IESF Magazine n°4 avr à sep 2019
IESF Magazine n°4 avr à sep 2019
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°4 de avr à sep 2019

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Ingénieurs et Scientifiques de France

  • Format : (210 x 297) mm

  • Nombre de pages : 48

  • Taille du fichier PDF : 4,5 Mo

  • Dans ce numéro : face aux enjeux incontournable de l'innovation.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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DOSSIER 36 RÉGION Reconnecter l’Humain avec la Biosphère L’unité Espace-dev de Montpellier a coordonné le livre de 2019 sur la coviabilité, nouveau paradigme de la relation humain-biosphère. Anne Coudrain, auteure d’un chapitre, est directrice de recherche IRD et diplômée de Polytech Montpellier et des Mines de Paris. Auditrice de l’Institut des Hautes Etudes pour la Science et la Technologie, elle a étendu son domaine des ressources en eau aux relations sciences–sociétés dans un contexte de crise climatique et environnementale et s’implique dans Intermines et IESF. Pourquoi proposer la coviabilité comme un nouveau mode de pensée ? Face à la crise environnementale soulignée fin 2018, tant par le rapport du GIEC sur l’importance de ne pas dépasser 1,5°C de réchauffement moyen global que par le manifeste pour un « Réveil écologique » rédigé par des étudiants de grandes écoles, les scientifiques doivent apporter des perspectives. A partir de 1,5°C, plusieurs phénomènes pourraient être déclenchés  : perte irréversible de la calotte glaciaire du Groenland, instabilité de la calotte glaciaire marine d’Antarctique, libération de carbone due au dégel du pergélisol et libération de méthane des terres humides. Pour les éviter, la fenêtre d’action est de 10 ans (GIEC, 2018)  : la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 doit être de 40% à 50% par rapport aux niveaux de 2010. La Grande accélération, et ses conséquences sur la Terre, a débuté au milieu du 20 ème siècle. En moins de cinquante ans les dégâts étaient suffisants pour que les lanceurs d’alerte alarment dès 1972 (rapport Meadows dit du club de Rome). Plus récemment, l’alerte de Ripple et al (2017), co-signée par 15 364 scientifiques, a réitéré l’interpellation de chacun. Pourtant, comme le montre les résultats d’une enquête récente (Babutsidze & Nesta, 2018), une na-
tion telle que celle des français est consciente mais démunie sur son possible rôle. La coviabilité ouvre des perspectives à chacun pour penser autrement la relation à la biosphère. Qu’est-ce qui limite nos sociétés à prendre en compte ses impacts ? Chaque individu a un potentiel d’action, mais il a en lui des freins impensés. L’analyse de « l’intention culturelle » comme frein à l’action et à l’engagement fait ressortir cinq repères de la pensée actuelle occidentale et mondialisée. Les nommer et les replacer dans leur histoire singulière révèlent ce qu’ils peuvent contenir d’entrave à l’engagement vers un nouveau paradigme et de nouveaux comportements. L’émancipation. Il y a 3 millions d’années, l’environnement était subi par les humains. Au cours des derniers siècles, les civilisations occidentales ont fui cet archaïsme – cette dépendance à la Terre. Il est difficile aujourd’hui de faire volte-face et de se trouver à nouveau face à cette dépendance (Latour, 2015). La Terre est infinie. L’idée de Providence selon laquelle la nature est infiniment forte et créative est ancienne (Bœuf et al, 2017). On peut "Ce n’est que depuis 2015 qu’émerge dans la jurisprudence de nombreux pays un nouveau droit intégrant les défis climatiques et environnementaux" comprendre l’effort considérable qu’il a fallu déployer pour arriver – depuis peu – à surmonter cette croyance erronée et à intégrer dans le langage courant la possibilité que les activités humaines modifient le climat et la biosphère. Une science positiviste. Le positivisme reste encore actuellement la principale charpente, logique Couverture du livre événement coordonné par Espace-dev et paru début 2019. et éthique de la science. Son idée centrale (Bouleau, 2017) est que la connaissance n’est faite que de lois universelles. Cette conception, devenue inopérante pour les problématiques actuelles où nous ne disposons d’aucune expérience possible (sauf ce qui se passe actuellement), limite l’engagement. Le concept d’universel. C’est à partir de ce concept que les Grecs ont fondé la possibilité de la science et c’est en le transposant des mathématiques à la physique que l’Europe classique a conçu les lois universelles de la nature. Si ce concept est à la base de grands succès, il est aujourd’hui essentiel de percevoir qu’il est le résultat d’une histoire singulière (Jullien, 2011) et que dans un monde fini en forte évolution, il y a lieu de combiner ce concept idéel à d’autres points de vue, d’autres ressources en défaisant dans nos pensées ce que cette notion a d’exclusif. Le droit limité au social. La déclaration des droits de l’homme a eu le RÉGION DOSSIER En bleu  : trajectoire des émissions nettes de CO 2 (en Giga tonnes par an) avec diminution dès 2020 pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C. mérite de dire « tout homme » et la faiblesse de penser « seuls les hommes » (Serre, 1990). La pensée du droit, développée pour les humains, ne comportait rien sur les choses et les autres vivants. Ce n’est que depuis 2015 qu’émerge dans la jurisprudence de nombreux pays un nouveau droit intégrant les défis climatiques et environnementaux. Quels sont les arguments sur l’origine anthropique du changement climatique en cours ? Depuis 1900, les flux de CO 2 émis annuellement par les activités humaines se retrouvent dans les trois compartiments (atmosphère, océan et plantes/sols). La signature isotopique du CO 2 émis par les activités humaines est caractéristique. Les modélisations de climat depuis 1860 ne rendent compte du réchauffement que si les émissions sont prises en compte. Anne Coudrain Vice-présidente d’IESF-Occitanie Méditerranée Directrice de recherche honoraire IRD 37 IPCC(2018), extrait de la figure SPM.1



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