6 Chine www.lagrandeepoque.com 1 – 15 MARS 2011 ● La Grande Époque La pire sécheresse en 60 ans Selon les statistiques du gouvernement [chinois] parues le 28 janvier 2011, 7,7 millions de mu (5 160 millions de km²) de terres agricoles, 2,57 millions de personnes et 2,79 millions de têtes de bétail ont été touchés par la sécheresse. L’impact immédiat a été l’augmentation des prix des denrées alimentaires. En effet, son implication dans la sécurité alimentaire a poussé l’Agence Alimentaire des Nations Unies à émettre un avertissement en direction des marchés mondiaux des céréales. Malgré les sérieuses implications sociales et politiques de la sécheresse, il n’y a pas eu beaucoup d’inquiétude parmi les personnes infl uentes sur les plateformes du web chinois. La communauté publique en ligne a été dominée par des affaires urbaines, comme Wang Xiaojian le fait remarquer sur le microblog Sina : « Certains villageois ont frappé à ma porte et m’ont demandé si je pouvais les aider à inciter le département des ressources en eau à sauver les récoltes de blé. J’ai répondu que c’était inutile. Il n’y a pas eu de pluie dans les provinces du Shandong, du Heibei et du Henan depuis 130 jours, le blé d’hiver et celui d’été ne pouvaient plus être sauvés. Ma mère m’a demandé d’inciter le public à prêter attention aux problèmes agraires car nous souffrons de très maigres récoltes depuis les trois dernières années. Je lui ai dit que la question n’attirerait pas l’attention des gens à moins que la terre ne se fi ssure et que la sécheresse ne mette en danger des vies humaines et du bétail. Le département de l’irrigation ne s’y intéresserait pas et les personnes infl uentes des microblogs sont seulement trop occupées avec la campagne anti-enlèvements. » Un livre récemment publié sur Internet expose les mœurs légères des fonctionnaires chinois. C’est un avocat, chargé de cours à l’université pour la radio et télévision Zigong dans le sud-est de la Chine, qui a pris le risque de compiler les informations et de les diffuser. Objectif affi ché, attirer l’attention du public sur le comportement scandaleux des cadres du Parti communiste chinois (PCC) et « sonner l’alarme ». Parmi les 94 cas de fonctionnaires corrompus mentionnés dans son rapport, M.Yu Changke cite celui d’un cadre communiste ayant plus de 140 maîtresses, d’un autre qui a détourné 230 millions de yuans (23 millions d’euros), de nombreux autres dépensant des fortunes pour leurs maîtresses : un cadre a plus de 70 maîtresses et en recherche davantage, un autre rassemble ses 24 maîtresses annuellement pour élire la « beauté Dans l’est de la Chine. PETER PARKS/AFP/Getty Images Alors qu’un nombre de microblogueurs ont aidé à faire passer le message de Wang, il y a eu très peu d’écho. Sunwen Susan a commenté le message, faisant remarquer que les gens s’intéressent plus au marché immobilier qu’au développement agraire du pays, car le premier est plus profi table : « La province du Henan souffre toujours de la sécheresse. Dans la zone entre Kaifeng et Chengzhou, les terres agricoles ont été transformées en terrains immobiliers. Ils [le gouvernement et les urbanistes] pensent probablement que la sécheresse est arrivée à point nommé pour servir leurs intérêts. » Afi n d’attirer l’attention des gens sur la grave sécheresse, He Yanan a publié sur son microblog une photo montrant des enfants pauvres buvant de l’eau sale : « Regardez l’eau que ces enfants des régions affectées par la sécheresse boivent. Nous subissons à présent la pire sécheresse depuis 60 ans, de loin la pire sécheresse que la plupart d’entre nous verront de toute leur vie. Nous devons réagir en économisant chaque goutte d’eau. » Le blogueur Zhang Teimian publie aussi sur son blog certaines photos montrant la situation dans sa province d’origine, le Shandong : « Je n’ai pas grand chose à dire, je pleurais en prenant ces photos. Je suis né dans un village rural et je comprends l’importance des céréales pour les paysans. Maintenant je vis en ville mais je sais que la sécheresse est très grave. Chaque fois que j’appelle à la maison, mon père continue à me dire que le blé mourra si la pluie n’arrive pas bientôt. Ce n’est pas avant d’être revenu pour le Nouvel An chinois que j’ai véritablement ressenti l’impact sévère