DOSSIER GROSSISTES Grossiste ne signifie pas toujours gros On imagine trop facilement qu’un grossiste, par la simple dénomination de son activité, génère un chiffre d’affaires important. Selon les segments de marché, la réalité est beaucoup plus contrastée, puisque la taille moyenne des grossistes peut ainsi varier de 1 à 20. Les plus « gros » sont, sans surprise, les généralistes. Encore le portrait est-il biaisé par Ingram, Tech Data, ETC et Actebis qui contribuent, bien évidemment, à tirer la taille moyenne vers le haut. Sans ces poids lourds, la taille moyenne d’un grossiste généraliste en France tomberait à… 25 millions d’euros ! Pas vraiment de quoi affronter la concurrence internationale. Sans surprise, les marchés du consommable et de la mobilité concentrent les plus importants grossistes en moyenne, avec même quelques poids lourds internationaux comme UFP, Dexxon, Bigben ou Ubisoft. À l’autre bout du spectre, les brokers, non contents de voir leur part du gâteau diminuer, restent relativement nombreux à se le partager ! Dans le milieu du logiciel, la faible taille moyenne s’explique par la présence de nombreux grossistes travaillant avec quelques éditeurs spécialisés sur des marchés très étroits. Le POS est quant à lui l’un des rares marchés où l’on trouve plusieurs acteurs internationaux (ScanSource, Bluestar, Jarltech ou Ingram Micro). La preuve que sa taille limitée cache un potentiel important. Une activité globale atone Le record de 2007, année pendant laquelle les grossistes hexagonaux avaient frôlé un chiffre d’affaires global de 14 milliards d’euros, paraît encore aujourd’hui inaccessible. La crise de 2009 est passée par là et continue de faire des dégâts : depuis cette année, le nombre de sociétés qui ont quitté le marché (par acquisition, fermeture ou changement d’activité) est proche du double de ce que l’on connaissait cinq ans auparavant. Reste à voir, dès disponibilité des chiffres, si 2012 s’est inscrite dans la même tendance. Des Américains présents pour gagner Une chance sur deux de fermeture à dix ans Si l’on complile les statistiques sur plusieurs années, l’activité de grossiste informatique a connu son apogée vers 2006, avec près de 680 sociétés actives cette année. Depuis, la chute est lente, mais régulière. Faut-il en conclure pour autant que les grossistes disparaissent ? Certainement pas, puisque le chiffre d’affaires global se maintient, et qu’une bonne partie de l’activité des sociétés fermées a été reprise par des sociétés basées dans d’autres pays européens, marché commun oblige. Il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui, ouvrir une société de distribution informatique en gros mène, une fois sur deux, à la fermeture à 10 ans. Seuls les VAD semblent échapper à cette malédiction : 10 ans après leur ouverture, 80% d’entre eux sont toujours actifs. Preuve s’il en est que la course au prix le plus bas n’a qu’une issue, le mur, et que seule la création de valeur permet d’échapper à ce scénario. Les grossistes américains traversent rarement l’Atlantique pour jouer les seconds rôles. Aujourd’hui, avec seulement 32 enseignes dans l’Hexagone (soit treize fois moins que leurs homologues français), les grossistes américains pèsent plus des deux tiers du poids des grossistes français. Même les plus petits, comme Bluestar, fourbissent leurs armes pour trouver une taille en rapport avec leurs activités outre-Atlantique. On remarquera que si les grossistes américains ont très sensiblement augmenté leur présence sur le marché français, c’est essentiellement au détriment de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de l’Irlande. Notons également que le poids « officiel » des Pays-Bas sur le marché français est sans rapport avec leur activité réelle : la communication des chiffres d’affaires est un pêché grave dans ce pays, qui ne se prête pas volontiers, c’est un euphémisme, à cet exercice. Enfin, rappelons que toutes les sociétés libanaises présentes sur le territoire français exercent une activité d’export, à destination de l’Afrique francophone. 78 EDI N°27 AVRIL 2013 |