8 EN COUVERTURE SOMMET EXTRAORDINAIRE DE L’UE CONDAMNATION SANS SANCTION DE LA RUSSIE Nicolas Sarkozy a fait le point sur la crise en Géorgie à l’issue d’un conseil européen extraordinaire. L’accord qui en ressort est minimal, sans sanction à l’encontre de la Russie. Al’issue d’une journée marathon et avec près de trente minutes de retard, c’est un Président visiblement content d’être parvenu à un accord qui a fait hier son entrée en conférence de presse devant des centaines de journalistes venus du monde entier. Pourtant, il se murmure dans les couloirs de la Commission européenne qu’il s’agit d’un accord a minima. « Ne tendons pas la relation. Ne montrons pas nos biceps, personne n’en sortirait gagnant. » Il aura pourtant fallu attendre l’avant-dernière question pour entendre Nicolas Sarkozy rejeter toute sanction et d’action militaire à l’égard de la Russie. Nicolas Sarkozy, qui assure depuis le 1 er juillet la présidence tournante de l’Union européenne, s’est même permis une note d’optimisme pour conclure un après-midi de négociations. Il a reconnu que les contacts journaliers qu’il entretient avec son homologue russe Dmitri Medvedev CHRONOLOGIE Printemps 2008. Regain de tension entre la Géorgie et la république d’Ossétie du Sud. 8 août. Opération militaire de Tbilissi contre la capitale ossète, Tskhinvali. Réplique immédiate de la Russie. 9 août. Mise en garde de l’Union européenne (UE) contre l’intervention russe. 10 août. Retrait géorgien de Tskhinvali et prise de la ville par les militaires russes. 12 août. Signature d’un plan de paix Géorgie-Russie négocié par Nicolas Sarkozy. 26 août. Reconnaissance de l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie par la Russie. Rupture par Tbilissi des relations diplomatiques entre Géorgie et Russie. 1 er septembre. Sommet extraordinaire de l’UE. DE TELLES ACTIONS « MILITAIRES NE SONT PAS ACCEPTABLES » lui « font croire que nous faisons ce qu’il faut faire. » C’est-à-dire apporter une solution diplomatique à un conflit débuté le 8 août. Le président géorgien, Mikheïl Saakachvili, avait mené une intervention militaire dans la province séparatiste d’Ossétie du Sud, action à laquelle Moscou avait répliqué par une incursion armée. Nicolas Sarkozy s’est félicité que l’Europe ait pu empêcher une guerre, confiant pour la première fois que l’intention de Moscou était à ce moment « de renverser le président géorgien ». « Mais ce n’était pas aux Russes de le faire », a-t-il poursuivi, ajoutant que « Yalta, c’est fini. Le retour aux zones d’influence n’est pas souhaitable ». LA MÉTHODE RUSSE DÉNONCÉE Après plus de trois heures de débat, pas si faciles comme a pu le laisser entendre le président Sarkozy, le conseil européen extraordinaire réuni hier – une première depuis 2003 et le déclenchement de la guerre en Irak – évoque dans sa conclusion « une réaction disproportionnée de la Russie ». Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE fustigent également la méthode employée par le Kremlin : « De telles actions militaires ne sont pas une solution et ne sont pas acceptables. » Les Vingt- Sept sont également unis pour condamner sans ambiguïté la « décision unilatérale de la Russie de reconnaître l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud ». Une décision jugée pourtant irrévocable dimanche par le président Medvedev. UN PLAN DE PAIX À RESPECTER Les pays-membres ont rappelé l’importance du plan de paix négocié par la France. Signé le 12 août, il est intervenu deux jours après le cessez-le-feu, qui doit être « consolidé » et « appliqué scrupuleusement ». Le plan, en six points – « le seul texte reconnu par tous les acteurs » – dixit Nicolas Sarkozy, prévoit notamment le retrait « sans délai » de toutes les troupes russes stationnées en Géorgie. Celles-ci doivent regagner leurs positions qu’elles occupaient le 7 août car pour le président en exercice de l’UE, ce n’est pas « au grand voisin de fixer les frontières » géorgiennes. Ce retrait est par ailleurs la condition absolue pour reprendre la négociation de l’accord de partenariat UE-Russie, qui est pour l’heure reportée. L’accord reste toutefois voulu par tous : « Il n’y a pas d’alternative souhaitable à une relation forte, fondée sur la coopération, la confiance », peut-on lire dans la déclaration commune. MISSION DIPLOMATIQUE EN RUSSIE ET GÉORGIE Une nouvelle mission de médiation se rendra lundi prochain en Géorgie et en Russie. Pour l’occasion, le quartette présent hier FOCUS Directsoir N°392/Mardi 2 septembre 2008 Avec Nicolas Sarkozy et le président du Parlement européen, Hans-Gert Pottering (à d.), hier à Bruxelles, lors du sommet extraordinaire sur la crise en Géorgie. LUCAS DOLEGA/EPA/SIPA soir à Bruxelles sera reconstitué. Nicolas Sarkozy sera accompagné de Bernard Kouchner, du chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, et du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Celui-ci a pris la parole, dans un français impeccable, pour se livrer à un court exposé rappelant l’engagement de l’Europe dans « la contribution concrète » pour la reconstruction des territoires touchés : 6 millions d’euros de la Commission et 9 millions d’euros de la part des Etatsmembres. Une conférence internationale sera organisée dans les plus brefs délais avant un éventuel approfondissement des liens économiques (zone de libre-échange) avec la république caucasienne. De notre envoyé spécial à Bruxelles Gestion de crise Un nouveau centre à la pointe ■ Opérationnel depuis le 1 er juillet dernier, le nouveau Centre de crise du ministère des Affaires étrangères et européennes est le résultat de la fusion de deux de ses services : la sous-direction de la Sécurité des personnes et la délégation à l’Action humanitaire. Doté d’une cinquantaine d’agents qui assurent une surveillance 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 ainsi que d’un budget de 10,8 millions d’euros (aide humanitaire comprise), le centre a pour objectif de couvrir tous les aspects d’une crise comme la gestion politique du conflit, l’évacuation des ressortissants français et l’aide humanitaire. Lors de son inauguration, le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a rappelé que « la gestion des crises était un élément majeur de la politique internationale » ajoutant qu’il s’agissait désormais « de solidarité, d’influence et de sécurité ». |