Endemix n°14 mar/avr/mai 2016
Endemix n°14 mar/avr/mai 2016
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°14 de mar/avr/mai 2016

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Le Poemart

  • Format : (200 x 283) mm

  • Nombre de pages : 36

  • Taille du fichier PDF : 3,3 Mo

  • Dans ce numéro : comment financer la culture ?

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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p. 28 ENDEMIX n°14 mars - mai 2016 Critiques musique musique locale Goon Kat) Cada Quelques oiseaux a cappella acoustique d’Angelo Fisdiepas, l’un sur le souffle continu de la des trois compositeurs. rivière, et puis soudain le Le superbe « Jour des grands » rythme entêtant des bwanjep aborde le fléau social et familial que qui monte et annonce le début des peut devenir l’alcool, et intègre à réjouissances… Ainsi Cada rompt un la fin de la chanson une séquence « silence studio » de plus de cinq ans, d’échanges pris sur le vif, entre un avec « Jakhule’lu », premier morceau mari de retour bien trop tard à la de l’album Goon Kat – le zénith en maison et sa femme, belle façon de langue fwai du littoral de Hienghène. laisser le « réel » faire irruption Si les percussions traditionnelles dans la chanson. Les textes, chantés s’intègrent toujours à la trame en fwai et en français par Jeanrythmique du groupe, elles se font Mathias avec une sorte d’aisance plus discrètes que dans les trois souriante caractéristique, racontent opus précédents  : les instruments les histoires des environs de électriques prennent le pas. Mais il Wââjik, abordent des questions y a bientôt vingt ans que le groupe d’ordre environnemental, ou parfois se connaît, et une telle complicité plus moral (tel le très intéressant Cada, Goon Kat, éd. Studio Mangrove, 2015 contribue à l’excellente maîtrise « Politiquement correct »). Le phrasé instrumentale de l’ensemble. de l’aîné des trois frères Djaiwé Le kaneka de Cada, alerte et adepte des changements de dans le groupe est toujours incisif, escorté par des chœurs tempo, joue parfois avec les références au zouk et au reggae dynamiques où la parité est respectée. L’album se conclut par (le jubilatoire « Pilapin ») , et parfois évoque certaines sonorités l’étourdissant « Hwan Yaat Pe Nei o’n », ballade où le fwai et le de nos voisins Ni-Vanuatu (ainsi de « Pe Hina Nei », dont français se mêlent pour un message d’espoir. les claviers « flûtés » rappellent un peu le groupe Islands). Dans la chanson « Le Temps » tirée du précédent album, Cada À propos de claviers, Yoan et YannBoanou ont « apprivoisé la nous avait prévenus  : « Du temps pour travailler, je n’en ai bête » et en usent avec sobriété, renforçant des mélodies jamais jamais assez ». Si c’est pour nous proposer des albums d’une écrasées par les rythmes. La section cordes n’est pas en reste, telle facture, nul doute que les fans du groupe sauront rester avec le ukulélé de Ritchi Boanou en arrière-plan ou la guitare patients ! Source de vie) Popai par Sylvain Derne En langue paicî, le mot « popaï » désigne la parole. C'est aussi le nom d'un groupe de la tribu de Goa à Ponérihouen, porté par la dynamique de générations successives de jeunes musiciens, épaulés par les anciens. On lui doit depuis vingt ans quelques cassettes et albums (sa version du célébrissime « tube traditionnel » « Mademoiselle » fut un beau succès !). Avec Source de vie, le résultat n'est pas toujours convaincant. Les morceaux s'étirent en longueurs (sept sur douze dépassent les cinq minutes) qui finissent par devenir éprouvantes… Excepté sur « Pilou Vibration » ou « Pô Kärä napô » dont la base rythmique et les chœurs masculins produisent un effet hypnotique chez l'auditeur. De manière plus générale, le chant est approximatif et les motifs au clavier peinent à se renouveler. Une belle ballade, hommage à la mémoire de Tein-Lor, clôt cependant l'album sur une note émouvante. On peut également souligner le bel effort graphique de la pochette de l'album, et les explications qui accompagnent la démarche des musiciens. Mais Source de vie aurait sans doute gagné à bénéficier d'une direction artistique pour plus de cohérence. Popaï, Source de vie, éd. Studio Alizé, 2015
