Biologie et médecine Ces robots-espions qui infiltrent le monde animal Impossible pour une personne de se fondre dans un banc de poissons ou de se glisser dans une ruche. Pour étudier de près le comportement d’animaux sociaux, des scientifiques envoient des petits robots qui passent inaperçus et influencent même leurs hôtes. Texte : Simon Koechlin, Illustrations : Anja Giger Cette vision pourrait inquiéter les amoureux d’une Nature pure et vierge : des robots qui trompent des animaux, se font passer pour leurs congénères et influencent leur comportement. Mais ce type de mission au cœur d’un groupe peut contribuer à mieux comprendre le comportement d’une espèce, selon Francesco Mondada de l’EPFL. Pour l’expert en intelligence artificielle et robotique, on pourrait même imaginer que de telles machines puissent aider les animaux, par exemple en empêchant les abeilles de se rendre dans des champs traités avec des pesticides. 44 Horizons n o 123, décembre 2019 CANCRELATS Le parfum Cafard Laboratoires : Université libre de Bruxelles/ETH Zurich/EPFL Dimensions : 4,1 × 3,0 × 1,9 cm (L × p × h) Ruse : les cafards ne sont pas attirés par l’apparence de leurs semblables mais par leur odeur. Les scientifiques ont créé un parfum de cancrelat à partir de phéromones. Ils ont versé ce cocktail sur du papier-filtre attaché à des robots qui ressemblent davantage à une petite voiture qu’à un insecte. Leur odeur et leurs mouvements suffisent à tromper les cafards au point qu’ils les traitent comme leurs propres congénères. Mission : les cancrelats aiment l’obscurité et se cachent de préférence dans des interstices. Les robots ont au contraire été programmés pour choisir, entre deux cachettes, la plus claire. Résultat : les cafards les ont imités. Publiée dans la revue Science en 2007, cette expérience a été la première à montrer que des robots peuvent être acceptés par des animaux comme des congénères et même influencer leur comportement. |