Endemix n°16 sep/oct/nov 2016
Endemix n°16 sep/oct/nov 2016
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°16 de sep/oct/nov 2016

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Le Poemart

  • Format : (200 x 283) mm

  • Nombre de pages : 40

  • Taille du fichier PDF : 5,4 Mo

  • Dans ce numéro : numéro spécial danse.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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p. 32 ENDEMIX n°16 septembre - novembre 2016 Critiques musique SOL Paul Wamo Sol, Paul Wamo, autoproduction, 2016 Après avoir dompté le feu pour qu’il l’accompagne dans ses voyages, l’Homme s’est assis à côté pour se détendre un peu. D’après les sources (pré)historiques, c’est à ce moment-là qu’il commença à jouer de la guitare, pour magnifier ses joies et ses peines... Doulen, Joémy et Esteban Batista, le petit dernier de 10 ans, sont habitués à partager dans les restaurants de Nouméa leur conception d’une musique gitane improvisée, grande ouverte aux influences du monde (cocktail initial de flamenco et de rumba camarguaise). Avec Al Compas de Fuego Ritano, le groupe familial nous délivre une superbe invitation à voyager. Dix titres qui oscillent entre rythmes (« compas » en espagnol) enlevés (« Je ne peux pas venir ce soir », « Buracho ») et compositions plus mélancoliques qui convoquent parfois d’autres instruments (ainsi du violon sur l’instrumental bien nommé « Suavemente » et sur « Le silence AL COMPAS DE FUEÇie PITANO 4 par Sylvain Derne Al Compas de Fuego Ritano Fuego Ritano Al Compas de Fuego Ritano, Fuego Ritano, autoproduction, 2016 Paul Wamo, slameur, acteur et « icône calédonienne », est parti relever il y a presque deux ans un pari audacieux. Celui d’arpenter le vieux continent, les scènes et les classes de France, pour y partager sa parole féconde. Sol, EP six titres qui a bénéficié des arrangements de David Leroy, puis de la révision et du mixage de Lionel Gaillardin (arrangeur et mentor de chantres de la nouvelle chanson française comme Benjamin Biolay ou Keren Ann...), était un peu annoncé comme un jalon dans la carrière de l’enfant prodigue devenu grand. Avec « Le Kaillou », ça commence fort. La voix vibrante du poète résonne sur l’orchestration tout en profondeurs, colorée, qui mêle au didgeridoo l’harmonica, au saxophone les bambous. Les images évocatrices nées de la langue dansent au milieu de cette savante alchimie sonore  : « … Et puis c’est triste un mardi avec des bleus dans le ciel/On dirait que le jour va finir par mourir, et que la nuit va prendre sa revanche… ». Mais ensuite Sol tourne un peu au buffet, avec du tiède et du réchauffé, sur lequel pourraient piocher ceux qui ne connaissent pas l’univers de Paul. Deux morceaux sont des réinterprétations de textes bien connus, « Noir noir » et « Je reviens » (ce dernier étant par ailleurs proposé en drehu dans un beau registre nostalgique, étayé par l’accompagnement aux guitares, qui rappelle les douces mélopées des Loyauté). « Petit pays krois » et « Nous nous souviendrons » pèchent par des textes convenus, qui se veulent politiques mais restent assez superficiels (« disons merde à la mort et oui à l’amour »). Les chœurs se réfèrent aux taperas par instants, mais ne sont guère convaincants sinon. Au final, ces quinze minutes de Sol sont loin d’être désagréables. Mais ce projet, peaufiné sur le plan instrumental et la production, manque d’audace artistique et d’inspiration, deux qualités dont on sait cependant Paul Wamo très bien pourvu. PI de tes mots » aux textes très émouvants). L’hommage à « Santa Sara », qui veille sur les Gitans camarguais, s’emballe progressivement pour finir sur les chapeaux de roue. Quelques morceaux nous séduisent moins (ainsi de « Celtik Dreaming », à la mélodie et aux arrangements plus artificiels), mais on ressort de l’écoute conquis par la virtuosité des guitaristes, et le timbre grave, rauque, de Doulen. Sa voix sublime la langue de Paco de Lucia et rappelle parfois celle de Tonio, le chanteur des Niños de Sara, groupe gitan originaire de la région montpelliéraine, tout comme les Batista. Los Niños ont notamment accompagné des sommités du flamenco comme Manitas de Platas, disparu en 2014 à 93 ans... Ce dernier était le beau-père de Doulen et grandpère de Joémy. Les musiciens ont rendu le monde petit, et grâce à des gardiens aussi éminents, le « feu gitan » qui a traversé les océans n’est pas près de s’éteindre.
