30 – Le grand papier Comme La Couleur pourpre, Munich ou Lincoln, Pentagon Papers appartient à la veine « adulte » du cinéma de Steven Spielberg, une catégorie qu’on peut aussi appeler celle des « films à Oscars » et qui implique budget moindre, casting royal et #ENTENDUALARÉDAC DES FILMS SUR LE JOURNALISME, IL Y EN A EU PLEIN, MAIS DES FILMS COMME PENTAGON PAPERS, CLAQUEMURÉS DANS L’ENFER D’UNE RÉDACTION, IL Y EN A EU MOINS. TOP 6. grand sujet historique. Les deux dénominations sont évidemment très réductrices. Elles ont le simple mérite de tracer une frontière on ne peut plus nette avec le versant entertainer du réalisateur ; celui qui est le plus fortement inscrit dans l’inconscient collectif. Il y a donc chez Spielberg deux filmographies parallèles et souvent hermétiques, « les films pour adultes » et « les films pour mômes », « les œuvres à Oscars » et « les pelloches pour le box-office », et à l’intérieur de ces deux « Violences à Park Row » DE SAMUEL FULLER (1952) Les « violences » du titre font référence à la guerre impitoyable que se livraient les premiers grands quotidiens US à la fin du XIXe. Journaliste de formation, Sam Fuller était très fier de ce film, l’un de ses plus grands bides d’ailleurs, qui observe la naissance de la presse moderne comme d’autres ont regardé la conquête de l’Ouest. Un grand western d’intérieur. Un film joyeux, alerte, véloce, qui vise à l’éveil des consciences et à la vigilance de TOUS les citoyens. tiroirs-là se logent de nombreux classiques intouchables – ce qui tendrait à prouver que oui, cet homme sait absolument tout faire, tout réussir, ne s’aliéner aucun type de public et que, comme le dit la légende, son nom est bel et bien synonyme de pur cinéma. Une fois cet hommage vibrant rendu, il faut regarder Pentagon Papers dans le blanc des yeux pour constater que ce film « pour adultes » cherche aussi (surtout ?) à s’adresser aux plus jeunes. Ça se voit à sa rythmique infernale de thriller journalistique qui cloue au fauteuil, à l’incursion inopinée de gags très « enfantins » (la représentation de Nixon façon Docteur Gang dans L’Inspecteur Gadget, par exemple) et à ses renvois perpétuels à l’actualité la plus chaude de 2017. C’est un film loin, très loin de l’humanisme rétro et laid-back du Pont des espions, du cours magistral un peu ronronnant façon Lincoln ou de la complexité géopolitique et du pessimisme déchirant qui guidaient Munich. Pentagon Papers est au contraire un film joyeux, alerte, véloce, qui vise à l’éveil des consciences et à la vigilance de TOUS les citoyens. Un film « pour adultes » peut-être, mais pour les adultes de plus de 12 ans alors. Pentagon Papers se conclut pile là où commencent Les Hommes du président, un film que les moins de 20 ans ne connaissent pas et que Spielberg invite à (re)découvrir fissa dès le retour à la maison. Il débute aussi en « Bas les masques » DE RICHARD BROOKS (1952) La même année que Park Row, le déjà très engagé Richard Brooks signait cet immense classique, un exposé d’une efficacité stupéfiante te sur la liberté de la presse porté par le groove et les punchlines pugnaces de Humphrey Bogart (« That’s the press, baby ! »). Derrière la (petite) lourdeur du film à thèse se cache le plus grand rédac chef de l’histoire du cinéma. |