74 Zoom sur Texte et photos de PAUL MAHÉ Redoux en Anjou Créé par un personnage haut en couleur, le golf d’Anjou a longtemps vécu sur ses acquis avant de commencer à retrouver des couleurs depuis peu. Pour mieux vous permettre de profiter de la douceur angevine… Mais qu’est venu faire dans le golf Roland Paulze d’Ivoy de la Poype ? Celui que l’on surnomme également « le Marquis » est un des plus fameux pilotes de chasse français de la Seconde Guerre mondiale. Il fut notamment décoré par Staline du titre de Héros de l’Union soviétique, plus haute distinction de l’Armée rouge. Est-ce dû à son passage en Grande-Bretagne, qu’il a ralliée déguisé en fantassin polonais et où il a servi dans un escadron britannique, le « City of Glasgow » ? L’influence de sa première femme, qui était anglaise ? « Non, il ne joue même pas au golf », assure le nouveau directeur, Stéphane Guguen, qui pratique le propriétaire depuis longtemps. « Il a créé le golf avec des copains. » C’est plutôt l’exemple de son père, ingénieur agronome et colonel de réserve, qui n’aurait pas voulu qu’il devienne un nobliau oisif et arrogant. Maire de la ville de Champigné, commune dont son père était originaire, située à une vingtaine de kilomètres au nord d’Angers, ce touche-à-tout y transforme une ferme en golf avec le concours de Frederic Hawtree, autre engagé volontaire. Un peu de douceur dans un monde de brutes L’Anglais a dessiné 80 parcours comme ceux de Saint-Nom-la-Bretèche, Le Prieuré et Domont, et en a redessiné 400 comme ceux du Royal Birkdale et de Lahinch lors de sa carrière. Hawtree a signé à Angers dans un domaine d’une centaine d’hectares un compact de 6 trous et un 18 trous qui fait la part belle aux paysages ligériens, leur végétation et leurs étangs. Mais rassurez-vous : l’eau n’entre pas trop en jeu et, même si quelques vieux chênes empiètent parfois sur les fairways (comme au 2 et au 13), ceux-ci sont relativement larges et plutôt rectilignes. Surtout à l’aller, qui permet de commencer en douceur, et à l’exception du 10 et du 11 par exemple, des doglegs prononcés aux virages bien protégés. Et surtout du 13 notamment, qui se défend bien : il faut y envoyer un drive suffisamment bien placé entre le plan d’eau et les arbres, et suffisamment long pour pouvoir ensuite jouer un club permettant de survoler les grands arbres qui protègent l’accès au green. Mais encore une fois, le parcours est accessible aux joueurs de tous niveaux, propice à d’agréables moments. Y compris des greens particulièrement bien entretenus sur un terrain bien drainé permettant de profiter toute l’année du climat tempéré, qui fait partie de ce que regrettait Joachim du Bellay quand il était en mission diplomatique à Rome. Car si le sonnet XXXI du recueil Les Regrets commence sur une note positive – « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage » –, le poète y manifeste rapidement son envie de revenir dans son « petit village », sa « pauvre maison ». La fin est une apologie de la région : « Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine ; Plus mon Loire Gaulois, que le Tibre Latin ; Plus mon petit Lyré, que le mont Palatin ; Et plus que l’air marin la douceur Angevine. » |