106 EDI n°22/Octobre 2012 Actus grossistes FUSION Tech Data rachète SDG : réactions et conséquences ETC et Best’Ware sous la bannière de Tech Data : le monde de la distribution IT change de visage et se demande si c’est pour le meilleur ou le moins pire… Le 5 septembre dernier Tech Data annonçait la signature d’un accord actant l’acquisition de SDG, la branche distribution de SCH. Concrètement, cela signifie pour la France que les grossistes ETC et Best’Ware passent dans le giron de Tech Data qui conforte ainsi sa place de leader de la distribution en Europe. Cette annonce soudaine fut une surprise sans vraiment en être une. Car avant l’été, des rumeurs colportées par notre confrère britannique The Channel Register faisaient état du possible rachat de SDG par… Ingram Micro. Les deux entités ayant à l’époque démenti, on pensait l’affaire enterrée. En revanche, cette annonce aurait éveillé l’intérêt de Tech Data, ou accéléré un processus de négociations engagé. « Tech Data veut se diversifier », moyennant 270 millions d’euros Comme souvent dans ce genre de cas, les dessous des tractations restent secrets et même après la signature de l’accord qui porte sur un montant de 270 millions d’euros, Tech Data et SDG préfèrent, pour le moment, ne faire aucun commentaire et s’en tenir au communiqué officiel. Ainsi Robert M. Dutkowsky, CEO de Tech Data corporation, déclarait que, pour son groupe, « cette transaction illustre la volonté de diversification de Tech Data et élargit l’offre valeur de l’entreprise en Europe ». Une « offre valeur » pourtant déjà très dynamique depuis le rachat d’Azlan en 2003 qui pèse pour près du quart du chiffre d’affaires global de Tech Data (lire « L’E.D.I. » n°21, p. 42). Un rachat qui, en France, n’avait pas été conclu dans la plus grande sérénité et comparable à ce qui pourrait se passer avec ETC et Best’Ware. À l’époque, en effet, les locaux d’Azlan se trouvaient dans la banlieue ouest parisienne. Très peu d’employés avaient choisi de migrer vers Bussy-Saint- Georges (Seine-et-Marne) dans la grande banlieue est, siège de Tech Data. Selon le site itdistri.com, partenaire de « L’E.D.I. », Best’Ware et ETC regroupent plus de 600 spécialistes de la distribution valeur qui, pour Tech Data, représentent un atout commercial et technologique indéniable mais dont l’intégration au sein des équipes actuelles pourrait être un véritable casse-tête : les sièges des deux grossistes sont établis à Colombes (Hauts-de-Seine), en banlieue opposée. La partie stock devrait poser moins de difficultés : les entrepôts d’ETC et Best’Ware se trouvant proches de ceux de Tech Data. Mais on imagine des situations assez cocasses dans le futur car ces entrepôts sont également ceux utilisés par SCC, le corporate reseller qui reste propriété de SCH… Il est bien sûr trop tôt pour imaginer comment seront organisées les entités, d’autant que, comme nous l’a avoué Pascal Murciano, président de Tech Data France, « l’accord doit être entériné par les instances européennes, ce qui ne sera pas fait avant au moins trois mois ». La concurrence, elle, regarde tout cela de très près même si la prudence dans les commentaires reste de mise. « Nous n’avons pas raté la cible SDG, nos choix tactiques de développement sont simplement différents. Comme le montre le rachat du spécialiste en mobilité BrightPoint en juillet 2012 [pour 840 millions de dollars,ndlr], nous ciblons ces acquisitions en fonction de secteurs dans lesquels les entités rachetées sont expertes, et où nous voulons nous développer rapidement, Pascal Murciano, président de Tech Data France. ce qui facilite aussi Ivan Renaudin, directeur général d’Actebis France. l’intégration », souligne YannHallosserie, directeur achats marketing d’Ingram Micro. Chez Actebis France, autre poids lourd de la distribution, on considère, par la voix d’Ivan Renaudin son directeur général, que « ces fusions, acquisitions et rapprochements, sont inévitables dans l’état actuel du marché parce que les grossistes ont besoin de plus de polyvalence et de flexibilité. Actebis a également réalisé des acquisitions importantes au cours de ces derniers mois sur des grossistes spécialisés dans des secteurs porteurs tels l’éducation ou le printing, et cela ne va sûrement pas s’arrêter là ». Et que pensent les principaux intéressés par ces rapprochements, à savoir les revendeurs ? Nous en avons interrogé plusieurs parmi les adhérents du groupement Eurabis et les réactions vont à peu près toutes dans le même sens. Moins de grossistes signifie moins de gestion mais aussi moins de concurrence entre eux Ainsi Clément Volatier, de NET Services Informatique à Clermont-Ferrand, souligne que « la disparition d’un grossiste, surtout de taille intermédiaire, est toujours une mauvaise nouvelle car il offre plus de réactivité et une meilleure écoute, même si son catalogue est plus restreint ». Si Sébastien Le Guen de Mécanographie Conseil (Saint-Brieuc) indique que même si « c’est un confort administratif et comptable incontestable de travailler avec un nombre limité de grossistes », il tempère en disant « qu’il n’est pas concevable de ne travailler qu’avec un seul distributeur car il ne proposera jamais un catalogue exhaustif, et le risque de voir les efforts commerciaux s’effacer avec le temps par manque de concurrence entre eux est énorme ». Nous n’en sommes pas là, heureusement. Reste que ces acquisitions successives montrent que le marché devient de plus en plus vaste en termes de diversification de l’offre produit et de plus en plus concentrée pour ce qui est de leur distribution. ● |