Directsoir t Vendredi 16 juin 2006 6 L’ACTU FRANCE Après l’unité retrouvée des socialistes derrière leur programme de 2007, les présidentiables se remettent dans les starting-blocks. Objectif : devenir le candidat officiel du parti. Dans votre ouvrage*, vous plaidez pour « une gauche d’innovation ». C’est-à-dire ? Je veux une gauche qui reste fidèle à ses valeurs – sinon, ce n’est plus la gauche ! – mais qui sache comprendre le monde tel qu’il est pour mieux le transformer. Il faut donc innover. En quoi le programme que les socialistes viennent d’adopter correspond-il à cette ambition ? Un exemple : l’idée centrale de ce programme, c’est « l’égalité réelle ». Pour réduire les inégalités, il ne suffit pas de redistribuer de la richesse pour aider les plus démunis. C’est nécessaire mais ce n’est pas suffisant. Ce qu’il faut, c’est attaquer les inégalités à la racine. Là où elles se créent. A l’école, par exemple. Dans ce domaine aussi, il vaut mieux prévenir que guérir. L’unité des socialistes derrière ce programme est-elle une façade ? Non. Il s’agit d’un socle très utile pour la présidentielle. Après, ce sera au candidat de l’adapter à la situation du moment et à sa sensibilité personnelle pour présenter son projet aux Français. Le PS propose un SMIC à 1 500 euros, à quelle échéance ? Les salaires sont trop bas en France. D’où l’engagement de porter progressivement le SMIC à 1 500 euros avant la fin du quinquennat. D’où aussi la proposition de convoquer très rapidement une conférence des revenus avec les organisations syndicales et patronales. Comment, dans la situation de la France, peut-on financer un programme aussi coûteux ? Etalé sur cinq ans, ce programme n’est pas si coûteux si le nouveau président est capable de relancer l’économie française. Je suis extrêmement vigilant sur le financement. Je ne veux rien promettre qui ne pourrait pas être tenu. On ne plaisante ni avec les équilibres financiers ni avec l’éthique politique. Seriez-vous prêt à vous allier aux centristes ? François Bayrou évoque Boris Ehrgott, Clovis Casali une « union sacrée ». Pour l’emporter, nous devrons rassembler très largement : les socialistes, la gauche et au-delà de la gauche. Il ne peut pas s’agir d’une union entre des partis politiques. Il s’agit de redonner l’espoir aux Français. Quel est votre principal rival dans la course à la présidence ? Nicolas Sarkozy. Son projet est dangereux. Sous couvert de « rupture », il veut copier le modèle libéral américain et renoncer au modèle social que, génération après génération, nous avons collectivement construit.Voilà le débat majeur de 2007. Trois moments forts Ministre des Finances de 1997 à 1999, DSK bénéficie du retour de la croissance et de la baisse du chômage. Il impose la TVA à 5,5% sur les travaux du bâtiment. Trop libéral pour les membres les plus à gauche du gouvernement, il séduit au centre, plaît au courant social-démocrate du parti socialiste et impressionne à droite. Il symbolise néanmoins la dérive libérale du parti socialiste pour l’extrême gauche. EN COUV. POLITIQUE/DSK : objectif investiture Doit-on s’attendre dans un an à un tome 2 de votre journal ? Quel pourrait en être le titre ? Si je suis le candidat des socialistes, je présenterai mon projet aux Français dans neuf mois. Son titre reprendra l’idée que la France n’est grande que quand elle est juste. Si vous étiez président de la République, quelle serait votre première décision ? Ma première ambition, c’est que les Français retrouvent l’espoir et la confiance en l’avenir. Ils s’interrogent sur la place que notre pays peut occuper demain dans une économie mondialisée. Toutes mes décisions viseront à combiner le développement et la solidarité. Bercy La cassette Méry Anne Sinclair Les médias l’accusent d’avoir jouer un rôle dans le financement occulte du parti socialiste via la MNEF. Trois ans après sa mort, Jean-Claude Méry, collecteur de fonds pour le RPR, laisse un témoignage enregistré sur le financement occulte du parti de Jacques Chirac. Les confessions posthumes de Méry auraient été posées sur le bureau de DSK en avril 1999. Le patron de Bercy dit avoir égaré la cassette, sans même la visionner. L’ouverture d’une procédure judiciaire le conduit à la démission en novembre 1999. La justice le blanchira faute de preuve. Dominique Strauss-Kahn et Anne Sinclair, son épouse. Abrogeriez-vous des lois votées par les gouvernements Raffarin-Villepin ? Je préfère me tourner vers l’avenir : je n’ai pas la passion de l’abrogation. Mais je supprimerai le CNE, dont on vient d’avoir la confirmation qu’il créait beaucoup de précarité et très peu d’emplois. Votre épouse apparaît de plus en plus dans les médias à vos côtés, en quoi peut-elle vous aider dans votre projet pour 2007 ? Justement en étant à mes côtés ! C’est ce que fait Anne, et pas seulement dans les médias. * 365 jours. Journal contre le renoncement. Ed. Grasset. Cécilia pour Nicolas, Anne Sinclair pour DSK. La journaliste de 7 sur 7 a quitté la présentation de l’émission de TF1 pour s’effacer derrière la carrière politique de son mari et apparaître à ses côtés dans les médias et les cérémonies officielles. Anne Sinclair pourrait bien être l’atout charme du possible candidat PS aux présidentielles de 2007. DSK la présente d’ores et déjà comme une parfaite première dame pour l’Elysée. IBO/SIPA/H. ARNAUD/SUNSET PRESSE/AFP PHOTO M. FEDOUACH P.MERLE/AFP |