) oie La musique selon Jyssé serait un peu comme le tressage de liens invisibles, par-delà les distances, le temps et la mort. Ainsi Espérance, intense deuxième album solo après Sudrehu sorti en 2012, est empreint d’une nostalgie dictée par le souvenir de disparus chers au cœur des habitants de Xodrë, à Lifou. La mémoire de Dick Ukeiwé, grand-père du chanteur et sénateur de Nouvelle-Calédonie dans les années 1980, est honorée par la première chanson, qui donne son nom à l’album. Les morceaux « Nona » et) Espérance JyssE Ma Nature « Jyvess » (membre fondateur du groupe Oriatal, ancienne formation de Jyssé) sont autant d’hommages à des proches partis trop tôt. Le trentenaire poursuit également sa mission de messager, en drehu et en français  : la religion, la réflexion sur les tentations modernes, les amours évanouies… Jyssé a l’âme d’un aventurier du son, entre références variété, folk, kaneka (« Kaneka Muzik », beau clin d’œil aux pionniers tels Vamaley), voire dance (« Loretta », pépite vitaminée aux arrangements de David Leroy). Certaines des douze compositions sont un peu chargées et auraient peut-être gagné à plus de simplicité instrumentale. Mais avec « Oriane », Jyssé offre le micro à deux très jeunes chanteurs pour une ballade jouissive au refrain entêtant. en français, vamale ou anglais sont parfois amusantes, comme) ai sur le morceau introductif écrit à la première personne du Paladje point de vue de Mère Nature  : « Maintenant je vais vous La région de Tiouandé, au nord demander, à vous qui m’exploitez, de Touho, est célèbre pour de bien vouloir danser au rythme ses grands rochers calcaires du reggae… ». Parfois empreintes recouverts de végétation, qui de tristesse, avec « Pour Elle », donnent au paysage une dimension déclaration d’amour vouée mystique… Les groupes musicaux de à l’échec sur un air de valse la tribu contribuent également à la tahitienne. Parfois, enfin, plus réputation de la vallée. Après Vahy, qui politiques et insufflées par la s’était fait brillamment remarquer en Paladjé, Ma Nature, éd. Studio Alizé, 2015 nécessité du combat culturel et 2013, Paladjé sort un premier album social à mener et des repères à prometteur. Ma Nature est à la fois irrigué par un « kaneka trouver (« Système » et « Jeunes de Kanaky »). Le rythme nordique » caractéristique, percutant et mélodique (tel le est rapide, les refrains accrocheurs, les chœurs masculins pilou « Motai ») , et de solides assises reggae. Les paroles toujours dynamiques  : olé Paladjé ! La Kaie La Kaie, nouvel album des Solitaires de Wanéé, démarre sur les chapeaux de roue avec toute la richesse mélodique habituelle des Maréens. Les arpèges quasi-cristallins des guitares, les harmonies polyphoniques qui subliment le chant, le recours aux percussions traditionnelles (bambous, wessels, aé) s’intégrant avec magie dans l'ensemble… On retrouve dans certaines chansons comme « Tenegu » la mélancolie lancinante propre au folk mélanésien originel. Sur « Cerugoce » (« l'âme du coeur » en nengone), les voix masculines am. Les Solitaires de wanee et féminines se répondent dans un jeu plein de vivacité. Le morceau « Foulard Rouge » a été composé en hommage à feu Nidoïsh Naisseline, ancien Grand Chef de Guahma et initiateur du mouvement du même nom en 1969. Cela dit, avec les Solitaires, auteurs en 2013 d'un excellent album, on peut se permettre d'être exigeant, et la seconde moitié du disque est en demi-teinte. Certains refrains sont un brin poussifs, les mélodies plus fades (excepté le très entraînant « Hnore me thu carajewe », riche de sa maîtrise vocale et des riffs à la guitare électrique). C'est sans doute Jyssé, Espérance, éd. Studio Mangrove, 2015 Superbe manière de rappeler qu’à Lössi comme ailleurs sur le Caillou, la relève musicale est assurée… Les Solitaires de Wanéé, La Kaie, autoproduction, 2015 le lot d'un groupe qui a fait le pari de se répartir chacune des compositions  : un véritable collectif, qui apprend ensemble – et reste tout de même sur le haut de la vague musicale. p.29 Critiques musique ENDEMIX n°14 mars - mai 2016



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