CLUBBING_PORTRAIT Sortir DJ LOUIS COSTA LE PLUS MÉCONNU DES DJ DU VILLAGE ? Le 13 août dernier, dans le cadre des célébrations de Fierté Montréal, il organisait l’événement Vidéo Danse au parc de l’Espoir. On peut aussi entendre sa musique live, lors des 5 @ 7 des dimanches au Sky Pub. Il fut derrière les tables tournantes de quelques bars mythiques tels que le K.O.X./Katakombes, le Lézard, le Royal Phoenix ou encore le Parking, le Stud, le Cabaret Mado et la liste est longue. Que ce soit sur le Plateau ou dans le Village, il fut platiniste dans les bars les plus gay friendly qui soient, mais aussi d’autres un peu moins à l’époque. Il est un des rares DJ masculins à avoir été accepté facilement dans des bars lesbiens… Il a créé plusieurs soirées – Overdose, PORNOPOPSTAR, etc. – qui ont fait des émules et des bébés… Ah oui, il est également chroniqueur musical de cette revue depuis plus de 17 ans maintenant… De qui je parle ? De DJ Louis Costa ! Qui d’entre vous savez qu’il a pourtant fait la première partie, que ce soit au Café Campus ou au Woodstock, d’artistes comme Tori Amos, Radio- Head, Love & Rockets, The Cult, etc. ? « Ce n’est pas connu parce que je ne me suis jamais pété les bretelles ni pavané avec de telles choses, je suis profondément humble et très réservé… », avoue-t-il. Cela fait drôle, mais DJ Louis Costa ne se destinait pas à la musique ! Non, il a fait son baccalauréat en arts visuels à l’Université de Montréal. « Mais la musique c’était ma passion, je voulais toujours me procurer ce qui venait de sortir, les toutes dernières tendances, les tous derniers rythmes et j’ai commencé à travailler dans les bars. C’était facile, le milieu du nightlife montréalais et même à l’extérieur était en pleine/056 FUGUES.COM NOVEMBRE 2015/ébullition, les portes s’ouvraient et, bien que j’aimais bien les expositions et les arts, j’ai délaissé ce milieu parce que j’adorais la musique », évoque celui qui, récemment, a fait quelques soirées dans le Vieux-Montréal pour le Harlow (en collaboration avec la SDC du Vieux- Montréal) et le Jack Saloon (avec DJ Robert De La Gauthier). Du Café Campus (alors encore dans Côtedes-Neiges) et d’autres bars hétéros sur Saint- Laurent, Louis Costa cogne à la porte du K.O.X./Katakombes, dans le Village. Il arrive après la descente policière de février 1994, raid au cours duquel 165 personnes avaient été arrêtées. « À ce moment-là, personne n’osait y travailler de peur d’une autre descente, donc je me suis dit que je n’avais rien à perdre et je voulais travailler dans le Village. Bruce Horlin, le proprio, et Larry (aujourd’hui au Stud) m’ont engagé. Je n’avais rien à perdre en rentrant au K.O.X. » Il a œuvré auprès de grands DJ, les Stephen Wallace et Mark Fraser… « C’était du pur plaisir !, confesse-t-il. J’ai appris à connaître la clientèle cuir et BDSM. À l’époque, les gens dans le Village sortaient sept jours sur sept, l’atmosphère était plus kinky et sexy. Il n’y avait pas d’Internet, donc les gars se rencontraient dans les clubs et lors d’événements kinky. C’est ainsi que j’ai développé des concepts et des idées plus kinky se rapprochant de la perversité et, donc, de la clientèle. » Il restera plusieurs années au K.O.X. Après quoi on verra Louis Costa dans le DJ booth du nouveau venu dans le Village : le Parking. « Cela marque une autre étape dans ma vie, continue-til. J’étais le head DJ, je menais la barque musicale. J’ai donc décidé d’amener un son différent qui ne jouait pas ailleurs […], je pouvais passer d’un rock classique au disco, d’où le surnom d’anti-DJ ! » C’est lui qui fut l’idéateur et le concepteur de la soirée des jeudis Overdose, en collaboration avec DJ Frigid. Louis Costa est resté trois ans au Parking et puis contractuel à de nombreuses occasions. Concepteur, promoteur, organisateur, Louis Costa créera plusieurs soirées et événements tels les PORNOPOPSTAR, un mélange de performances érotiques et artistiques, avec l’artiste Zïlon et le photographe Sylvain Blais. « Ces partys étaient précurseurs de la nouvelle jeunesse alternative gaie. PORNOPOPSTAR a aussi enfanté d’autres types de partys. Les Éric Paradis [aujourd’hui du Weekend Fétiche de Montréal] et David Lapara, parmi d’autres, venaient à ces partys. De son côté, Overdose a ouvert la porte à la musique électroclash (électro pop) », souligne-til. Ce DJ enchaîne les gigs au cours de sa carrière, dont les bars Magnolia et Dietrich, deux établissements lesbiens. « C’était complètement différent des bars de gars. Les lesbiennes préféraient le house, le dance et le Top 40 alors que les gars aimaient la musique plus éclectique, alternative et provenant de Grande-Bretagne. J’ai eu beaucoup de plaisir avec les lesbiennes. » Durant presque trois ans, il occupe une partie du 3e étage du Sky avec la soirée F*ckstar qui a vu passer les Plastik Patrik, Frigid, Jonnybonnyrock, Debbie Tebbs, Zïlon, etc. « D’être à l’affût de la créativité dans les clubs et toujours croire en a la musique éclectique m’inspire beaucoup », de conclure ce DJ qui a également joué dans des restos, pour des soirées corporatives et des événements du temps des Fêtes… 6 ANDRÉC. PASSIOUR |