faire sa promotion et de distribuer son disque par ses propres moyens, en contactant les lieux de ventes ou sur internet, ou encore en contactant un label qui prendra en charge la partie marketing, moyennant un contrat de licence avec l’artiste (très peu pratiqué sur le territoire). Les pros de la prod’Autre option pour créer son disque, le faire produire par l’un des labels de la place (Mangrove, Alizé, Big Sound…). Gros avantage de cette solution plus professionnelle : l’opération ne coûte rien à l’artiste. Le label, aussi dit maison de disques, finance tout, en comptant se payer sur les ventes. Autre avantage, le producteur prendra en charge la promotion du disque afin d’en maximiser les ventes dans la mesure où ce dernier se rémunère sur les recettes. Situation confortable, les musiciens n’ont pas à se plonger dans les arcanes de la gestion des droits de reproduction et de diffusion de leurs morceaux. Bien évidemment, même si tous les artistes peuvent aller toquer à leur porte, les labels choisissent scrupuleusement leurs poulains, en fonction de la notoriété des groupes au long court, ou du potentiel artistique et commercial des petits nouveaux. Forts de leur renommée et de leur savoir-faire, des studios comme Mangrove se maintiennent à flot. Grâce aussi à la LES ÉTAPES D’UN ALBUM te e L’enregistrement Il peut être effectué d’après deux techniques. Le live, qui consiste à enregistrer voix et instruments simultanément, dans une même pièce ; ou en overdub, qui permet de capter les voix et les instruments, les uns après les autres. S’il offre un son plus pur et plus de possibilités au mixage, l’overdub contraint les musiciens à s’habituer à jouer seuls, casque aux oreilles. Le mixage Une fois toutes les pistes audio (voix et instruments) enregistrées, l’ingénieur du son les « organise » de façon à donner la meilleure cohérence artistique possible (rapport voix/instrument, amplitude des volumes et éventuelles corrections du son…). relation de confiance construite au fil du temps avec les artistes. « Quand on a débuté, vers 1992, c’était très compliqué pour des Kanak de trouver un studio. L’époque était à la lutte. Alain Lecante était le seul à accepter notre musique revendicative. Tant qu’il n’entendait pas d’appel au meurtre, pour lui c’était OK », se souvient Edou qui avec son groupe, Mexem, ou en solo a enregistré une dizaine d’albums chez Mangrove. « Le contexte a bien changé, c’est sûr, mais on reste fidèle à Mangrove parce qu’Alain fait bien son boulot, et nous aide à tourner grâce à son réseau. On parle beaucoup d’autoproduction aujourd’hui, mais il faut quand même être conscient que produire reste un métier. » Un micro en forêt D’autres formes d’enregistrement plus confidentielles existent et permettent aux amateurs motivés de se lancer dans la captation de leur musique. Au Rex, un petit studio animé par Marvin Dryburgh, du collectif Ina Di Street, permet à de nombreux MC du pays de poser leur flow sur des compilations, gratuitement. Il est aussi possible d’enregistrer de façon professionnelle en Brousse, dans le Nord, grâce à l’association Pure Pwela Prod. « En marge de notre boulot de sonorisation de concerts, on se déplace avec notre studio mobile, pour enregistrer les groupes à domicile » explique Fabrice Bougeard, responsable de la structure avec son complice Benoît Guichon. « On ne gagne rien là-dessus, on ne cherche pas à concurrencer les autres studios, le but est d’aider les musiciens à sortir une maquette la plus propre possible. » Chez ces bénévoles du son, qui ont tout de même à leur actif les albums de LKG et Inotux, la technique passe après l’authenticité et le feeling : « J’ai entendu une démo enregistrée par des jeunes dans la forêt, avec un petit enregistreur numérique, raconte Fabrice. Ils avaient fait un mixage naturel, en positionnant les instruments à différents endroits dans une clairière. Et franchement, ça sonnait bien. » En fonction des bourses, des motivations et du statut de chaque groupe, des solutions multiples pour fixer la création musicale existent. Mais, il est très important de rappeler que, mise à part l’autoproduction qui laisse l’artiste entièrement libre et responsable de son produit, les autres modes de production doivent être régis par un contrat signé par un artiste (ou tous les membres du groupe si ce dernier enregistre en son nom et un représentant du studio. Ces documents encadreront notamment les droits d’exploitation ainsi que les rémunérations de chacune des parties, pour éviter toute méprise sur la propriété de la création (voir p.32). Le mastering Ce traitement audio est réalisé après l’enregistrement et le mixage, et permet d’optimiser la qualité et l’homogénéité des différents morceaux d’un album. Ce travail très technique est souvent confié à des studios spécialisés, hors du pays. Le pressage Une fois la bande son masterisée, elle est exploitable pour la diffusion et la commercialisation. Deux possibilités s’offrent alors aux artistes : réaliser un album physique ou distribuer leur musique en format numérique. Si le groupe choisit une impression sur album, il devra passer par la case pressage qui consiste à graver la création sonore sur le support du CD via un procédé chimique industriel. ENDEMIX n°13 novembre 2015 - février 2016 Focus p.31 I |