de la sécheresse. L’année dernière, bien que l’hiver a été froid, le blé était verdâtre. Cette année, le blé était jaunâtre. Selon le calendrier lunaire, la seconde partie de la nouvelle année lunaire est le ‘Printemps’ ; normalement, le blé commence alors à pousser, mais pas cette année… Quand on marche dans les champs, les pousses sont totalement sèches. Il n’y a pas eu de pluie depuis cinq mois… La sécheresse est dévastatrice. » Le blogueur Nanshan Daxian pense que la cause première du manque d’eau est liée à la philosophie du projet contemporain des ressources en eau et à la construction de barrages et de réservoirs : « Nous avons adopté la méthode que même Yu le Grand a abandonné il y a des millénaires. Nous traitons à nouveau le blocage de l’eau comme la clé pour la gestion des ressources en eau. Quand on regarde la carte, on peut voir que la plupart des réservoirs sont construits sur la partie aval des fl euves, empêchant l’eau de s’écouler. La construction des barrages hydroélectriques suit le même principe : [les barrages] bloquent la rivière et élèvent le niveau de l’eau pour générer de l’électricité. Beaucoup de rivières ont été asséchées à cause de ces projets et beaucoup de régions ont perdu leurs ressources en eau. Nos respectables experts des ressources en eau ont résolu le problème des inondations avec leur mode de pensée scientifi que, cependant, ils transforment aussi la Chine en un pays à court d’eau. » Global Voices Corruption et débauche des fonctionnaires en Chine : un avocat fait le point ÉDITORIAL NEUF COMMENTAIRES Neuvième commentaire Le développement économique du PCC est cher payé Si le PCC se vante sans cesse de ses progrès économiques, en réalité l’économie actuelle de la Chine est moins bien classée au niveau mondial que sous le règne de Qianlong (1711-1799) pendant la dynastie des Qing. Pendant la période de Qianlong, le PNB de la Chine s’élevait à 51% du PNB total mondial. Dans les premières années qui ont suivi l’établissement de la République de la Chine (Kuomintang) en 1911 par Sun Yat-sen, le PNB de la Chine s’élevait à 27% du total mondial. En 1923, le pourcentage est tombé, mais était encore supérieur à 12%. En 1949, lorsque le PCC a pris le pouvoir, le pourcentage était de 5,7%, mais en 2003 le PNB de la Chine n’atteignait plus que 4% du total mondial. En contraste avec le déclin économique pendant la période du Kuomintang - dû à plusieurs décennies de guerre - le déclin économique continuel pendant le règne du PCC est survenu en temps de paix. Aujourd’hui, dans le but de légitimer son pouvoir, le PCC est avide de succès rapides et de profi ts instantanés. La réforme économique boiteuse qu’il a entamée dans le but de sauvegarder ses intérêts a coûté cher au pays. La croissance économique rapide de ces 20 dernières années est en grande partie due à l’usage excessif ou même au gaspillage des ressources, et a été obtenue au prix de la destruction de l’environnement. Une partie considérable du PNB de la Chine est obtenue en sacrifi ant les opportunités des générations futures. En 2003, la Chine a contribué pour moins de 4% à l’économie mondiale, mais sa consommation d’acier, de ciment et d’autres matières s’est élevée à un tiers de la consommation mondiale. En Chine, depuis les années 1980 jusqu’à la fi n des années 1990, la AFP/Getty Images Un groupe de femmes dénonce la corruption à Chongqing, en Chine. désertifi cation est passée d’un peu plus de 1000 à 2 460 kilomètres carrés. La proportion de terres arables par personne a aussi chuté de 2 mu en 1980 à 1,43 mu en 2003. Le grand courant d’enclosure des terres pour le développement a fait perdre à la Chine 100 millions de mu de terres arables en seulement quelques années. Cependant, seuls 43% des terres confi squées sont utilisées. Actuellement le montant total d’émission d’eaux usées s’élève à 43,95 milliards de tonnes, dépassant la capacité environnementale de 82%. Dans les sept principales rivières, 40,9% de l’eau n’est pas potable que ce soit pour les hommes ou pour le bétail ; 75% des lacs sont pollués et leur eau manque d’oxygène, produisant un phénomène d’eutrophisation. Les confl its entre l’homme et la nature en Chine n’ont jamais été aussi graves qu’à notre époque. Ni la Chine ni le reste du monde ne