t héâtre Maloya Raconte-moi d’où tu viens Dans une libre adaptation du conte Maloya de Manuel Touraille, la compagnie les Arpenteurs du Caillou mêle théâtre, danse et musique dans un spectacle pour enfants. Poétiquement, les trois artistes de la troupe prêtent leurs voix et gestes à différents animaux totémiques qui racontent les origines mythologiques de chacun de leur monde. Idéalement programmée lors de l’ouverture du festival Pikinini, la troupe des Arpenteurs du Caillou a profité de la grande salle du centre culturel Tjibaou pour présenter Maloya. Car il en fallait de la place pour installer le lieu de l’intrigue, cet immense océan dans lequel est jetée Maloya, la poupée naufragée. Elle y rencontrera tour à tour requin, dugong, oiseau, tortue et dauphin qui lui raconteront leur version de la création du monde en parole et chorégraphie ponctuées d’une musique de percussion jouée live. Dissimulation, révélation Les animaux sont incarnés par les danseurs Yoan Ouchot et Jean-Denis Poudewa, dont les visages sont recouverts de masques à la fois réalistes et très oniriques. Les deux créatrices de la compagnie des Arpenteurs, Magali Song et Manissa Panatte, renouent ici avec une de leur passion, le tupèng, le théâtre masqué indonésien. Complétant les informations du livre, les masques – modelés par la marionnettiste de renom Claire Vialon – et les attitudes dansées des comédiens donnent un réel caractère aux protagonistes. On sent le requin taquin, l’oiseau fier et le dugong plus fragile. Alors que ces masques sont un des très bons points esthétiques du spectacle, on pourra regretter que les comédiens les enfilent au su du spectateur dans des coulisses à vue. Héritage des longues années de Magali Song passées en France avec la compagnie itinérante la Passerelle, elle a choisi d’installer les coulisses de part et d’autre de la scène. « Le public peut ainsi voir les transformations des personnages » explique-t-elle. Mais cette métamorphose, source de magie, n’aurait-elle pas plutôt intérêt à demeurer secrète pour ne pas déconcentrer le spectateur et surtout ne pas rompre la surprise de la découverte ? Patrick Hamm/Patham Un spectacle pour grands L’interprétation des trois danseurs-comédiens remplit tout à fait le contrat et le travail de transposition du geste mené par la metteur en scène et la chorégraphe fonctionne bien : grâce au mouvement dansé, le spectateur est invité à recréer l’univers autour du comédien. La tempête, la noyade, les abysses, tout est suggéré par les attitudes des danseurs dans un décor discret et très poétique comme la mer de soie au premier plan de la scène. Cependant, la pièce hérite des écueils du livre et parfois le propos principal des origines du monde est court-circuité par d’autres problématiques tels que l’écologie, sans que le texte ne délivre de morale voire même de conclusion. Le spectateur de tout âge en sortira néanmoins ravi par la prestation chorégraphique et théâtrale, technique, sensible et teintée d’une petite dose d’humour. > La prochaine diffusion : le 7 décembre 2015 place de la Marne, festival d’été de la ville de Nouméa. > Pour 2016, Maloya sera présenté les 1 er, 2 et 3 avril au centre culturel du Mont-Dore, ainsi qu’au centre culturel de La Foa en fin d’année. > Programmation à suivre sur : CieLesArpenteursDuCaillou ii ; ENDEMIX n°13 novembre 2015 - février 2016 Critiques spectacles p.43 |