Vive le commerce Par Robert Lafont Il est devenu roi de la literie Le 2 septembre Roi de la literie sans s'endormir Il se définit un peu comme l'Afflelou de la literie. D'ailleurs n'est-il pas l'un de ses meilleurs amis. En commun, une origine pied-noir affublée surtout d'un sens inné du commerce... à moins que ce soit un pléonasme ? « Penser chaque jour à des idées nouvelles pour faire rentrer dans nos boutiques d'avantage de clients aujourd'hui qu'hier » la phrase du célèbre opticien me revient à l'oreille. Il l'avait prononcé lors de la remise de son titre d'Entrepreneur de l'année en présence de Renaud Dutreil, (ancien ministre des PME devenu aujourd'hui VRP de luxe de Louis Vuitton aux USA), et ça avait fait mouche. Aujourd'hui, Pierre Elmalek, c'est de lui dont il s'agit, est devenu leader de la distribution de literie (crée en 1980, la Maison de la Literie et Dosrama trustent avec leur 250 magasins une bonne part d'un marché estimé à 700 millions). Ce fils de grossiste algérien, qui a tout perdu lors de l'indépendance et dû redémarrer avec une petite échoppe à Saint-Denis en banlieue parisienne, m'explique qu'il ne croit qu'à l'emplacement et à l'implication des hommes. En fait, en se spécialisant sur le lit et uniquement sur le lit, ce marchand au verbe enthousiaste a su anticiper sur un phénomène de société : « les jeunes couples ne démarrent plus dans la vie avec un salon de Pierre Elmalek est un autodidacte pur sucre, cela ne l'a pas empêché de faire de la Maison de la Literie le leader européen. meubles en chêne comme ils le faisaient il y a encore vingt ans, mais ils auront toujours besoin d'un lit »... Un constat de simple bon sens dans un monde rempli de grandes théories successives mais qui fait que ce secteur marche et où bizarrement à part le vénérable « Lit national » ou « L'univers du sommeil », on trouve peu de géants, même si PPR s'y essaya un temps avec Nuitéa et quelques pertes. Un créneau sûr, un marché atomisé sans vrai leader ; voilà une des clés du succès pour Pierre Elmalek qui m'explique avoir beaucoup plus du mal à dénicher des vendeurs à Paris qu'en Province. Allez savoir pourquoi ! Quittant « la Rotonde » vénérable brasserie du XVl'arrondissement, le prince de la chambre à coucher s'avoue être bluffé par le parcours du PDG de Monceau Fleurs, son jeune confrère, Laurent Amar, 39 ans, qui, le jour même, reprenait Rapid Flore pour devenir n°1 mondial de la distribution des fleurs... En France, il reste encore quelques 17 000 fleuristes indépendants. Qui a dit qu'il n'y avait plus de perspectives... La force des « sous-diplômés » Dans ma voiture, je pense à ce que m'avait dit, le matin même, Olivier Gast, 51 ans, avocat leader de la Franchise qui me confiait son incapacité à devenir un Yves Rocher ou un Le Duff justement parce que pas assez « impitoyable sur l'homme justement ». Une trempe que « seul un titre de Bac moins 5 peut vous autoriser tant le diplôme et les études tendent à éliminer tout ce qui pousse l'individu à risquer, oser ou vouloir ». « En fac, on vous apprend à craindre, cela conduit à ne rien faire ». Bien vu l'avocat... Cela me rappelle la phrase d'un chef d'entreprise américain. Vous savez à quoi on reconnaît un Français aux Etats-Unis ? : « c'est celui qui quand on lui présente quelque chose qui marche vous rétorque que si ça le fait en pratique, ça ne le fait pas forcément en théorie... » Éclat de rire général... Bon, ne vous inquiétez pas, on est bien mieux que ce qu'en disent généralement les américains. Robert Lafont 5