48 Mais qu’est-ce qui se cache derrière l’acronyme NASH ? Issu de l’anglais « nonalcoholic steatohepatitis » pour « stéatohépatite non alcoolique », ce terme regroupe les cas où le foie est chroniquement enflammé et en souffrance. Face à ces agressions répétées, les cellules de l’organe tentent de se réparer, entraînant la formation d’un tissu cicatriciel appelé fibrose. Quand cette dernière se trouve à un stade avancé, les conséquences peuvent se révéler graves. « Plus la NASH est avancée, plus les risques de cirrhose ou de cancer du foie sont élevés, précise le Prof. Darius Moradpour, chef du Service de gastro-entérologie et d’hépatologie du CHUV. La première cause de mortalité chez les patients atteints de ce syndrome est cardiovasculaire. » Véritable fléau aux États-Unis, la maladie pourrait même y devenir la première cause de cirrhose, avant l’alcool. TEXTE : BLANDINE GUIGNIER ILLUSTRATION : OLA JASIONOWSKA POUR IN VIVO LA MALADIE NASH* GAGNE LA SUISSE DEUXIÈME CAUSE DE CIRRHOSE AUX ÉTATS-UNIS, APRÈS L’ALCOOL ET AVANT L’HÉPATITE C CHRONIQUE, CETTE PATHOLOGIE DEVIENT ÉGALEMENT UN PROBLÈME DE SANTÉ PUBLIQUE SUR NOTRE TERRITOIRE. AU POINT QU’UNE FONDATION QUI LUI EST CONSACRÉE VIENT DE VOIR LE JOUR À BERNE. CORPORE SANO Environ un quart des habitants de l’Union européenne souffrirait d’une accumulation de graisse dans leur foie, selon l’European Association for the Study of the Liver (EASL). En cause : l’obésité, le syndrome métabolique qui se manifeste par une combinaison de symptômes comme l’embonpoint abdominal, l’hypertension, le mauvais cholestérol, une glycémie élevée, etc. Les aliments transformés par une industrie en quête d’additifs bon marché et les boissons aux taux élevés de sucres ajoutés constituent les autres grands responsables de cette affection. Il convient néanmoins de rappeler qu’un foie gras ou « stéatosique », qu’on nomme ainsi dès que la masse de graisse dépasse les 5% dans le foie, n’évolue pas forcément vers une NASH. « Cela survient dans 5 à 20% des cas et ne concerne donc que 1 à 6% de la population en Europe », estime le Prof. Darius Moradpour. Bien que la prévalence en Suisse ne soit pas connue pour l’instant, elle devrait être similaire aux estimations européennes. Pour alerter le corps médical et le grand public sur cette affection, le Prof. Jean-François Dufour, de l’Université de Berne, vient donc de créer, avec d’autres partenaires, la première fondation helvétique sur le sujet, baptisée « Swiss NASH Foundation ». Selon Darius Moradpour, une meilleure hygiène de vie peut freiner l’évolution de la NASH. * Acronyme pour « nonalcoholic steatohepatitis » (« stéatohépatite non alcoolique » en français) ERIC DÉROZE |