1990 suite de la p.25 consacrée à la recherche y est également plus faible (voir graphique p.26). Et lorsqu’on dispose de fonds, c’est presque exclusivement pour la recherche orientée vers l’application. « Il est rare de pouvoir soumettre une demande de fonds pour un thème de recherche librement choisi que l’on considère soi-même comme important et motivant », dit Katharina Michaelowa, experte en politique du développement de l’Université de Zurich. Quant à la recherche fondamentale, elle est considérée comme un luxe. Il n’existe pas d’organisation internationale qui soutienne la recherche indépendante sur le plan thématique. Elle est toujours associée à un agenda. L’Université des Nations unies accorde certes régulièrement de petits montants, mais uniquement pour des travaux dans son propre domaine d’activité, note Katharina Michaelowa. Les organisations privées telles que la Billand Melinda Gates Foundation ont également leurs missions propres : la santé, la formation ou encore l’alimentation, mais pas la mécanique quantique, ni la recherche sur le cerveau ou en histoire de l’art. Katharina Michaelowa voit un grand potentiel dans une collaboration internationale de la recherche. Le programme r4d, financé depuis plusieurs années par la Direction du développement et de la coopération (DDC) et le Fonds national suisse (FNS), en est un bon exemple. Des « Une bonne recherche nécessite d’abord une bonne formation de base de la population. » Katharina Michaelowa chercheurs de Suisse et des pays pauvres mènent ensemble des recherches en accordant une grande importance à un véritable partenariat. Le nouvel instrument d’encouragement Spirit du FNS, lui, présente désormais l’avantage de pouvoir solliciter des fonds pour des projets de recherche communs sans être restreint dans le choix du thème. Une autre possibilité intéressante est celle du soutien à de jeunes chercheurs qui ont fait une partie de leur formation académique en Suisse et souhaitent constituer leur propre groupe de recherche dans leur pays. Un projet pilote en Europe de l’Est a permis de tester ce modèle avec succès, rapporte Katharina Michaelowa. « C’est très utile, parce que les femmes scientifiques peuvent ainsi se dégager de leurs obligations d’enseignement souvent considérables dans leur pays et libérer du temps pour la recherche. » Simultanément, le contact entre ces excellentes chercheuses et leurs partenaires de recherche suisses est soutenu. Une approche qui serait également positive pour la coopération dans la recherche avec les pays en développement, selon Katharina Michaelowa. Structures inopérantes Plus on fait de recherche, plus il y a de développement, dit-on souvent. Ne serait-il dès lors pas logique de consacrer la majeure partie de l’aide au développement à la CHERCHEURS PAR MILLION D’HABITANTS PART DE FEMMES DANS LA RECHERCHE Corée du Sud SüdK Suisse CH Etats-Unis USA Bulgarie BULG Serbie SERb Argentine ARG Vietnam VIET Uruguay URU Afrique du Sud SüdAf Côte d’Ivoire 28 CdI 0 2000 4000 GER BE SWE CH ZUI BNG ZWU CON 0 20 6000 40 60 8000 80 1990 100 1990 (En pourcents) Argentine ARG Serbie SErB Bulgarie BULG Uruguay URU Afrique du Sud SüdAf Vietnam VIET Suisse CH Corée du Sud SüdKo Côte d’Ivoire CdI Etats-Unis USA 0 n/a recherche ? Katharina Michaelowa n’est pas d’accord : « Le potentiel ne peut souvent pas être exploité parce que les structures ne fonctionnent pas. Au Rwanda par exemple, certaines universités n’ont même pas d’horaires fixes. » De plus, on y manque d’entreprises susceptibles de convertir les résultats en applications pratiques. Chercheurs pas les plus pauvres Quant au Sud global, l’économie privée n’y investit guère dans la recherche (voir graphique p.27). Parfois, l’argent circule même dans le sens contraire, de l’Etat aux entreprises. « Au Brésil par exemple, la recherche et le développement dans les entreprises sont principalement financés par le secteur public », dit Katharina Michaelowa. Les priorités devraient également être fixées correctement : « Une bonne recherche nécessite d’abord une bonne éducation de base de la population en général », ajoute-t-elle. Les chercheurs là-bas ne font pas partie des plus pauvres. « Une aide au développement efficace ne peut donc pas se concentrer sur un seul domaine telle la recherche : nous devons agir en réseau. » Florian Fisch est codirecteur de la rédaction d’Horizons. 25 50 75 100 Sources : UNESCO Institute for Statistics, Office fédéral de la statistique, chiffres pour 2017, 2016 ou 2015 1990 |