ÉVASION 28 Fragonard magazine Dimitris Pantazopoulos DÉCORATEUR DE CHARME ET CRÉATEUR PASSIONNÉ Élégant et charmant, Dimitris Pantazopoulos pourrait être italien. Lunettes de soleil et cheveux poivre et sel, il dit « tu », roule les r et s’exprime dans un français absolument parfait. Né à Athènes, Dimitris quitte son pays pour faire ses études à New York en histoire de l’art et architecture intérieure. De retour en Grèce, son travail l’amène naturellement à rénover des maisons, à imaginer des intérieurs. Ces dernières années, ses chantiers se trouvent surtout sur les îles, dans des maisons traditionnelles grecques. Son style ? Ne pas en avoir. Il s’attache à ne pas imposer sa signature, mais trouver au contraire l’identité du lieu et l’harmoniser avec celle de son propriétaire pour créer un univers unique. La maison doit avoir une âme, être incarnée. Toute la Méditerranée l’influence : l’Italie, la Turquie, l’Afrique, il se sent citoyen du bassin méditerranéen. Les années passant, il met de côté les expérimentations hasardeuses et modernes, et se recentre sur une vision plus traditionnelle, loin des couvertures de magazines de décoration. Il se souvient des maisons grecques des années 1970-1980, qu’il trouve moins sophistiquées que celles de France, mais toutes construites et décorées grâce au savoir-faire artisanal local. Il regrette un peu cette beauté simple perdue depuis, car les Grecs aiment le nouveau, le moderne, un peu trop parfois à son goût. Et lorsqu’il est en panne d’inspiration, il court au musée Benaki, un intemporel d’une richesse inépuisable. Parallèlement à ses activités de décorateur, Dimitris cultive une passion depuis une dizaine d’années : il chine des intailles et camées anciens qu’il fait ensuite monter en bijoux par un joaillier à Florence. Les pierres qu’il utilise sont très anciennes, allant de l’époque romaine à la période néoclassique, mais appartenant aussi à l’Égypte ancienne : coraux sculptés, jaspe, pâte de verre, lapis-lazuli, pietra lavica… Combinées à des pierres de couleur, ses créations redonnent vie à ces sculptures miniatures. Que ce soit l’Antiquité ou l’Italie du xviii e siècle, tout l’inspire et le guide dans son processus de création. Et à travers ses bijoux hors du temps, il réaffirme son identité méditerranéenne. Il aime sa ville, Athènes, moins pour sa beauté qui parfois laisse à désirer, que pour son dynamisme. En perpétuel changement, l’activité citadine est une source d’inspiration dans laquelle il se meut comme un poisson dans l’eau. Dimitris sera la clé magique pour ouvrir toutes les portes d’entrée de la ville. Infatigable voyageur, il nous quitte en courant prendre l’avion pour terminer un chantier sur une île, sans oublier de nous confier ses meilleures adresses et les téléphones de ses amis. Les adresses de Dimitris Pantazopoulos : Le cimetière antique Keramikos, rue Ermou (quartier de Gazi) Le restaurant Chrysa Chrysa, 40, rue Eoleon (quartier Petralona) Le bar Baba au Rum, 6, rue Klitiou (quartier de Psirri) En haut à gauche : Bague « Bacchanale champêtre », graveur James Tassie (1735-1799), collection du baron von Brinkman (1764-1847). Page de droite : Cimetière antique Keramikos. Pages précédentes : Vue intérieure de la bibliothèque de la Fondation Niarchos (à gauche) et détail d’une sculpture antique, musée archéologique de Keramikos (à droite). |