10 LES INVENTIONS Saint-Louis Le royaume du cristal Il s’agit de la plus ancienne cristallerie française d’Europe continentale. Saint-Louis, aujourd’hui propriété du groupe Hermès, a su conserver depuis le XVIII e siècle son savoir-faire si précieux, à l’origine de sa renommée mondiale. La fabrication du cristal, c’est une histoire de rouages bien huilés… Mais n’oublions pas que cette histoire-là est née d’un grain de sable. » C’est le genre de rappel que l’on peut entendre dans la plus ancienne cristallerie française d’Europe continentale, Saint-Louis, créée au XVIII e siècle et devenue la propriété du groupe Hermès en 1995. Le sable fin extra-blanc est en effet l’élément premier du précieux mélange en fusion. Mais la recette compte d’autres composants tout aussi essentiels à la préparation, comme la potasse et le minium de plomb, qui donne au cristal clair ses attributs les plus nobles, comme son poids, sa sonorité et son éclat. Pour conférer au cristal sa teinte, le procédé consiste à ajouter différents oxydes métalliques. Les oxydes de cuivre mélangés à du chlorure d’or donnent par exemple la couleur rouge rubis. Les oxydes de nickel offrent du violet et de cobalt le bleu tel qu’on le connaît notamment chez Saint-Louis. LA NAISSANCE D’UN SAVOIR-FAIRE Etablie à Münzthal, en Moselle, la Verrerie royale de Saint-Louis – son nom lui a été donné par Louis XV en hommage au roi 3 questions à… P.RAFFERY 24% de plombdans la matière sont nécessaires pour avoir l’appellation cristal. Louis IX – met au point en 1781, soit plus d’un siècle après les Anglais, la composition gardée si secrète du cristal au plomb. Un an après, l’Académie des sciences déclare cet assemblage conforme à la recette britannique trouvée par George Ravenscroft en 1676. La Verrerie royale de Saint-Louis, dirigée par François de Beaufort, devient alors la Cristallerie royale de Saint-Louis. Le site s’est déjà profondément transformé depuis quelques années. Surtout depuis les lettres patentes de Louis XV en date du 4 mars 1767, qui concèdent l’exploitation de la forêt de Bitche pour permettre de chauffer les fours. Avec le temps, le village prendra le nom de Saint-Louis-lès-Bitche, qu’il porte toujours aujourd’hui. Collection Extravagance de Saint-Louis. Directsoir N°392/Mardi 2 septembre 2008 Roger Lévy – Président-fondateur du Musée du cristal Saint-Louis Pourquoi avoir ouvert un Musée du cristal Saint-Louis ? Dès 1994, nous réfléchissions à l’idée d’un musée et nous avons trouvé deux jeunes architectes (Pascal Rollet et Florence Lipsky,ndlr) qui ont fait un travail original. Nous l’avons inauguré le 25 juin 2007. Que peut-on y trouver ? Nous y exposons 2000 pièces anciennes sur les 7000 qui constituent LE FROID, LE CHAUD, DEUX UNIVERS A Saint-Louis, deux univers cohabitent et se succèdent, sans jamais s’entremêler. C’est d’abord celui du chaud, de l’incandescent, de la fusion du cristal à très haute température. Le four à bassin à coulée continue, qui fonctionne tous les jours de l’année, brûle à 1350 °C. A l’aide de leur canne, les verriers prélèvent dans les « baies de cueillage » chauffées à 1 200 °C la matière orange dont ils ont besoin pour la réalisation d’un objet.Avec aisance et habileté, ils tournent la canne dans un sens puis dans un autre et soufflent de tout leur coffre. « Autour de la matière en fusion, dans une furie de flammes et de vapeurs, commence notre patrimoine. La plus ancienne date de 1775. Il s’agit d’un gobelet gravé qui est la dernière pièce en verre réalisée avant que Saint-Louis devienne cristallier. Ces pièces sont exposées sur une grande étagère longue de 953 mètres qui s’enroule sur trois niveaux autour d’une immense fosse qui avait reçu les fondations d’un four à pot. Audessus de cette fosse sont suspendus cinq lustres dont un de tradition, qui compte 120 lumières et pèse 1,3 tonne. Quelle est la fréquentation de ce musée ? Au bout d’un an, nous avons reçu avec surprise plus de 20000 visiteurs dont 30% d’étrangers, surtout des Allemands, des Belges, des Luxembourgeois, des Américains et des Japonais. Musée du cristal Saint-Louis, 59620 Saint-Louis-lès-Bitche (03 87 06 40 04). SAINT-LOUIS le silencieux ballet des verriers, entre force et grâce, où le souffle tient lieu de parole. » Puis la matière transformée refroidit. Et c’est là que s’ouvre l’autre univers, celui du froid et des tailleurs. A Saint-Louis, ils sont environ 150, autant que les verriers. Dans les ateliers de taille, de gravure, de dorure et de polissage, qui font aussi la réputation de Saint-Louis, fourmillent des mains habiles, minutieuses et expertes, qui peuvent opérer par exemple jusqu’à 35 interventions pour graver et décorer un verre avec de l’or 24 carats. DES CRÉATIONS EXCEPTIONNELLES Plus de 300 000 pièces entièrement réalisées à la main sortent chaque année |