166 Entreprendre Rencontre Michel Clerc avec Charlotte d’Ornellas Charlotte d’Ornellas, journaliste engagée à droite, et fière de l’être « Je n’ai jamais cru une demi seconde que le journalisme pouvait être neutre. » « Ce que je reproche à mes confrères, ce n’est pas d’avoir des convictions mais de ne pas l’avouer. » Cette Orléanaise de 30 ans n’a pas sa langue dans sa poche. Elle a co-fondé SOS Chrétiens d’Orient, et n’hésite pas à prendre parti de manière ferme. Certains la cataloguent même d’extrême... Vous réalisez des interviews pour le site Boulevard Voltaire et vous ne faites pas mystère de vos convictions. Qu’est-ce qui vous a poussé à opter pour la carrière de journaliste ? Charlotte d’Ornellas : C’est un peu le hasard, en fait. Et la curiosité. A la base, je voulais enseigner la philosophie. Et puis je suis partie un an en Australie, où j’ai travaillé pour le Centre International des Médias. J’ai alors commencé à me poser la question du journalisme, avec ce même désir de transmission que dans l’enseignement. On était en 2007. J’ai ensuite fait l’I.F.J. (Institut Français de Journalisme), à Paris, et puis des stages, chez Direct 8, Valeurs Actuelles, La Nouvelle République du Centre Ouest et L’Orient-Le Jour, au Liban. C’est là qu’est née ma passion pour le Proche-Orient. Les mouvements nés de l’opposition au Mariage pour tous ont-ils eu une influence sur votre engagement ? La Manif pour tous a créé beaucoup de petits groupes, qui se sont dit : on va réinvestir le monde culturel, on va retrouver notre fierté du patriotisme, même à contre-courant. Le sujet du mariage pour tous, comme celui de l’immigration d’ailleurs, ont d’une certaine manière accéléré le clivage qui existait dans la société française, comme ils ont accentué le mien avec le monde médiatique. Je n’ai jamais cru une demi seconde que le journalisme pouvait être neutre. On a tous une histoire, une éducation, des passions, des caractères qu’on préfère à d’autres. Pour ma part, j’ai décidé d’assumer le fait de ne pas être neutre. Mon pays, ma famille, ma civilisation ne seront jamais moins importants que ma carrière de journaliste. S’il y a des choses qui peuvent les mettre en danger, je ne les tairai pas. Ce que je reproche à mes confrères, ce n’est certainement pas d’avoir des convictions mais c’est, le plus souvent, de ne pas l’avouer. Je pense pourtant que c’est plus honnête pour le lectorat. Et ça pourrait même enrayer, au moins pour une partie, la crise de la presse qui n’est pas, pour moi, qu’économique. Diriez-vous que le clivage droite/gauche est aujourd’hui obsolète ou, au contraire, qu’il n’a jamais été aussi pertinent ? Je pense surtout qu’il ne se situe pas là où on le croit. Il n’est effectivement pas dessiné dans le monde politique, les partis qui |