DOSSIER L’'ucatin -nanci(re peut eaucupieu% aire Les Français sont des fourmis. Ou plutôt des écureuils. Certes, ils épargnent ; beaucoup même. Mais de façon plutôt inefficace. La faute à un manque d’éducation financière ? Peut-être mais pas seulement. Ce qui est certain, c’est que ce déficit, longtemps évoqué pour être déploré, s’impose enfin dans les esprits. <10> Novembre 2019 - N°66 - INFORM@CTIONS Dossier réalisé par Aldo ic1rani « P ar confort intellectuel ou hypocrisie les pouvoirs publics et les intermédiaires financiers se satisfont du niveau de compréhension de la majorité de nos concitoyens à l’égard de l’environnement financier et notamment de l’épargne », écrivait Claude Vallon, président de la FNACI 1 en janvier 1995. Et d’ajouter  : « Or, la preuve du sous-développement culturel des Français dans ce domaine vient à plusieurs reprises de nous être administrée. » Un constat sans appel, terriblement d’actualité 25 ans plus tard. Selon une étude récente de la Banque de France, près de huit Français sur dix estiment avoir un niveau de connaissance moyen ou faible sur les questions financières. Près de 60% des personnes interrogées ne maîtrisent pas l’effet de l’inflation sur leur pouvoir d’achat ou le calcul d’un intérêt sur un placement ; 51% ignorent la définition d’un crédit renouvelable. C’est dire si la stratégie nationale d’éducation économique, budgétaire et financière, mise en place en 2016 par les pouvoirs publics est encore loin d’avoir porté ses fruits. "ne épargne pléthorique L’épargne financière des Français est abondante et 92% des ménages déclarent détenir au moins un produit d’épargne financière mais seuls 11 millions Structure du patrimoine financier des ménages en rance Assurance-vie euros 1 621Mds € 40,5% Source  : an%ue de France - ors actions non cotées et autres participations. au ème trimestre En miliards d’euros et répartition en% Actions cotées 285,6 Mds € OPC Actions Assurance-vie en UC 107,7 Mds € 322,5 Mds € , 1% 2,%, 1% Numéraire et dépôts à vue 550,4 Mds € 13,1% 4002 Mds € 3,1% 24,% Obligations et OPC Obligations 123,2 Mds € Dépôts bancaires rémunérés 992,1 Mds € de résidents détiennent des valeurs mobilières dont 3 millions directement des actions. L’influence des particuliers dans le capital de nos entreprises est en chute libre (moins de 9% contre 13% en 2000 et plus de 30% en 1990). Et l’on assiste à une poussée sensible de la pénétration étrangère dans le capital des sociétés cotées (43% en 2017 contre 38% fin 2002). Cette épargne – qui s’élevait à près de 4 120 milliards (voir page 4) au premier trimestre 2019 - est clairement mal orientée vers les placements liquides peu rémunérés au détriment des actions, beaucoup plus utiles au développement économique et à l’épargne. Beaucoup plus utiles et beaucoup plus rentables ! Même les spécialistes de l’immobilier, peu suspects de complaisance vis-àvis des actions – le reconnaissent. « Sur longue période, les actions présentent des niveaux de performances particulièrement robustes, par leur capacité à capter la croissance économique », peut-on lire dans une récente étude de l’Institut d’épargne immobilière et foncière (IEIF). « Ainsi, sur 30 ans, de 1988 à 2018, les actions présentent un TRI 2 de 8,3%, les foncières cotées de 8,5%. Sur 40 ans, de 1978 à 2018, les TRI sont respectivement de 13,7% et de 13,0%. » version culturelle au risque Ces chiffres, confirmés à l’envi par toutes les études et tous les spécialistes, ne parviennent pas à vaincre la méfiance viscérale des Français. Record en Europe, sept sur dix rejettent toute idée d’investissement financier. « Malgré un taux d'épargne très élevé, les Français ont du mal à investir dans les produits financiers car ils estiment que ces derniers ne sont pas adaptés à leur besoin. », estime Ivana Davau, responsable de la distribution en France de BlackRock. Pour Anne Desbiolles, une spécialiste de l'ingénierie patrimoniale et fiscale interrogée par Les Echos, « les actions sont des marchés exigeants et anxiogènes, qui néces-sitent de la part de l'investisseur une réelle appétence. Finalement, peu de clients, même fortunés, réussissent à raisonner vraiment sur le long terme et à conserver des positions, surtout quand ils constatent que leur portefeuille titres a baissé de 20% ! ». Résultat, non seulement le nombre d’actionnaires individuels a été divisé par deux en dix ans mais le taux de détention de sicav et fonds investis en (1) Fédération nationale des clubs d’investissement, ancêtre de la F2iC (2) Taux de rendement interne (ou annuel)