34 DOSSIER L’OBSERVATION-SURVEILLANCE GOS : fORMAtIOn SAnS COnCESSIOn par la capitaine Gaëlle Pupin Une fois sélectionnés et affectés dans un Groupe d’observation surveillance (Gos), les futurs équipiers suivent sept semaines de formation initiale délivrée par le Centre national de formation à la police judiciaire (CNFPJ). Un enseignement unique et spécialement adapté pour devenir des « pros » de l’observation-surveillance. Les mains crispées sur le volant, une brève inspiration... Embrayage, passage de la première, le pied au plancher sur l'accélérateur... 50, 70, 90 km/h... La voiture fonce droit sur un mur à toute vitesse avant de freiner à la dernière seconde et de faire une manœuvre d'évitement. Non loin, deux voitures effectuent des slalom rapides en avant et en arrière autour de petits cônes. Au même instant, une autre voiture lancée sur un circuit frôle les barrières de sécurité à l'extérieur du virage, sans les toucher, suivant la trajectoire imposée... Contrairement aux apparences, il ne s’agit pas d’un stage d’entraînement pour les brigades rapides d’intervention, mais de l’un des modules de formation pour les Gos, encadré par des membres du GIGN. « Il n'y a rien de surprenant à cela, explique l'adjudant-chef (ADC) Hugues R., formateur. Les prérequis du freinage, de l'évitement et de la maîtrise de la trajectoire sont les clés d'une bonne conduite lorsqu'on suit un véhicule. Pendant sept semaines nous formons des équipiers qui doivent être en capacité de gérer une filature, mais pas seulement. La filature n'est qu'un moyen. À nous de leur apprendre tout ce qu'il y a autour. » GIGN MAJ M. Biche Lors du module de conduite, le GIGN prévoit plusieurs ateliers : freinage d’urgence et évitement, maîtrise de la trajectoire, etc. Des équipiers « multitâches et autonomes » La formation est progressive. « Pour le moment, on a surtout appris les techniques de base, explique un futur équipier. Beaucoup de filature, du camouflage, la photographie, entre autres… Ensuite on fait des restitutions sur des demijournées. » Pendant les trois premières semaines, en effet, les formateurs leur apprennent à effectuer une surveillance fixe, même dans des conditions dégradées, puis à suivre une target identifiée, à pied comme en véhicule. L'ADC R. précise : « Faire une filature, ce n'est pas seulement être assis en voiture et suivre un véhicule. Il faut à la fois suivre une personne, se repérer dans le temps et dans l'espace, se positionner par rapport aux autres, utiliser le caméscope, l'appareil photo, la radio, le téléphone, la cartographie, etc. Chaque équipier doit être capable de faire tout ça pendant l'acte de filature. Il doit être multitâche et autonome. » Des entraînements concrets Le lendemain, changement de décor. Au départ de Fontainebleau, le groupe se prépare pour la mission du jour. Chaque équipier s'est muni d'un gros sac. « Il y a des vêtements kaki et du camouflage si on doit monter un dispositif dans la « verte », et plusieurs vêtements civils pour que nos « légendes » soient crédibles. Par exemple, une tenue de joggeur, ça peut être très utile pour prendre des informations en toute discrétion... » Les formateurs du CNFPJ ont prévu une mission sur toute la journée. Au programme : la restitution de tout ce qu'ils ont déjà acquis. Un fil rouge qui va les emmener du domicile de la cible, tôt le matin, jusqu'au lieu d'un échange en fin de journée... Mais ils ne le savent pas encore. « La filature en elle-même ne change pas, explique le capitaine (CNE) |