CULTUREL_ÉCRANS Sortir SUR FX POSE, Au Cœur dE LA « BALL CuLTurE » Combien de séries télé avec cinq rôles principaux incarnés par des femmes trans avez-vous vues ? Ne cherchez pas, la réponse est zéro. Ou en tout cas, ça l’était jusqu'à l’arrivée de Pose. Pose raconte l’histoire de plusieurs femmes trans et hommes gais impliqués dans la ball culture des années 1980 à New York. Cette scène underground, immortalisée notamment en 1991 par le documentaire Paris is Burning, rassemblait des membres souvent défavorisés de la communauté LGBT, principalement des femmes trans et des hommes gays, noir-e-s et latino-américain-e-s. Le but ? Se retrouver dans un safe space et défiler (ou « voguer ») avec allure, dans les tenues les plus impressionnantes possibles, pour obtenir un trophée. En endossant les codes de la bourgeoisie blanche américaine (executive realness), en adoptant les poses des mannequins dans les magazines de mode (le voguing), en se parant des plus beaux habits et en déclarant leur beauté, ces marginalisé-e-s réclamaient, l’espace d’un soir, la dignité et la grandeur qu’ils-elles méritaient et que la société leur refusait le reste de la semaine. C’était un acte de défiance, et de survie. Plusieurs décennies plus tard, le voguing et les codes des balls ont intégré la culture mainstream. Les femmes trans sont plus visibles à la télé et au cinéma, que ce soit Laverne Cox dans Orange is the new black, Jamie Clayton dans Sense8 ou les héroïnes de Tangerine, le film de Sean Baker. Les drag queens de l'émission de téléréalité Rupaul's Drag Race, inspirée par la culture ball, font des tournées mondiales à guichets fermés. Pose n'en est pas moins révolutionnaire dans le monde de la pop culture. Déjà, parce qu'elle emploie un nombre record de femmes trans, devant comme derrière la caméra. Janet Mock et Our Lady J ont écrit et réalisé plusieurs épisodes, ce qui en fait la première série à employer une femme trans noire comme scénariste. Côté actrices, on découvre MJ Rodriguez dans le rôle de Blanca, mère de la « maison Evangelista », mais aussi Indya Moore, Dominique Jackson, Hailie Sahar et Angelica Ross. Un exploit, alors que beaucoup d'histoires grand public sur l'homosexualité et la transidentité sont encore racontées et incarnées par des personnes hétéros (Harvey Milk, Brokeback Mountain) et cisgenres (Jeffrey Tambor dans Transparent, Jared Leto dans Dallas Buyers Club, Eddie Redmayne dans The Danish Girl). Les personnes trans et racisées ont toujours été les moteurs de la communauté LGBT, que ce soit dans les ballrooms ou dans la lutte pour les droits de la communauté, notamment lors des émeutes de Stonewall en 1969. Pourtant, ces personnes sont souvent oubliées et encore peu représentées dans la pop culture. En 2018, le New York Times citait même Marsha P.Johnson, militante iconique, comme une des figures qu'ils avaient « omis » d'honorer dans leurs nécrologies. Comme les balls, Pose remet donc ces personnes au centre de la piste. 6 PAR YANNICK LECLERC SUR NETFLIX QUEER EYES Le service de diffusion en continu Netflix annonçait récemment le renouvellement de la téléréalité Queer Eye pour deux autres saisons. La saison 4, qui comprend huit épisodes, est disponible en visionnement continu depuis peu. Cette nouvelle saison a été enregistrée en bonne partie dans la région de Kansas City, où les cinq hommes de Queer Eye étaient allés à la rescousse d’un gardien de prison, d’un directeur de camp de jour et de deux sœurs propriétaires d’un restaurant de grillades lors de la saison 3. La série met en vedette le styliste Tan France, le Montréalais spécialisé en alimentation Antoni Porowski, le coiffeur Jonathan Van Ness, l’expert en culture Karamo Brown et le designer d’intérieur Bobby Berk. La téléréalité, qui a remporté trois prix Emmy en 2018, est une reprise de la série Queer Eye for the Straight Guy, diffusée entre 2003 et 2007. 6 PAR CHANTAL CYR//146 FUGUES.COM AOÛT 2019 |