Viens là que je te tue ma belle. Non, ce n’est pas un polar. La belle en question, c’est… l’adolescence du personnage principal qui, après être tombé par hasard sur un magazine musical, va plonger corps et âme dans le rock. C’est donc bien son adolescence qu’il va tuer à coups de concerts débridés, de nuits blanches, de cuites mémorables et d’autres moins glorieuses, de lectures aussi, de remises en question, de MSN, de Myspace, et de rencontres On est loin – p… ça fait du bien – de la Star Ac’, des 15-20 ans clonés et des joggings-baskets. Le personnage, très autobiographique, rêve de Lautréamont et des White Stripes, tout classieux dans ses boots, ses slims et ses chemises à boutons de manchette. Un roman d’initiation générationnel, alternatif si l’on peut dire, mais complètement à l’opposé du style roots. L’auteur est né en 1992 (faites le compte), ça va peut-être vous inspirer vous aussi. Boris Bergmann, Éditions Scali, 159 pages, 19, 50 €. BD Voyageur – Futur T2 Ce deuxième tome recèle moins le souffre mystérieux qui nous avait tant plu dans le premier volume. Mais on commence à discerner quelqu'unes des mailles autour desquelles se noue une intrigue temporelle particulièrement chiadée. En deux mots, les deux garçons échappés de la fondation du tout-puissant Markovic, commencent à maîtriser leurs pouvoirs et à se téléporter où bon leur semble. Et on se prend à penser que l’un des deux ne fait peut-être qu’un avec le mystérieux Vedder… Vivement le troisième volume. Boisserie – Stalner/Guardino, Glénat, 48 pages, 12,50 €. Le coin des poches C’est pas de l’actu mais on a vachement aimé Azteca Plongez dans l’apogée et l’agonie de l’empire Aztèque, et accessoirement dans un pavé de 1000 pages qui se lit tout seul. Une histoire méconnue, un dépaysement total, de l’épique, de l’humour, du sexe, de la violence… Pour une fois que le décor d’un roman historique sort du Moyen Âge, de l’âge classique et surtout d’Europe ou de Méditerranée, ce serait dommage de s’en priver. Certes 1000 pages, ça fait beaucoup, mais il fallait bien ça pour suivre les tribulations d’un personnage à travers les yeux duquel, de son adolescence au crépuscule de sa vie, on assiste, spectateur transi, à l’effondrement en quelques dizaines d’année, sous le joug conquistador, d’une des plus puissantes civilisations précolombiennes. Gary Jennings, Le Livre de poche Fatherland, 1964. Et si l'Allemagne nazie avait gagné la Seconde Guerre mondiale ? Et si Hitler était en passe de signer un accord public avec une Amérique présidée par le très conservateur père Kennedy ? Rassurez-vous, aussi qu'effrayante que soit cette hypothèse, le propos du roman est on ne peut plus « politiquement correct ». Au contraire même, l'enquête que mène un officier de police allemand sur les étranges disparitions d'officiels nazis qui ont participé à la conférence de Wannsee, où s'est décidée la terrible solution finale, nous amène, dans une atmosphère grise à souhait, à découvrir quelle chape de plombaurait pu tomber sur la mémoire de la Shoah si le cours de l'Histoire avait été différent. Uneuchronie (histoire parallèle fictive) réussie qui donne à penser sur les liens entre l'Histoire et la mémoire. Robert Harris, Pocket EPICURE #3 — novembre 2007 } 27