112 VAR & ESN Avis d’expert Par Fabrice Coquio, président d’Interxion France LES DATA CENTERS À L’ÉPREUVE DU WEB DES OBJETS Garantir le potentiel de ces milliards d’objets connectés n’est pas une sinécure : les hébergeurs des centres de données s’y emploient et la mutualisation des ressources devrait y aider par de probables alliances capitalistiques. Les objets connectés affirment leur présence dans notre quotidien, et depuis quelques années déjà, nous utilisons régulièrement smartphones, ordinateurs portables ou GPS. Cette tendance n’est pas vraiment nouvelle. Mais elle ne cesse de s’amplifier et d’accélérer avec des créations telles que les montres, les capteurs et les autres appareils de mesure, sans oublier les lampes, réfrigérateurs et stylos, pour ce qui touche à l’aspect domestique : des innovations issues de l’évolution constante de plusieurs composantes, à commencer par l’essor sans précédent de la mobilité et l’émergence des autoroutes de l’information portées par le très haut débit, le stockage illimité et, bien sûr, les performances obtenues en matière de puissance de calcul. Le point de convergence gère toujours et encore plus de tout Parallèlement à cette croissance, le volume des données, lui aussi, grossira et les besoins s’amplifieront. Les utilisateurs exigent en effet un accès aux services à la fois continu, immédiat et pleinement sécurisé. Pour les opérateurs de data centers mutualisés, cela se traduit par de nombreux enjeux à prendre en compte. En tant que maillon central de l’internet des objets, le centre de données est en effet un point de convergence essentiel pour gérer la mobilité, la connectivité, le stockage des applications et la puissance de calcul nécessaires à l’exploitation et au bon fonctionnement des objets connectés. Le tout, naturellement, en garantissant la sécurité et la confidentialité des données. Agilité et hyperconnexion Afin de capitaliser sur le potentiel offert par l’internet des objets, les entreprises doivent miser sur des infrastructures agiles et hyperconnectées, à proximité immédiate des principaux points d’interconnexion, mais aussi sur des acteurs qui offriront les meilleures garanties de sécurité avec des certifications dédiées. Par exemple, l’agrément d’hébergeur de données de santé. Mais au-delà du simple critère technique, elles devront prendre en compte la taille du bâtiment, afin de s’assurer du bon développement de leurs activités. Dans le cadre des data centers mutualisés proposés par les fournisseurs de services de centres de colocation, eux-mêmes neutres vis-à-vis des opérateurs télécoms et des fournisseurs de cloud, des communautés d’intérêts rassemblant des entreprises spécialisées se constituent pour créer de véritables « hubs ». Ceux-ci s’interconnecteront rapidement en restant en lien direct avec leurs principaux partenaires, avec pour objectif de créer des opportunités business. Parallèlement, comme ce fut le cas pour le cloud computing, l’internet des objets « Les spécificités techniques ne seront plus les seuls critères de performance : la présence de communautés d’intérêts jouera un rôle primordial. » E.D.I N°46 mars 2015 Titulaire d’un master en droit des affaires et fiscal, mais aussi diplômé de l’ESLSCA, Fabrice Coquio effectue ses premières armes chez Anatel et Sagem avant de fonder, en 1999, la filiale française d’Interxion. D’abord directeur général, il en assure la présidence depuis trois ans. Énergique et déterminé, cet infatigable businessman s’inspire de son expérience professionnelle pour être utile dans l’élaboration d’une vraie politique industrielle pour la France du XXI e siècle. Celle-ci passe par la définition d’une stratégie numérique viable et surtout ambitieuse. fera émerger de nouvelles communautés d’intérêt d’entreprises au sein des data centers mutualisés. Ces nouveaux hubs pourront ainsi étendre le champ des possibles et offrir de nouvelles opportunités d’échanges en renforçant les interactions numériques au sein même des data centers. Certes, tous ne pourront pas répondre à tous les défis liés au big data. Il n’empêche. Les opportunités qu’ils pourront offrir seront des leviers clés pour assurer la gestion de ces objets communicants. Nous voici sans doute à l’aube de nouvelles catégories de classification de ces centres de données, dont les spécificités techniques ne seront plus les seuls critères de performance, mais où les communautés d’intérêts joueront un rôle primordial. Certains acteurs majeurs et experts de ces data centers regroupant des communautés ont déjà pris une longueur d’avance. Exprimé plus précisément, ils possèdent déjà une « connexion » d’avance. D’où un gain de temps, de productivité et de sécurité en perspective, et du grain à moudre pour les acteurs du channel spécialisés de longue date dans la valeur. |