À LA DÉCOUVERTE DES MONDES INTÉRIEURS « Il faut tenter de réaliser ses rêves professionnels » Isabel Hotz 43 ans, deux enfants (16 et 18 ans) Avant : graphiste Maintenant : neuroscientifique à l’Université de Zurich « La recherche, j’en faisais déjà quand j’étais petite fille. Je marquais la coquille des escargots avec des couleurs différentes pour voir si je les rencontrerais à nouveau. L’expérience n’a pas vraiment été un succès, mais elle a éveillé ma passion pour l’observation de la nature. J’ai fait quelques détours pour arriver à mon poste actuel de neuroscientifique, mais tout mon parcours présente d’une manière ou d’une autre un lien avec cette activité. Je suis entrée dans le monde de la santé avec une formation d’assistante médicale. Mais le quotidien dans un cabinet avec peu de responsabilités ne m’attirait pas. J’ai donc fait une maturité et me suis formée dans le graphisme. J’ai travaillé pendant 26 Horizons n o 123, décembre 2019 huit ans comme graphiste, indépendante ou employée. Cette composante visuelle se retrouve aujourd’hui dans mon travail : j’analyse des clichés d’IRM dans le cadre de ma thèse, que je mène à l’Institut de neuropsychologie de l’Université de Zurich. Ce sont des images du cerveau de personnes âgées mais en bonne santé. On y voit des atteintes dénommées « lacunes silencieuses » et « hyperintensités de la substance blanche ». Toutes deux font partie de la catégorie des microangiopathies cérébrales et témoignent d’une modification des vaisseaux sanguins de petit calibre. Je m’intéresse en particulier aux stratégies développées par le cerveau pour compenser ces déficiences, qui sont bien visibles sur les images. Je suis convaincue qu’il faut tenter de réaliser ses rêves professionnels. Pour ma carrière, le fait que je sois un peu plus âgée a aussi des avantages, en particulier en tant que femme. Lorsque j’ai commencé à étudier, mes deux enfants avaient déjà 7 et 9 ans. Ils sont aujourd’hui assez grands pour qu’il n’y ait pas de problème lorsque mes journées de travail se prolongent. J’aime ce que je fais. Aujourd’hui, il ne reste plus de pays lointains à découvrir. Mais le cerveau représente un univers dans lequel nous pouvons voyager. » Alexandra Bröhm DE LA PRATIQUE À LA RECHERCHE « J’ai changé de carrière à plus de 40 ans » Gabriela Antener 54 ans, un enfant (31 ans) Avant : pédagogue spécialisée et entrepreneuse Maintenant : professeure à la Haute école de travail social FNHW « Mes recherches profitent de mon expérience professionnelle passée. Elle me permet de maintenir un lien étroit avec la pratique – quelque chose de très précieux dans une haute école spécialisée, où il s’agit avant tout de recherche appliquée. Après avoir étudié la pédagogie spécialisée, j’ai décidé de m’engager dans la pratique. J’ai fondé avec des collègues une entreprise de conseil et de formation continue spécialisés dans ce qu’on appelle la communication améliorée et alternative. A l’époque, c’était une discipline nouvelle. Elle s’intéresse aux personnes qu’une maladie ou un handicap empêchent de communiquer normalement. |