que nous formons dans notre cerveau par rapport à ces stimulations sensorielles. J’ai été fasciné par les objets fabriqués à travers les siècles pour les conserver, les transporter, et les avoir près de soi. Il résume ce que j’appelle les trois S du parfum qui ont accompagné une bonne partie de l’histoire de l’humanité, des chamanes à l’industrie du parfum : la santé, la spiritualité et le sexe. Une histoire à partager ? Pour ma première conférence, j’avais été invité par Laurent Assoulen, pianiste jazz et compositeur, à discuter du sens olfactif. Je ne sais pas pourquoi, j’avais compris que c’était une rencontre assez informelle, avec quelques amis. Je ne me suis pas du tout préparé et surtout je n’ai pas apporté d’illustrations du cerveau. Quand j’ai vu l’immense amphithéâtre de la Sacem totalement rempli, j’avoue que j’ai eu envie de partir, honteux d’être là, sans rien à présenter, face à toutes ces têtes d’experts qui s’attendaient à un séminaire digne de ce nom ! Alors j’ai essayé de trouver les mots les plus simples, avec lesquels je travaille pour le grand public, qui ne connaît pas le cerveau, ni les mécanismes de perception des odeurs et des parfums. À ma grande surprise, le lien s’est établi et j’ai eu énormément de questions. Jean-Marie Martin Hattemberg Votre profession ? Je suis expert, spécialisé dans le patrimoine industriel et artistique de la parfumerie française du XX e siècle et auteur des ouvrages Précieux Effluves (éditions Milan – 1998), Isabey, parfumeur depuis 1924 (éditions Gourcuff Gradenigo – 2014), notamment et co-auteur de Worth, Une Dynastie d’Elégance 1858-1954 (éditions Thames & Hudson, septembre 2017). Votre lien avec le parfum ? A la fois historien, technicien, conseiller juridique, et porte-parole des métiers du luxe dans la parfumerie contemporaine, cette activité d’expertise est née d’une passion d’adolescent. En effet, de tempérament collectionneur et conservateur, j’ai commencé à sauver de la destruction et à collecter des flacons et des objets de parfumerie de la période préindustrielle 1880-1960 compte tenu de la beauté de ces œuvres d’art, des matières nobles utilisées pour les manufacturer, de leur brève durée de vie et de ma curiosité pour les secrets des savoir-faire des artisans du luxe. Le toucher, le sentir, le voir constituent les valeurs intrinsèques d’un parfum qui avant tout est une émotion unique pour chaque personne. En pénétrant le glorieux passé des parfumeurs pionniers du début du XX e siècle, j’ai pu ainsi identifier une partie de ces émotions chefs d’oeuvre pour la plupart disparus mais que beaucoup de nos contemporains redécouvrent avec bonheur et étonnements... Un objet du Musée du Parfum ? Le flacon Carré ronces de René Lalique créé pour René Duval, fondateur des Parfums de Volnay parce que je suis propriétaire des archives de cette maison et de son fondateur qui me sont chers ! Une histoire à partager ? Commes les humains, les objets voyagent... Un jour, j’ai fait l’acquisition du flacon La Fête des Roses de Caron qui a été commercialisé dès 1949 et a disparu dans les années 1960. Acheté à Paris en 1979, porte de La Villette à l’ancienne foire à la ferraille, j’ai quelques années plus tard retrouvé au souk du Caire en Egypte son coffret grand-luxe qui me manquait. Ainsi l’objet est devenu complet ! Comme quoi, il n’y a pas de hasard, les objets rêvés ou convoités viennent un jour ou l’autre à vous... t Retrouvez la programmation 2018 des prochaines conférences sur musee-parfum-paris.fragonard.com (rubrique « Visites & Activités ») PORTRAIT Fragonard magazine 121 |