k ON Y ÉTAIT POUR L’INSERTION PROFESSIONNELLE DES ARTISANS RÉFUGIÉS ET MIGRANTS LA FABRIQUE NOMADE La migration est un long chemin. Si ces hommes et femmes ont fait le difficile « choix » de quitter leur pays, ils n’ont pas choisi de perdre ce qu’ils sont. La Fabrique Nomade est une association qui aide les artisans réfugiés et migrants à s’insérer et à continuer de travailler dans leur métier. Nous avons rencontré Inès Mesmar, fondatrice de La Fabrique Nomade et Maïmouna Diallo, une couturière styliste qui a rejoint leur programme d’accompagnement après un parcours mouvementé en Afrique. 18 Inès Mesmar Fondatrice et présidente de La Fabrique Nomade Romain Godin Ghaita Tauche-Luthi Pouvez-vous nous présenter l’association La Fabrique Nomade ? Inès Mesmar : La Fabrique Nomade est une association qui a été créée en janvier 2016. Son objectif est de favoriser et de valoriser l’insertion professionnelle des artisans réfugiés ou migrants. La Fabrique Nomade propose un programme d’accompagnement adapté aux artisans d’art, pour valoriser leurs compétences et favoriser leur adaptation au contexte économique et culturel français. Le programme leur permet de mieux comprendre le marché français et de faciliter leur insertion professionnelle. Nous souhaitons valoriser leur savoir-faire. Quelles sont les actions de La Fabrique Nomade ? I.M. : L’insertion professionnelle des artisans et des migrants est difficile pour plusieurs raisons. Tout d’abord ils ont des difficultés à maîtriser la langue française. Ils ne connaissent pas de professionnels dans leur métier en France, alors que ce sont des femmes et des hommes passionnés, dotés d’un réel savoir-faire acquis dans leur pays d’origine. Leur expérience comme ébéniste, potier, tailleur ou maroquinier n’est pas reconnue ici. En arrivant en France, ces personnes sont alors obligées de tout recommencer et de travailler dans les secteurs comme le bâtiment, la restauration, le ménage... Dans notre programme, nous proposons plusieurs actions. Nous créons des collaborations entre les artisans et les designers français. L’objectif est de créer une collection d’objets qui permet de valoriser et de faire la promotion de leur savoirfaire. La collection les aide à montrer leurs compétences et à les faire connaître. Nous leur faisons découvrir leur nouvel environnement professionnel. Nous organisons des visites dans des entreprises et des rencontres avec des professionnels. On propose également des ateliers de pratique artisanale. Les artisans animent ces ateliers où ils présentent leur savoir-faire au grand public et aux entreprises. Pouvez-vous nous en dire plus sur les ateliers de pratique artisanale ? I.M. : Ces ateliers permettent aux artisans de reprendre confiance en eux. Ils pratiquent la langue française et développent des relations humaines avec la société française. Ils sont en position d’acteur. L’objectif est qu’ils puissent retrouver un statut de professionnel. Pour intégrer notre programme, les artisans doivent maîtriser leur savoir-faire. Ce sont des personnes qui sont expérimentées, qui connaissent bien leur technique. On ne les forme pas dans leur métier. SEPTEMBRE 2018 N°24 |