10 – Décryptage Par Romain Thoral Photo DR – Avoir un bon vilaiiiin Après 18 films et à peu près autant de cartons, le Marvel Cinematic Universe dévoile enfin, dans Avengers : Infinity War, LE grand méchant charismatique et impitoyable que le public n’en pouvait plus d’attendre. Il était temps, non ? On a le droit de trouver tout un tas de qualités aux productions Marvel, et après dix ans d’hégémonie impitoyable dans l’industrie du blockbuster (le premier Iron Man date de 2008) il ne servirait pas à grand chose de vous les énumérer, vous les connaissez par cœur, c’est d’ailleurs pour ça que vous n’en loupez aucune. Impossible, néanmoins, d’extirper de cette mythologie qui ne s’arrête plus de foisonner un seul grand vilain qui pourrait justifier le prix du ticket. Loki, le nemesis du premier Avengers ? Marquant, oui, mais surtout très bouffon, à l’image de cette scène où Hulk le fracassait à même le plancher comme une vulgaire poupée de chiffon. Le Winter soldier de Captain America 2 ? Tout le monde sait aujourd’hui que c’est un bon gars. Le Killmonger du récent Black Panther ? Un Malcolm X fluo qui aurait mal tourné mais pas du tout un empereur du mal. « Plus réussi est le méchant, meilleur sera le film », disait Hitchcock. Le Marvel Cinematic Universe a décidé de se contrefoutre de cette règle d’or. Mieux, il a fait de l’absence de danger une véritable ligne directrice. Seul horizon, ici : le fun. C’est à travers ce constat martelé depuis 18 films, et à peu près autant de méchants interchangeables, qu’entre en scène avec ce troisième volet des Avengers Thanos, le vilain qui les écrase tous et véritable attraction du film (et c’est aussi lui le plus gros sur l’affiche). Annoncé depuis six ans et en bonus post-générique du premier Avengers, Thanos est envisagé ni plus ni moins que comme le Dark Vador du MCU, c’est-à-dire un méchant à peu près aussi charismatique que tous les héros réunis (sachant qu’il y en aura au moins une bonne vingtaine au programme d’Infinity Wars, on peut trouver le programme Avengers : Infinity War Sortie le 25 avril. « Plus réussi si est le méchant, meilleur sera le film », disait Hitchcock. ambitieux). Cette starification du vilain est en tout cas le signe que Marvel s’emploie désormais à renouveler son cahier des charges et que, après une décennie placée sous l’horizon de la légèreté et de l’inconséquence, il semble temps désormais de nous foutre les miquettes pour de bon et d’offrir sa part de ténèbres à cette mythologie ensoleillée. Ce virage s’opère au moment même où certaines stars de la franchise vont très probablement passer à autre chose (on ne donne pas cher de la peau des « anciens » comme Robert Downey Jr., Chris Evans ou Chris Hemsworth) et où une conscience politique semble soudainement infiltrer le MCU (Black Panther et son afrofuturisme, bientôt Captain Marvel et son imagerie girl power). Et si la phase 2 de l’ère Marvel commençait ici et maintenant ? |