DOSSIER 36 RÉGION Reconnecter l’Humain avec la Biosphère L’unité Espace-dev de Montpellier a coordonné le livre de 2019 sur la coviabilité, nouveau paradigme de la relation humain-biosphère. Anne Coudrain, auteure d’un chapitre, est directrice de recherche IRD et diplômée de Polytech Montpellier et des Mines de Paris. Auditrice de l’Institut des Hautes Etudes pour la Science et la Technologie, elle a étendu son domaine des ressources en eau aux relations sciences–sociétés dans un contexte de crise climatique et environnementale et s’implique dans Intermines et IESF. Pourquoi proposer la coviabilité comme un nouveau mode de pensée ? Face à la crise environnementale soulignée fin 2018, tant par le rapport du GIEC sur l’importance de ne pas dépasser 1,5°C de réchauffement moyen global que par le manifeste pour un « Réveil écologique » rédigé par des étudiants de grandes écoles, les scientifiques doivent apporter des perspectives. A partir de 1,5°C, plusieurs phénomènes pourraient être déclenchés : perte irréversible de la calotte glaciaire du Groenland, instabilité de la calotte glaciaire marine d’Antarctique, libération de carbone due au dégel du pergélisol et libération de méthane des terres humides. Pour les éviter, la fenêtre d’action est de 10 ans (GIEC, 2018) : la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 doit être de 40% à 50% par rapport aux niveaux de 2010. La Grande accélération, et ses conséquences sur la Terre, a débuté au milieu du 20 ème siècle. En moins de cinquante ans les dégâts étaient suffisants pour que les lanceurs d’alerte alarment dès 1972 (rapport Meadows dit du club de Rome). Plus récemment, l’alerte de Ripple et al (2017), co-signée par 15 364 scientifiques, a réitéré l’interpellation de chacun. Pourtant, comme le montre les résultats d’une enquête récente (Babutsidze & Nesta, 2018), une na- |