rd Farkas.Qui est le JOUETS + Naissance d 1 un géant européen après la reprise de Majorette par le groupe Idéal Loisirs sauveur de Majorette ? Mais qui donc est cet inconnu de 47 ans qui vient de s'emparer de Majorette, hier encore l'un des fleurons du jouet français ? Faisant irruption, du même coup, dans le top ten des géants mondiaux du jouet. Pas un de ces "Jurassiens" élevés dans la plastic-valley après avoir été les pionniers du jouet en bois. D'ailleurs, aucun n'était sur les rangs. Non, Bernard Farkas est un homme d'import-export, doué d'un fabuleux flair, et qui depuis 8 ans qu'il vole de ses propres ailes, joue les francs-tireurs. Devant le tribunal de Commerce de Lyon, ses engagements écrits, la respectabilité de ses actionnaires et bien sûr ses profits ont fait la différence face à des prétendants moins convaincants : France Cartes (108 MF de CA) n'avait pas la taille, Lubeck Investissement manquait d'expérience industrielle, Alain Thirion présentait une trésorerie trop précaire. Sans faire de bruit mais au pas de charge, cet homme de marketing et de distribution s'est taillé un petit empire dans le monde du jouet. Grâce au petit pactole qu'il récolte de l'importation d'un jeu à succès, le célébrissime Rubik's Cube, ce diplômé de l'ISG rachètera, en 85, la branche jouets de la filiale française du groupe américain CBS -CBS Loisirs- dont il était devenu vice-président Europe à 40 ans. Ce sera le point de départ d'une aventure entrepreneuriale menée tambour battant : parti d'un CA de 86 MF, ce boureau de travail franchit 7 ans plus tard la barre du milliard de CA à la faveur de son dernier coup de filet (750 MF en 92 hors Majorette). Un développement alimenté autant par les acquisitions que par la croissance interne et financé par les beaux profits -17 MF pour un CA de 86 MF que génère l'entreprise depuis sa reprise. En deux fois, Bemad Farkas fera ses emplettes essentiellement en France et en Angleterre. En 86, il avalera ainsi tour à tour Buckingham Toys, Pipo, Educalux et Création Perier. En 89, il poursuit son expansion avec le rachat du Britannique Spearhead. Parallèlement, des filiales sont créées : Loisirs Sélection en 88 (importation directe de produits fabriqués en Asie), 3 filiales industrielles à Hong-Kong et en Tha"1lande (en 89) et 3 filiales européennes en 91 et 92 : Espagne, Allemagne et Benelux. ENTREPRENDRE -MAI 1993 Formé à l'école américaine, les méthodes de ce jeune manager vont faire merveille dans un univers où les sociétés, nées pendant l'entre-deux guerres, souffrent parfois d'archaïsme. N'est pas Smoby qui veut. Anticipant les tendances qui vont révolutionner le monde du jouet (arrivée des jeux électroniques, mondialisation des marchés...) Bernard Farkas va bâtir son succès sur deux idées simples : une gamme de produits la plus variée possible -avec 200 nouveautés chaque année ! • et des débouchés mondiaux pour amortir les coûteux investissements en communication (10% du CA). Ce n'est pas un hasard si le siège du groupe est installé à Roissy... Une recette marketing que Bernard Farkas va agrémenter d'une règle d'or du management : savoir s'entourer. Au plan de ses collaborateurs, tout d'abord, où il place méthodiquement des gens de métier aux postes clés. Au plan de ses partenaires financiers, ensuite, dont il saura attirer les plus prestigieux à son tour E de table : le GAN, l'UAP, la Banque Lazard ! n sauvant 500 emplois et en offrant une deuxième chance à la plus célèbre de nos marques de jouets, Bernards Farkas est incontestable ment entré dans la cour des grands de son secteur. A-t-il pour autant gagné ses galons de grand patron ? Cela dépendra de sa capacité à briller dans tous les aspects de sa nouvelle fonction. A commencer par la communication, exercice pour lequel cet adepte du "pour vivre heureux, vivons caché" a jusqu'à présent montré peu d'entrain. Mais aujourd'hui, un patron qui se targue d'être le leader européen sur un secteur aussi grand public que le jouet peut-il continuer à raser les murs ? Il est certaines activités -fiertés de notre savoirfaire national- qui requièrent, sinon des ambassadeurs, tout au moins des diri- geants réactifs et disponibles.,.,...-._. Réussir l'intégration et la restructuration de l'industriel Majorette est le 2è challenge qui attend notre repreneur. Et là, son talent à détecter l'homme providentiel -en l'occurence pour la productionlui sera plus que jamais nécessaire. Même s'il réussit à s'imposer comme un fédérateur et à s'améliorer comme communicateur, restent les interrogations sur la Bernard Farkas, Pdg-propriétaire d'Idéal Loisirs depuis 1985, vient de reprendre la finne d'Emile Véron (médaillon) pour 85 MF. Un joli coup de filet qui propulse cet entrepre­ nationalité, à terme, de l'ensemble nouvellement constitué. N'appartenant pas à une dynastie familiale où le jouet se transmet de père en fils et la Bourse n'étant pas sa tasse de thé, Bernard Farkas a fait entrer à hauteur de 37,5% un puissant partenaire coté à la Bourse de Tokyo dans sa holding de tête. Un trésor de guerre bien venu -180 MF- qui lui a permis de financer le rachat de Majorette (85 MF) et son expansion européenne tout en s'ouvrant les portes du marché américain. Mais il est aussi évident que demain, une fois la situation de Majorette assainie, Playmates sera le mieux placé pour prendre le contrôle d'une précieuse tête de pont européenne. Ses légendaires voitures miniatures détrônées par les Tortues Ninja... Emile Véron n'est peutêtre pas au bout de ses désillusions. Marc Chamorel