8 Économie 1 – 15 FEVRIER 2013 David Cameron, ou l’Europe à quitte ou double Suite de la première page L’Europe apparaît donc comme le parfait bouc émissaire d’une opinion agacée par la perte de son pouvoir d’achat et une politique d’austérité sans précédent. Aussi, en affirmant que « les gens ont le sentiment que l’Union va dans une direction à laquelle ils n’ont pas adhéré... », « qu’ils vivent mal les interférences dans notre vie nationale, par des lois et règlements qu’ils considèrent comme superflus », David Cameron cède donc à l’aile nationaliste du parti conservateur et tente de regagner un électorat susceptible de le réélire en 2015. Ben Stansal/AFP/Getty Images « Si nous quittons l’Union européenne, ce sera un aller simple, sans retour », a dit David Cameron, Premier ministre britannique, le 23 janvier 2013 à Londres. L’Europe doit se réformer pour renforcer sa compétitivité Au-delà des ambitions électorales de David Cameron, la condition d’un maintien du Royaume-Uni dans l’UE repose pour lui sur cinq principes qu’il entend faire adopter lors d’une future négociation avec ses partenaires. En premier lieu, un approfondissement du Marché Unique européen, en particulier « dans le domaine des services, de l’énergie et du numérique » , qu’il estime insuffisamment développé. Il plaide également pour une « Union plus légère, moins bureaucratique », et capable de s’adapter à la diversité des aspirations de ses membres plutôt que de tendre vers une structure uniformisée. Ses troisième et quatrième principes reposent sur une diminution des pouvoirs législatifs européens en matière environnementale, sociale, criminelle et un renforcement parallèle du pouvoir et du rôle des parlements nationaux. Ceux-ci sont à ses yeux les vrais détenteurs du pouvoir démocratique. Enfin, après avoir rappelé que le Royaume-Uni n’adhèrera pas à l’euro dans le futur, David Cameron réclame une meilleure « équité » envers les non-adhérents à la zone euro. Pour David Cameron, l’Europe devrait pour l’essentiel se limiter à l’existence d’un marché unique, au sein duquel une zone euro pourrait exister, mais avec une cohésion politique et une délégation de pouvoirs envers les instances européennes limitées au strict minimum. Les Britanniques risquent de perdre beaucoup en quittant l’Europe « Si nous quittons l’Union européenne, ce sera un aller simple, sans retour », a-t-il ajouté. C’est donc bien un chantage avec menace de Brexit (pour « British Exit »). La presse britannique s’en est aussitôt félicitée, ainsi que quelques dirigeants très conservateurs, comme celui de Rolls Royce ou de Burberry. De nombreux dirigeants britanniques se sont cependant publiquement inquiétés de la possibilité d’une sortie de l’UE : ainsi, en présentant ses vœux, John Cridland, le directeur général de la confédération patronale (CBI) a déclaré : « Les entreprises ne veulent pas que l’on jette le bébé avec l’eau du bain, pas avec 50% de nos exportations en direction de l’Europe ». En effet, une sortie de l’UE signifierait une hausse immédiate des droits de douane, donc une perte de compétitivité des produits anglais en Europe. Du coup, les investisseurs étrangers qui profitent des taux d’imposition très bas du Royaume-Uni sur les bénéfices des entreprises (21% actuellement), pourraient être tentés de délocaliser vers l’Europe continentale. Même climat à la City, première place financière européenne et qui représente 9,6% du PIB britannique, où il y a un risque réel de voir son influence décliner sérieusement. Son prédécesseur, Tony Blair, en a profité pour comparer ironiquement David Cameron au shérif du film de Mel Brooks qui s’exclame, avec un pistolet sur la tempe : « Si vous ne faites pas ce que je dis, je me fais sauter la cervelle ». Côté européen, le discours a été froidement accueilli même si certaines critiques formulées par David Cameron sont recevables. Tout en regrettant la décision britannique, le président français François Hollande a estimé que « l‘Europe doit se prendre telle qu’elle est », mais la chancelière allemande Angela Merkel s’est quant à elle déclarée prête à discuter des « souhaits » formulés par le Royaume-Uni. Il reste que peu de pays européens sont tentés de renégocier un traité que leur parlement et population ont eu des difficultés à adopter. Vers une normalisation des conditions de financement dans la zone euro Lauren Smith La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé le 25 janvier dernier que 278 banques ont saisi l’opportunité de rembourser par anticipation un total de 137 milliards d’euros de fonds alloués en décembre 2011. Le montant de remboursements est supérieur aux estimations de marché qui tablaient sur un remboursement de 84 milliards d’euros le 30 janvier, selon une enquête de Bloomberg. Ce remboursement permet de réduire l’excès des liquidités sur le marché et marque une nouvelle étape vers le changement de régime du système financier dans la zone euro. Besoins de liquidités des banques moins importants Pour apaiser des tensions financières, dégripper le système bancaire et éviter le credit crunch (un LIBERTÉ DE LA PRESSE et humanité sont les principes fondateurs d’Epoch Times. Notre journal est né afin de combler le vide d’informaons objecves concernant les événements en Chine lorsque la propagande et la censure étaient au plus fort. Ayant personnellement été témoin de tragédies humaines comme le massacre de la place Tiananmen ou la persécuon du groupe spirituel Falun Gong, un groupe de Sino-Américains a commencé à publier Epoch Times en langue chinoise aux États-Unis, au risque de leur vie et de celles de leurs proches. Certains journalistes ont été emprisonnés en Chine, et d’autres ont subi de graves tortures avant de disparaître. L’intégrité et l’authencité des arcles associées à la couverture de sujets essenels à l’évoluon de la société sont les principes centraux d’Epoch Times. À travers le monde, Epoch Times est maintenant disponible dans 35 pays et en 21 langues. Son histoire a insufflé au sein des équipes un engagement inébranlable pour une informaon objecve et des praques commerciales socialement responsables, ainsi que le respect des droits de l'homme et des libertés. asséchement du crédit), la BCE a mis en place deux programmes de soutien aux banques de la zone euro appelées « opération de refinancement à long terme » (LTRO – Longer termrefinancing operation). Au total, la BCE avait prêté aux banques plus de 1.000 milliards d’euros en décembre 2011 (489 milliards pour 523 banques participantes) et février 2012 (529,5 milliards pour 800 banques participantes) avec pour l’objectif de soutenir l’activité de crédit aux entreprises et ménages. Ce montant a été prêté au taux de 1% et pour une durée de trois ans. Ces opérations d’injection de liquidités ont permis à certaines banques d’assurer le remboursement de leurs dettes arrivant à la maturité au plus fort de la crise et de limiter la contagion de la crise à tout le système financier. C’est à partir du 30 janvier 2013 que les banques européennes auront la possibilité de commencer à rembourser les montants empruntés pour le premier LTRO et à partir du 27 février prochain pour le second LTRO. Pour la première échéance de remboursement, c’est 28% du montant emprunté, il y a un peu plus d’un an, qui sont remboursés par plus de la moitié des banques ayant participé à l’opération. Les banques ont la possibilité de rembourser tout ou partie du prêt de façon hebdomadaire sous condition d’en avertir la BCE une semaine au préalable. L’excès de liquidité dans le système demeure encore supérieur à 600 milliards d’euros aujourd’hui contre 800 milliards d’euros au plus haut en juin 2012. Sur un horizon de fin mars 2013, les montants pouvant être remboursés sont estimés à 200-300 milliards d’euros. L’accès au financement de marché des États périphériques D’après les données de la BCE, les montants empruntés par des établissements financiers italiens et espagnols représentent L’annonce de remboursement de 137 milliards d’euro à la BCE a eu pour conséquence une hausse des taux interbancaires environ 60% des encours de deux LTRO, tandis que ceux de la France, de l’Allemagne, de l’Autriche, des Pays-Bas et de la Belgique sont de l’ordre de 30%. Dans le remboursement des fonds à la BCE à côté des banques les plus solides il y a aussi des établissements plus petits qui ont choisi de rembourser par anticipation comme par exemple les banques espagnols Sabadell et Bankinter. Ceci est de bon augure pour la continuation de réduction du risque systémique dans la zone euro et du stress bancaire d’autant plus que les pays fragilisés par la crise tels que l'Italie, l'Espagne et le Portugal, ont procédé avec succès à des émissions de titres souverains. L’Italie et l’Espagne ont retrouvé l’accès au marché de la dette de maturité longue. L’Italie a parvenu à émettre 6 milliards d’euros de la nouvelle dette à 15 ans avec un intérêt fort de la part des investisseurs étrangers. L’Espagne a placé 7 milliards d’euros sur la maturité de 10 ans à 5,40%, rencontrant une demande soutenue de la part des investisseurs. Enfin, le Portugal a réussi à placer 2,5 milliards sur la maturité de 5 ans au taux de 4,89% avec une demande de plus de 12 milliards. L’annonce de remboursement de 137 milliards d’euro à la BCE a eu pour conséquence une hausse des taux interbancaires et des taux de rendement de la dette des pays ‘cœur’de la zone euro, tandis que les taux de la dette des pays périphériques ont continué à se détendre, surtout les rendements espagnols suite aux commentaires du Ministre des finances espagnol qui a indiqué que les banques domestiques allaient rembourser des montants importants à la BCE. Ce regain de confiance des investisseurs pourrait être toutefois remis en cause par des incertitudes quant à l’ampleur des remboursements de LTRO à venir, des élections italiennes les 24 et 25 février prochains ou une éventuelle demande officielle d’aide européenne de la part de l’Espagne. 35 PAYS 21 LANGUES 01 45 86 41 95 – Epoch Times 83, rue du Château des Reners - 75013 PARIS Philippe Huguen/AFP/Getty Images 28% du montant emprunté en décembre 2011 sont remboursés par plus de la moitié des banques. |