32 – Le grand papier ▶ ▶ reçoit finissent toujours par s’autodétruire dans les cinq secondes, tous les épisodes de la saga Mission : Impossible ressemblent à des reboot du précédent, ils se suivent sans jamais se ressembler. Comme si l’opus d’avant s’était lui-même auto-détruit au moment où l’on entrait dans la salle. Bien sûr Ving Rhames et/ou Simon Pegg reviennent pirater des ordinateurs impiratables à chaque fois que c’est nécessaire, mais c’est à peu près le seul lien (hors Cruise et musique de Lalo Schifrin) qui s’opère entre chaque volet. Au fond Mission : Impossible n’est ni une saga ni une mythologie, c’est un label de qualité. « Tom Cruise vous garantit que vous allez en avoir pour votre argent et il va faire luimême ses cascades sous l’œil d’un grand réal » : voilà pour la promesse. Respectée à chaque épisode, de surcroît. On est professionnel où on ne l’est pas. À l’époque où il a été engagé pour réaliser Rogue Nation, le cinquième épisode, ETHAN HUNT VS. THOMAS COOK L’ESPRIT MISSION : IMPOSSIBLE, C’EST AVANT TOUT L’EXOTISME. RETOUR SUR LA SAGA EN SIX DESTINATIONS INCONTOUR- NABLES. « Mission : Impossible » (1996) Le guide : Brian De Palma Le site touristique : Le bien nommé Akvarium de Prague, restaurants de fruits de mer qu’Ethan Hunt inonde en faisant exploser les bassins des crustacés. L’esprit local : La froideur de l’Est rappelle l’ère communiste, la paranoïa qui va avec, et les bons vieux thrillersrs psychologiques dont De Palma est l’héritier. Ajoutez à cela son goût pour le raffinement européen (qui s’étend jusqu’au tunnel sous la Manche), et vous êtes sûr d’avoir trouvé l’excursion culturelle parfaite. Christopher McQuarrie n’incarnait pas vraiment la promesse d’une griffe visuelle, contrairement à ses collègues de franchise. Scénariste surdoué (Usual Suspects), réalisateur compétent sous obédience Peckinpah (Way of the Gun), le job lui semblait surtout offert à la suite d’une longue collaboration avec Cruise entamée en 2008 sur le tournage de Walkyrie (suivront Jack Reacher, qu’il réalise, et Edge of Tomorrow, qu’il se contente de co-écrire). Un homme de main donc, peut-être même un homme de paille. Surprise : Rogue Nation était un excellent film, investi et spectaculaire, contenant la meilleure scène d’ouverture (l’avion, donc), la meilleure poursuite (la moto à contre-sens), le meilleur hommage à Hitchcock (la tentative d’assassinat à l’Opéra de Vienne), le meilleur personnage féminin et le meilleur méchant de toute la saga. Un film de (grand) cinéaste, indubitablement. On ne sait pas encore si la reconduction de McQuarrie à la tête de l’épisode suivant, contrecarrant ainsi tous les principes établis « Mission : Impossible II » (2000) Le guide : John Woo Le site touristique : Monument Valley et ses rochers de feu qu’Ethan escalade aussi facilement qu’un caillou dans les bois de Fontainebleau. L’esprit local : Les grands espaces vierges du western, le cagnard de plomb, les routes sinueuses empruntées par les Porsche affolées : un rêve d’Amérique et de vitesse, que seul un non-Ricain comme Woo peut filmer comme il se doit. Embaucher deux fois de suite le même réalisateur, c’est offrir à la saga une continuité qui lui faisait défaut. par le saga, doit s’envisager comme une récompense pour services rendus où s’il suggère que Cruise a désormais d’autres plans en tête pour la suite de sa licence. Embaucher deux fois de suite le même réalisateur c’est offrir à sa saga une continuité qui lui faisait peut-être défaut jusque-là. McQuarrie promet, notamment dans l’interview ci-contre, que ce Fallout sera cepen dant très différent de Rogue Nation. Dans le même temps, quelques indices et quelques voix suggèrent que cet épisode sera celui où l’on fera véritablement connaissance avec Hunt, son entourage et ses affects. Sa femme, Julia, que tout le monde avait complètement oubliée, fera son grand retour, et le fidèle Ving Rhames confie, quant à lui, que ce sera le volet « le plus émouvant, le plus impliqué dans les relations entre les personnages ». Solomon Lane, le vilain du précédent et véritable double maléfique de Hunt, sera également de la partie, laissant penser que la saga vient de trouver son Blofeld (le méchant increvable et iconique des Bond). Autant d’éléments qui laissent penser que la mythologie Mission : Impossible pourrait bien s’enclencher ici et maintenant, consacrant dans son sillage Ethan Hunt en véritable héros de cinéma. L’espion qu’on aimait ? C’est tout ce qu’on souhaite oui. « Mission : Impossible III » (2006) Le guide : J.J. Abrams Le site touristique : Les marchés de Shanghai, traversés en slalomant par notre héros, sans avoir vraiment le temps d’acheter des nouilles épicées. L’esprit local : L’univers urbain et industriel forme un maquis idéal pour se planquer, mais les traques y sont ardues. Parce qu’il aime les néons bleutés, Abrams est parfait pour transformer Shanghai en terrain de jeu futuriste : quand Hunt saute du World Financial Center, on le croirait tombé d’un vaisseau en orbite. |