68 Le Canon-lance-harpon de Sven Foyd, prêt à tirer. Le harpon est coiffé de son obus de fonte, les barbes du harpon tenues rabattues par un amarrage destiné à casser à la pénétration, et la ligne » frappée sur une erse » en filin d'acier coulissant dans la lumière de la hampe du harpon. Le départ du coup se fait en agissant sur la détente d'une espèce de poignée de pistolet portée par la queue de pointage. projectiles empoisonnés tirés par des carabines de grande chasse, qui s'avérèrent efficaces sur des éléphants. Quant à la tactique consistant à envoyer la « bombe-lance empoisonnée » d'abord, et le harpon ensuite, elle n'était pas passée inaperçue. On voit ainsi en effet, vers 1870-80, les « fusées Fletcher », armées d'une « bombe-lance » que l'on projetait avant une fusée analogue portant le harpon. Mais nous n'avons trouvé aucun détail sur les dispositions de ces fusées, que nous ne connaissons que de nom. Cependant, il semble qu'elles aient été assez souvent employées pendant au moins une dizaine d'années. La « bombe-lance empoisonnée » de Thiercelin fut pendant longtemps la seule tentative de chasse « scientifique » de la baleine, ou du moins la principale, car on se doit, pour finir, d'évoquer les « harpons électriques », tentés vers 1950-60. Un fil de cuivre, incorporé au chanvre de la ligne, envoyait dans l'animal un courant à fort voltage et ampérage, dont l'effet était, parait-il, foudroyant. Mais le système n'était pas sans risques pour l'équipage et ainsi il ne parait pas avoir dépassé le stade des essais. Le canon de Sven Foyn, à une époque où la chasse à la baleine approchait de sa fin, s'avérait en fait bien suffisant. Les « fusées-harpon » Un peu après le milieu du XIXè, apparait aux Etats-Unis un nouveau mode de propulsion du harpon, qui semble avoir eu un certain succès. C'est la « fusée-harpon », fonctionnant par réaction et qui, profitant de l'expérience acquise avec les fusées de guerre, à la mode depuis le début du siècle, parait avoir été un engin fort valable. Surtout, il était facile à employer avec de petites embarcations, du fait de sa légèreté et probablement d'une complète absence de recul. Le premier engin de ce genre dont on entend parler, et qui fut utilisé avec, parait-il, d'excellents résultats (du moins d'après son fabricant), semble avoir été celui de G.A. Lillienthal, dont la publicité parut le 8 août 1865, dans le « Merchant's Transcript » de New York. Une gravure y représente la chose en action, tenue sur l'épaule par le harponneur, debout à l'avant d'une baleinière classique à avirons. L'homme semble alors avoir en main un « Bazooka » de la dernière guerre, et cette ressemblance, de méme que le mode de préhension, est frappante. Il y a même, annexé au tube, un masque à hublot, garni sans doute d'un verre fumé pour protéger le visage du tireur et un petit jet de flammes et de fumée s'échappant à l'arrière, montre bien qu'il s'agit d'un projectile à réaction. D'après l'article accompagnant la gravure, cette fusée était garantie harponner et tuer instantanément toute baleine touchée et on donne pour référence son emploi avec succès, l'année précédente, par le trois-mâts barque baleinier « Reindeer ». Mais malheureusement, il n'y a aucun détail précis sur l'engin lui-même et son mode d'emploi exact. Toutes nos recherches n'ont abouti qu'à nous apprendre que ce « Reinder » s'était ultérieurement perdu sur la côte nord de l'Alaska, pris par les glaces près de la Pointe Barrow en 1872, sans qu'il soit fait allusion à cette fusée-miracle. Cependant, elle dut avoir quelque succès dans les milieux baleiniers et son fabricant être débordé de commandes, car il demandait alors un délai de livraison de deux mois. La fusée-harpon de Lillienthal ne passa donc pas inaperçue et connut sans doute une certaine diffusion, malgré la préférence toujours marquée par les baleiniers américains pour le harpon à main et la lance traditionnels. Cela l'amena à susciter des imitateurs, et c'est ainsi que nous retrouvons, en 1881, un engin fort semblable, fabriqué par une firme californienne du nom de Suits & C°, sur lequel nous avons plus de détails. Cela avait toujours l'aspect d'un moderne engin antichar, mais celui-ci, non seulement. Fusée•harpon de Suits and C° (1881). L'explosion de l'obus libère une pièce mobile qui, se mettant en travers, assure l'ancrage dans les chairs du cétacé. GAZETTE DES ARMES N°188 |