8 Art et culture Larry Crowne Pastiche Hanks-Roberts sur le pouce Mathieu Côté- Desjardins Époque Times Bien des gens ne se fatiguent pas de Tom Hanks. D’autres affirment qu’un film avec cet acteur ne peut être que réussi. Ajoutez à cela que ce dernier en soit le réalisateur et coscénariste et c’est le bouquet, alors que Hanks décide d’aller chercher Julia Roberts ! Les probabilités mathématiques font que ce film risque de plaire à un très grand public et c’est à la croisée de ces carrefours que se trouve Larry Crowne, une comédie romantique optimiste et... de tradition. Tom Hanks a définitivement un penchant pour jouer les naïfs sympathiques et, dans le cas de Larry Crowne, il est plus fonctionnel et équilibré Mathieu Côté-Desjardins Époque Times L’Écomusée du fier monde et Maison Plein Cœur présentent Blanc de mémoire qui vient valoriser les 30 ans de lutte contre le sida. Cette exposition commémorative jette une lumière réjouissante sur une série de portraits du photographe Marc-André Goulet. Les intervenants posent dans un lieu public symbolique et Mercedes Tainot (Julia Roberts) et son étudiant Larry Crowne (Tom Hanks) sur le scooter de ce dernier. que Forrest Gump, mais rappelle son personnage de The Terminal. Le rôle de Larry Crowne nous ramène davantage dans le début de la carrière de Tom Hanks plutôt que livrent leurs témoignages. L’exposition est présentée jusqu’au 16 septembre à l’Écomusée du fier monde. « Dans les années 1980, ce fut un moment important où l’on a parlé beaucoup de cette crise, à une époque où j’avais à peine 10 ans », confie le créateur du projet Blanc de mémoire, Marc-André Goulet. « Dans mon adolescence, il y a eu un creux, je n’ai pas entendu parler de la maladie [sida] à l’école, ça Alliance Vivafilm dans ses derniers rôles sérieux dans les films blockbusters The Da Vinci Code, Angels & Demons, Catch Me if You Can. Julia Roberts soumet elle aussi le cinéphile à une ère de nostalgie puisque son rôle de professeure de collège démoralisée au caractère fort peut rappeler Erin Brockovich, film pour lequel elle avait remporté un Oscar. Le personnage cru de Roberts dégaine à l’occasion de bonnes répliques affûtées. Pour le reste, elle assure le public avec son charme et son talent déjà vu mille fois. Larry Crowne connaît son lot de personnages secondaires attachants, mais difficilement étiquetés, à savoir s’il s’agit de personnages authentiques ou hautement clichés. C’est dans cette zone grise que le tout a le plus de chance de passer incognito, sans compter que Larry Crowne traverse un courant estival toujours favorable à un film où l’originalité et la profondeur Blanc de mémoire Retour progressif à la vie éminente ne faisait pas encore partie de ma vie. À l’âge de 15 ans, j’ai un ami qui a été diagnostiqué porteur du VIH. Je me disais : « c’est quoi cette maladie ? » Je savais que c’était la mort automatique, que c’était tragique, que c’était une maladie grave, incomprise, pleine de préjugés, qu’il ne fallait pas en parler, mais sans trop comprendre tous les enjeux. Quatre ans plus tard, c’est le père d’une amie qui en avait été victime. Et là, le contexte était différent, ce n’était plus un consommateur de drogue, mais un père de famille. » « La maladie est revenue dans ma vie vers 20 ans. J’ai décidé d’aller au Burkina Faso, en Afrique, pour faire de la sensibilisation. J’ai découvert que la maladie avait de nombreux visages, qui se métamorphosent, qui nous renvoient des reflets de notre société, de différents milieux, de différentes cultures. Quand je suis revenu au Québec, je me disais qu’il fallait que je continue à m’impliquer pour parler de cette cause qui soulève de nombreux questionnements, tabous et intolérances. J’ai travaillé avec la Fondation québécoise du SIDA comme recruteurs de donateurs dans la rue. Suite à ça, étant un acteur et