8 Économie 16 – 31 JANVIER 2013 Le monde du commerce en proie à une profonde mutation CHARLES CALLEWAERT L’internet et l’e-commerce permettent au consommateur de faire jouer la concurrence. Ces vingt dernières années, en dépit d’une progression constante du chômage, la croissance de la France et du pouvoir d’achat des Français ont été maintenues à bout de bras grâce au déficit récurrent du budget de l’Etat et à un endettement devenu maintenant insupportable. Mais, sous l’effet conjugué de la crise économique et de l’irruption d’internet, le monde du commerce vit actuellement une importante mutation, probablement la plus profonde depuis l’arrivée des supermarchés il y a cinquante ans. La crise actuelle remet en effet profondément en cause le consensus social établi depuis la seconde guerre mondiale, et chacun prend conscience que son pouvoir d’achat ne pourra plus être maintenu dans les mêmes conditions qu’avant, ni pour tout le monde. Les Français touchés par la crise tentent donc de préserver leur appétit de consommation en modifiant leur comportement par une recherche systématique des produits au meilleur prix, et ceux craignant pour leurs économies sont tentés de différer certains achats. Preuve de cette pression des prix à la baisse et de la concurrence féroce qui en résulte, les grandes enseignes n’hésitent plus à faire de la publicité comparative sur les prix à la télévision. Le commerce dans son ensemble est à son tour touché de plein fouet par la crise, même si quelques rares segments, comme l’informatique ou l’alimentation, semblent encore tirer leur épingle du jeu. Une recherche systématique des produits au meilleur prix Parallèlement à cette contraction du marché, l’arrivée de l’internet grand public et du e-commerce au début des années 2000 a permis au consommateur de faire jouer la concurrence comme jamais. Les agences de voyage en ont été les premières victimes, mais la vague s’est progressivement étendue à la quasitotalité des produits. À l’aide d’un simple ordinateur, chacun peut non seulement vérifier les prix à tout moment et en tout lieu, mais commander en ligne et se faire livrer chez soi. Les difficultés de la Fnac et de Virgin, illustrées par la fermeture du Virgin Champs-Elysées, témoignent de la guerre commerciale acharnée sur Miguel Medina/AFP/Getty Images Les difficultés de la Fnac et de Virgin témoignent de la guerre commerciale acharnée sur le segment des produits culturels : livres et disques. le segment des produits culturels (livres, disques). Plus besoin de perdre du temps à courir au moins cher, ni à se fatiguer pour transporter ses achats. Parallèlement, la possibilité de commander directement au producteur permet de raccourcir les circuits donc les coûts de distribution, et de maintenir des marges élevées tout en garantissant des prix bas. Sur 2012, les ventes sur internet représentent 45 milliards d’euros, selon la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), soit déjà 7% du commerce de détail et la croissance du secteur est à deux chiffres, malgré la crise. Avec les nombreux camions de livraison qui sillonnent les rues, le secteur du transport est le premier à en profiter. Les magasins vides en hausse aux centres-villes Le producteur et le consommateur y trouvant chacun leur compte, il n’y a donc aucune raison de voir ce mouvement ralentir, au point qu’il est permis de s’interroger sur l’avenir du commerce traditionnel. Le petit commerce individuel ou spécialisé, qui se trouve en bout de chaîne de distribution, est ainsi de plus en plus menacé ou contraint de se réfugier sur des niches tel l’artisanat. Selon le PROCOS, qui est la fédération du commerce spécialisé, les magasins vides sont de plus en plus nombreux dans les centresvilles, avec une vacance moyenne de 7 à 8%, mais pouvant atteindre les 12% dans les villes moyennes comme Béziers, Nevers, ou Vichy. Parallèlement, les commerces en réseau (chaînes, franchises) résistent mieux à la crise (vacance de 4 à 5%), surtout lorsqu’ils sont situés dans des grands centres commerciaux (malls). Les petits centres commerciaux sont également touchés, faute de débit et de passage. On assiste ainsi à une concentration renforcée dans les grands centres commerciaux et autour d’importants lieux de passage comme les gares et les aéroports. De même, pour résister à la pression du e-commerce, ces centres se transforment eux-mêmes pour diminuer les temps d’attente des consommateurs. Par exemple, la rénovation de la gare SNCF de Saint-Lazare à Paris, qui draine quotidiennement plus de 500.000 personnes, et se trouve à proximité immédiate des Galeries Lafayette et du Printemps, s’est ainsi enrichie d’un grand centre commercial où les passants « pressés » peuvent commander et payer des jouets sur une borne « Toys’r Us », en scannant le QR code correspondant sur leur Smartphone. Alors qu’avec l’arrivée de l’euro, les zones de vente de produits détaxés ont quasiment disparu des aéroports, le renforcement des mesures de sécurité et l’allongement des délais d’embarquement ont conduit, contre toute attente, l’aéroport de Roissy à y développer une vaste zone commerciale très prisée des