cup, c’est peut-être mon Majeur… Si je n’en gagne pas un, ce n’est pas un problème, je suis heureux comme ça. J’ai beaucoup plus de fierté et de passion à donner à la Ryder Cup plutôt qu’à des tournois du Grand Chelem. Ne vous méprenez pas : je voudrais en gagner un, je voudrais tous les gagner, bien sûr. Je m’en suis déjà approché et, qui sait, cette Ryder sera peut-être le petit facteur qui va me permettre d’y arriver. Mais peu importe si je ne gagne plus jamais de tournoi. Ce que José Maria Olazabal m’a dit juste après la victoire restera en moi à jamais. C’était magique. Ça a plus de signification que n’importe quoi d’autre. » Bilan en Ryder Cup 2004 (Oakland Hills, États-Unis). Europe bat EU 18,5 à 9,5. Qualifiée directement Woods-Riley battent Clarke-Poulter 4 et 3 (foursomes) Ian Poulter bat Chris Riley 3 et 2 2008 (Valhalla, États-Unis). EU battent Europe 16,5 à 11,5. Choix du capitaine Nick Faldo Cink-Campbell battent Poulter-Rose 1up (foursomes) Poulter-Rose battent Stricker-Curtis 4 et 2 (quatre balles) Poulter-Rose battent Cink-Campbell 4 et 3 (foursomes) Poulter-McDowell battent Perry-Furyk 1up (quatre balles) Ian Poulter bat SteveStricker 3 et 2 2010 (Celtic Manor, pays de Galles). Europe bat EU 14,5 à 13,5 Qualifiée directement Woods-Stricker battent Poulter-Fisher 2up (quatre balles) Poulter-Donald battent Watson-Overton 2 et 1 (foursomes) Poulter-Kaymer battent Mickelson-Fowler 2 et 1 (quatre balles) Ian Poulter bat Matt Kuchar 5 et 4 2012 (Medinah, États-Unis). Europe bat EU 14,5 à 13,5. Invité par le capitaine José Maria Olazabal Poulter-Rose battent Stricker-Woods 2 et 1 (foursomes) Poulter-Rose battent Watson-Simpson 1up (foursomes) Poulter-McIlroy battent Dufner-Johnson 1up (quatre balles) Ian Poulter bat Webb Simpson 2up Bilan total : 12 victoires, 3 défaites journaldugolf.fr novembre 2012 21



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