Stephanie Salz Science et politique INTERVIEW « Nous avons dû prendre les devants pour provoquer une réaction. » L’étudiante en biologie Jeannine Fluri, responsable de l’enseignement et de l’assurance qualité au sein du comité de l’association d’étudiants de l’Université de Bâle (Skuba), explique comment ses membres peuvent influencer la politique universitaire. Un exemple de changement initié par la Skuba ? Au sein du conseil des étudiants, des personnes engagées se sont mobilisées pour la réduction des miles aériens dans notre université. Au départ, elles voulaient simplement que les étudiants ne fassent plus leurs excursions dans un rayon de 1000 km qu’en train. Nous avons soumis cette demande à l’organe supérieur de l’Université de Bâle. Les sept facultés et le rectorat y sont représentés. Ce dernier a jugé notre proposition judicieuse et a chargé le service du développement durable de monitorer les voyages en avion de l’ensemble de l’université. Un plan de mesures doit être élaboré sur la base des données récoltées. C’était super de pouvoir emmener toute l’université avec nous. Les voyages en avion sont d’actualité dans de nombreuses universités. EN 6CHIFFRES articles sur dix publiés dans un échantillon de revues dites « prédatrices » n’ont pas été cités une seule fois sur une période de cinq ans, indique une nouvelle étude. Ses auteurs estiment que ces résultats dissipent les craintes que les études publiées dans ces journaux bénéficieraient d’une attention excessive. Rick Anderson, vice-doyen de l’Université de l’Utah, l’interprète autrement : il estime « plutôt alarmant » que 40% des articles publiés dans des revues prédatrices soient cités au moins une fois. 24 Horizons n o 124, mars 2020 Oui, il y a quelques années, le service du développement durable avait déjà fait une demande similaire au rectorat, mais elle avait alors été rejetée. Ce n’est que lorsque nous, les étudiants, avons fait preuve d’initiative que les choses ont bougé. Est-ce important pour les étudiants que les enseignants soient des chercheurs actifs ? Oui. En faisant de la recherche active, ils peuvent très bien combiner leurs projets avec l’enseignement. Les enseignants sont des modèles importants pour les étudiants qui souhaitent poursuivre une carrière académique. Et cela les motive. Mais faire de la recherche active n’est pas un indicateur que l’enseignement sera de qualité. Les étudiants ressentent-ils la pression de publier à laquelle sont soumis les enseignants-chercheurs ? Lors de processus de nomination pour une nouvelle chaire, un fort accent est mis sur l’obtention de fonds de tiers et les publications. Pour nous, les étudiants, il importe surtout que la nouvelle professeure soit une bonne enseignante et qu’elle nous comprenne. Certaines évolutions préoccupent-elles particulièrement la Skuba ? Un grand nombre de personnes considèrent l’enseignement universitaire comme une formation professionnelle. Elles n’y voient que le moyen pour un jeune d’obtenir un bon emploi et de contribuer à l’économie. C’est pourquoi les disciplines des sciences sociales font parfois sourire même au sein de leur propre université. C’est très regrettable. A chaque fois que nous, de la Skuba, entendons de telles déclarations, nous ne manquons pas de les contredire. Interview : Judith Hochstrasser CITATION « Les cyberattaques serviront toujours plus de conflits par procuration entre petits pays, financés par de grandes nations cherchant à consolider et à étendre leurs sphères d’influence. » Sur son blog, la société américaine de cybersécurité Check Point met en garde contre une nouvelle guerre froide version cyber et prévoit une recrudescence de fake news durant la présidentielle américaine. NEWS Accord allemand sur l’open access En début d’année, l’éditeur scientifique et spécialisé Springer Nature et la filiale de la Max Planck Digital Library, MPDL Services GmbH ont signé le contrat formel de ce qui constitue actuellement le plus grand accord d’open access du monde. Il permet en particulier aux chercheurs et étudiants travaillant en Allemagne d’accéder à l’intégralité des revues de Springer Nature. Objectifs globaux concentrés En 2015, l’ONU a adopté les 17 Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030. Des chercheurs proposent maintenant de se concentrer sur un ensemble d’objectifs plus restreint et mieux intégré. Cela permettrait de réduire le nombre de cas où un ODD en contrecarre un autre. Des chercheurs mandatés par le Secrétariat général de l’ONU mais travaillant de manière indépendante recommandent de redistribuer les 17 ODD en six catégories : le bien-être humain (comprenant l’éradication de la pauvreté, l’accès à la santé et à l’éducation) ; les économies durables (incluant la lutte contre les inégalités) ; l’accès à la nourriture et la garantie de la sécurité alimentaire ; l’accès à une énergie propre ; le développement urbain ; les ressources communes globales (en association avec la biodiversité et le changement climatique). CITATION « Le principal enjeu de la science est de repousser les limites. Une science confortable est un oxymoron. Faire de nouvelles découvertes suppose de sauter dans l’inconnu – un saut que nous pourrions ne pas faire si nous craignions trop d’échouer. » La biologiste anglaise Eileen Parkes relate dans Nature comment elle a appris durant son doctorat que l’échec joue un rôle crucial dans la recherche, tout comme d’en parler avec ses collègues. En collaboration avec Sciencegeist |