photographe et considérant que la cause me tient à cœur, je me demandais comment je pouvais faire pour faire interagir ces trois éléments ensemble ? » Marc-André Goulet a pris deux ans et quelques semaines pour élaborer et produire le concept de Blanc de mémoire. « À un certain moment, le projet m’a glissé des mains et c’est le cœur des gens qui y participaient qui a soulevé le projet là où il devait aller. J’ai fait des rencontres singulières qui m’ont amené à saisir l’importance de combattre et de croire à une cause, à lutter pour ce qui nous semble injuste », raconte Marc-André Goulet. 4 au 31 juillet 2011 ÉpoqueTimes ne sont pas « au top » des priorités. Des gags simplistes, parfois difficiles à résister, suffisent dans ce genre de production garantissant un box-office bien juteux. Le contexte dur de récession de l’économie américaine reste décoratif. On en reste au stade de la bougie d’allumage, tout comme la quête de simplicité volontaire du personnage de Hanks. Larry Crowne ne plaide pas pour une réforme en profondeur du système éducatif américain ou pour une revalorisation du rôle de l’enseignant. Il n’avance guère le message que tout un chacun devrait être davantage scolarisé. Il traite encore moins de la réalité étudiante tel l’incisif Breakfast Club. Tout ce qui aurait pu enrichir davantage le film Le Canada en chiffres Selon Marc-André Goulet, on a banalisé le sujet du VIH-sida ces dernières années et pourtant ce sont les jeunes qui sont très à risque. Au niveau de l’éducation qu’on en fait, c’est terriblement limité. Depuis 1979, 21 681 cas de sida ont été déclarés au Canada. En 2009, le nombre estimé de personnes vivant avec le VIH-sida était de 73 000. Environ 26% de ces personnes n’avaient pas reçu le diagnostic de leur infection. Chaque année, entre 2300 et 4300 nouveaux cas de VIH sont déclarés. Le groupe d’âge des 30 à 39 ans est celui où se présente le nombre le plus élevé de nouvelles infections, suivi de près par les plus de 40 ans. Parmi les cas déclarés, 26% sont des femmes ; ce taux augmente à 36,1% chez les femmes dans la trentaine. Les hommes gais ou les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes sont le groupe le plus affecté, soit 41,8% du total des nouveaux cas d’infection au VIH. Ce ne servait de prétexte qu’à mettre en scène le comment et le pourquoi Julia Roberts embrasserait Tom Hanks, révélé dans la bande-annonce. C’est l’enjeu principal du film. Une chose est sûre, c’est qu’on sait à quoi s’attendre dans Larry Crowne et c’est peut-être la force du film : c’est comme un tour de manège qu’on a fait des dizaines de fois et dont on ne s’est pas encore lassé. On sait très bien ce qui nous arrivera, mais on veut seulement revivre la sensation tant appréciée. J’imagine que louer quelques comédies avec Julia Roberts et quelques-unes de Tom Hanks, entremêler le visionnement et vous devriez être dans le même état émotionnel qu’en visionnant Larry Crowne. À voir si le soleil et la chaleur sont insoutenables. Marc-André Goulet Photo promotionnelle de l’exposition Blanc de mémoire taux est de 30,7% chez les hétérosexuels (Données de la Société canadienne du sida). Une lecture publique de témoignages Tout au long de l’exposition, les visiteurs sont invités à écrire un témoignage dans un recueil prévu à cet effet. Le mercredi 31 août à 18h, des comédiens feront la lecture publique de ces témoignages. Cet évènement grand public est une occasion de se réunir et se veut un moment de partage. Les activités se déroulent de 18 h à 19 h et sont suivies d’une discussion. Les participants peuvent également visiter l’exposition gratuitement de 17 h à 20h. Renseignements : 514 528- 8444 ecomusee.qc.ca Entrée libre, le mercredi 31 août 2011 sous réservations 514 528-8444 Pour en savoir davantage sur le travail de Marc-André Goulet : marcandregoulet.com |