Les accessoires Lionel. C’est sans doute à ce niveau que la marque frappe très fort. En face de l’enfant européen, équilibré et docile, qui croise sagement ses bras pour admirer une gare Märklin ou JEP qui n’offre rien d’autre que le seul spectacle de sa beauté immobile et sereine, le « kid » américain, lui, veut qu’il y ait du mouvement, du spectacle, de l’animation et des choses à faire, bref de quoi dégorger son excès de vitamines et défouler son excès d’éducation… Et chez Lionel, le moindre accessoire envahit l’espace sonore avec des sonneries, des sirènes, des bruitages, et demande beaucoup de courant électrique et de branchements complexes pour faire des tas de choses ou exiger qu’on les fasse. Qu’une lampe ou un bâtiment s’éclaire est la moindre des choses, 12 - Trains et accessoires - Jouets de collection nº 18 mais les tunnels doivent être éclairés aussi (des fois qu’ils seraient mal fréquentés par des Indiens sournoisement tapis dans la pénombre) et les passages à niveau doivent déverser des orgies de feux multicolores, de « flash lights » (dans le texte du catalogue Lionel), de sonneries de cloches, tandis que les barrières se baissent automatiquement, mais sur ce dernier point, on y est arrivés en Europe, même chez JEP. Les installations de chargement et de déchargement de troncs d’arbre ou de charbon, automatiques à souhait, disputent la vedette, sur le catalogue de 1939 par exemple, au pont basculant à télécommande électrique qui, comme dans la réalité, permet la traversée des canaux par des voies ferrées peu audessus du niveau des eaux : la ville de Chicago (une Venise américaine sans Ci-dessus : Au sein des accessoires spectaculaires, le East River Bridge de New-York, surnommé « la porte de l’enfer » par ceux qui n’apprécient pas son architecture, a été reproduit pour l’écartement « standard », et les autres, avant la Seconde Guerre mondiale. La longueur est de 73 cm, quand même… Mais, apparemment, cet accessoire ne siffle pas, ne clignote pas, ne fait rien d’autre que d’étaler sa monumentalité. les gondoliers mais avec Al Capone) est remplie de ces ponts car la ville est un grand port avec de nombreux bassins et canaux, et Lionel se devait de les offrir en réduction aux « boys » qui en rêvaient. C’est une Amérique en mouvement et qui considère, pragmatisme moral oblige, que l’accessoire, même chez Lionel, c’est l’essentiel. |