grandes marques. Autre exemple, avec le Les ventes sur internet représentent 45 milliards d’euros, soit déjà 7% du commerce de détail. centre commercial de Villeneuve-la- Garenne, où les passants pourront venir chercher des produits commandés sur internet d’ici fin 2013. Enfin, les grandes enseignes telles que Auchan, Carrefour ou Leclerc, qui ont également bien compris l’enjeu et les risques pour leurs hypermarchés, les transforment en Auchan-Drive ou les équipent pour diminuer les attentes en caisse et mieux accueillir les consommateurs. On peut se révolter contre la disparition du commerce traditionnel et cette tendance à retrouver toujours les mêmes produits dans des décors similaires et aseptisés. On peut aussi s’alarmer du risque accru d’isolement social induit par les commandes via un écran. Mais un refus d’adaptation à ce profond changement est trop souvent synonyme de perte irrémédiable de clientèle, donc malheureusement de disparition du commerce. Les partenaires sociaux finalisent un accord sur l'emploi LIBERTÉ DE LA PRESSE et humanité sont les principes fondateurs d’Epoch Times. Notre journal est né afin de combler le vide d’informaons objecves concernant les événements en Chine lorsque la propagande et la censure étaient au plus fort. Ayant personnellement été témoin de tragédies humaines comme le massacre de la place Tiananmen ou la persécuon du groupe spirituel Falun Gong, un groupe de Sino-Américains a commencé à publier Epoch Times en langue chinoise aux États-Unis, au risque de leur vie et de celles de leurs proches. Certains journalistes ont été emprisonnés en Chine, et d’autres ont subi de graves tortures avant de disparaître. L’intégrité et l’authencité des arcles associées à la couverture de sujets essenels à l’évoluon de la société sont les principes centraux d’Epoch Times. À travers le monde, Epoch Times est maintenant disponible dans 35 pays et en 21 langues. Son histoire a insufflé au sein des équipes un engagement inébranlable pour une informaon objecve et des praques commerciales socialement responsables, ainsi que le respect des droits de l'homme et des libertés. Suite de la première page Plus de souplesse aux entreprises Pour les entreprises, on relève une grande avancée vers plus de flexibilité, dont les points importants sont les suivants : ainsi, afin de maintenir l’emploi, une entreprise en difficulté pourra conclure localement un accord de deux ans d’ajustement du temps de travail et des rémunérations sans passer par un plan social. Parallèlement, en introduisant des délais maximum pour leur homologation et leur contestation, les plans sociaux négociés avec les syndicats seront facilités. De même, en cas de restructurations organisées au travers d’un accord d’entreprise, et sous réserve que les salaires et qualifications soient maintenus, les salariés ne pourront plus s’opposer à des mobilités internes. Par ailleurs, en matière de licenciements individuels, la règle de l’indemnité forfaitaire à l’ancienneté sera privilégiée (jusqu’à 14 mois de salaire pour 25 ans d’ancienneté), et il ne sera plus possible de contester un licenciement au-delà de deux ans. Enfin, les entreprises de moins de 50 salariés pourront expérimenter dans trois secteurs le contrat en « CDI intermittent », qui alterne les périodes travaillées et non travaillées. Taxation des contrats de courte durée Côté salariés, plusieurs concessions importantes ont été faites pour une meilleure sécurisation de l’emploi. Ainsi, les CDD de courte durée, jusqu’à trois mois, seront soumis à un complément de cotisation chômage. Par ailleurs, la convention avec l’Unedic sera renégociée courant 2013, pour garantir aux chômeurs un droit « rechargeable » à l’assurance chômage, afin de conserver le reliquat de leur assurance chômage en cas d’embauche. Les temps partiels seront de 24 heures minimum garanties par semaine, avec lissage possible sur l’année. On note également une avancée importante en cas de mobilité volontaire qui, pour les salariés ayant une ancienneté minimum de deux ans et issus d’entreprises de plus de 300 personnes, pourront « découvrir un emploi dans une autre entreprise » avec une assurance de retour à leur précédent employeur en cas de problème. Enfin, une voix délibérative est accordée à un ou deux représentants de salariés dans les organes de décision des groupes de plus de 5.000 salariés en France ou 10.000 salariés dans le monde. Qualifier cet accord d’historique serait exagéré, mais il s’agit sans conteste d’une importante avancée. Pour une fois, patronat et syndicats ne sont pas chacun restés campés sur leurs positions rigides et ont préféré le dialogue. La France commence enfin à se mettre au diapason de la plupart des autres pays européens, en particulier de l’Allemagne où le dialogue social existe depuis toujours, et dont les bienfaits économiques ne sont plus à démontrer. 35 PAYS 21 LANGUES 01 45 86 41 95 – Epoch Times 83, rue du Château des Reners - 75013 PARIS Bertrand Guay/AFP/Getty Images Les représentants du patronat et de la majorité des syndicats français sont parvenus à s’entendre sur une réforme de code du travail le 11 janvier 2013 à Paris. |