%0 Soul Therapy Soul Sindikate & Dub Trooper Il y a une richesse dont le cours est moins volatil que celui d’un certain minerai vert ; non cotée en bourse et pourtant sans prix pour les mélomanes ; raffinée sur le Caillou et inépuisable, enrichie d’alliages en provenance du vaste monde. Le reggae calédonien se porte mieux que jamais ! La corporation a son Sindikate, qui depuis sa fusion avec le Dub Trooper en 2004, a aligné les albums à haute teneur en tubes. Voici Soul Therapy, cinquième exercice qui ravira les amateurs de roots, sublimé d’arrangements dub électroniques intelligents, de subtils métissages stylistiques laissant la part belle aux cordes et aux cuivres. Dix-sept titres condensés (seules deux chansons dépassent les quatre minutes), au rythme haletant, à la production impeccable, aux chœurs masculins qui escortent le chant. Sur les six compositions en français aux textes fertiles, le timbre voilé de Rémy Villemain-Goyetche arrime solidement les syllabes à la rythmique. Les messages universels évoquent l’absence d’êtres chers (« Soon Come », « Étoile ») , quelques réflexions Jalousie Vevelan Jalousie, Vévélan, Mangrove Production, 2016 Soul Therapy, Soul Sindikate & Dub Trooper, autoproduction, 2016 sociétales (« La misère », « Et si ») , mais aussi des thèmes plus spirituels (« Really », « Strong is my pain » ou le très onirique « Hobgoblin Dub »). Quelques rares propositions convainquent moins, par un manque de relief dans la mélodie (ainsi de « One Day » qui finit par s’égarer dans la profusion instrumentale). Mais, qu’ils explorent des sonorités plus latinos (« La rumeur ») , puisent aux sources du rocksteady ou se réfèrent à l’ambiance acoustique des nyabinghis, ces percussions rituelles rastafari, dans « Firefly », les treize musiciens du groupe nous administrent avec un même bonheur leur Therapy. Soulignons aussi au passage le très beau travail graphique pour la pochette de l’album, signée par Fly. Notons enfin que derrière cette pépite artistique, il y a aussi une belle action  : le groupe s’est rapproché de l’association Plein Soleil qui œuvre pour la prévention contre le suicide, avec laquelle il partagera les recettes de l’album, en vente sur les plates-formes en ligne iTunes, Fnac.com et cd1d.com et en format CD à partir de septembre 2016. Un album tous les deux ans  : Hervé Waheo, dit Vévélan, musicien prolifique, maintient son rythme soutenu avec Jalousie, troisième album solo. S’inscrivant dans la continuité du précédent opus My Family, l’album est à la croisée des genres, à l’image de son architecte à la croisée des chemins (entre les îles de Drehu et Nengone, jusqu’à Toulouse qui fut la ville adoptive d’Hervé pendant onze ans). Hormis les tubes aux cadences zouk et biguine, taillés sur mesure (« Bouger Bouger » et « Baby Love ») , les compositions s’aventurent franchement du côté du folk mélanésien (comme le superbe « Wawaly Neköng Hniminang » qui évoque le son Béthela, ou « Jua é Hnawé », déclaration d’amour à la tribu de Xodre à Lifou). En revanche, « Wa Uyegu » a un petit air de « déjà entendu », et « Hnanim », à la mélodie fade, finit par causer une indigestion instrumentale chez l’auditeur (trop de claviers et de cordes emmêlés...) ! « Yala Roionelo » restera notre coup de cœur. Le titre évoque avec maestria l’inspiration du regretté Lucky Dube  : pulsation reggae soutenue par des chœurs féminins dynamiques et omniprésents, envolées de la chaude voix de Vévélan, jusqu’aux motifs à la guitare électrique qui rappellent le maître sud-africain... p.33 Critiques musique ENDEMIX n°16 septembre - novembre 2016



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