peut supporter un développement aussi malsain. Trompé par l’éclat superfi ciel des gratte-ciel et des riches demeures, les gens ne sont pas conscients de l’imminence de la crise écologique. Quand le temps sera venu pour la nature de se venger des hommes, les conséquences en seront désastreuses pour la nation chinoise. En comparaison, la Russie, après avoir abandonné le communisme, a mené simultanément des réformes politiques et économiques. Après avoir vécu une courte période d’agonie, elle a entamé un développement rapide. De 1999 à 2003, le PNB de la Russie a augmenté de 29,9%. Le niveau de vie de ses citoyens a aussi augmenté de manière signifi cative. Les cercles économiques occidentaux ont non seulement commencé à discuter du « phénomène de l’économie russe » mais ont aussi commencé à investir à grande échelle en Russie, le nouvel endroit à la mode. Le classement de la Russie parmi les nations les plus attrayantes a fait un bond de la 17e place en 2002 à la 8e en 2003, rejoignant de l’année » avec laquelle il a obtenu le plus de satisfaction. En entrevue téléphonique avec The Epoch Times, M. Yu indique que la corruption est répandue parmi les fonctionnaires chinois. « C’est un problème social complexe qui implique de nombreux facteurs », explique M. Yu. « Mais c’est essentiellement un problème avec le système. » L’étude de M. Yu démontre que la corruption est présente à tous les niveaux, des hauts responsables aux cadres locaux. Selon la Commission centrale pour l’inspection de discipline (CCID) du régime communiste, il y a entre 150.000 et 160.000 cas de violation de la loi et de la discipline. Selon les données de la CCID en décembre 2008, « entre novembre 2007 et novembre 2008, 151.000 cadres ont été punis par les organes d’inspection et supervision de la discipline, dont 4.960 cadres plus hauts que le niveau de comté. » Néanmoins, le public estime que le nombre de fonctionnaires corrompus du PCC dépasse largement ces chiffres et que ceux qui sont punis ne représentent qu’une infi me partie, abandonnée par le parti pour préserver les autres. Wen Tiejun, doyen du département d’agriculture et de développement rural de l’université Renmin en Chine, a révélé en 2005 que chez environ 90% des cadres du PCC, le train de vie dépasse les revenus offi ciels. Un problème qui n’épargne pas les autorités de contrôle, rappelle le commentateur Li Jianmang, en citant le cas des 70 millions d’euros « trouvés dans la maison de Kang Rixin, un membre du comité de la 16 e Commission centrale pour l’inspection de discipline du PCC ». GAO ZITAN 90 167 002 de Chinois ont démissionné du Parti après avoir lu les Neuf commentaires sur le Parti Communiste. Ce mouvement de démissions reste pour le peuple un moyen d’expression non violent, apolitique et sans précédent dans la société chinoise. La Grande Époque publie un extrait traduit de cette série éditoriale chinoise dans chacun de ses numéros. pour la première fois de son histoire les dix nations qui attirent le plus les investissements. Même l’Inde, un pays qui dans l’esprit de la plupart des Chinois est lié à la pauvreté et secoué d’innombrables confl its ethniques, a bénéfi cié d’un développement accéléré et a atteint une croissance économique de 7 à 8% par an depuis ses réformes économiques en 1991. L’Inde dispose d’un système légal relativement complet d’économie de marché, d’un système fi nancier en bonne santé, d’un système démocratique bien développé et d’une mentalité publique stable. L’Inde a été reconnue par la communauté internationale comme un pays disposant d’un fort potentiel de développement. D’autre part, le PCC n’a engagé que des réformes économiques sans faire de réformes politiques. L’apparence trompeuse d’une économie fl orissante à court terme qui a créé l’illusion d’un système social, a entravé « l’évolution naturelle des systèmes sociaux ». C’est cette réforme incomplète qui a causé un accroissement du déséquilibre de la société chinoise et a renforcé les confl its sociaux. Les gains fi nanciers ne sont pas systématiquement protégés par les systèmes sociaux. De plus, dans le processus de privatisation des propriétés étatiques, les dirigeants du PCC ont tiré parti de leur statut pour s’enrichir. 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