K. EL FIQI/EPA 4 EN COUVERTURE Le président Hosni Moubarak lors du congrès du Parti national démocrate (PND), le 3 novembre 2007 au Caire. Directsoir N°330/Mardi 8 avril 2008 HOSNI MOUBARAK ÉLECTIONS MUNICIPALES SOUS CONTRÔLE Dernier test électoral avant la présidentielle de 2011, mais surtout le premier depuis la percée des Frères musulmans aux législatives de 2005, les scrutins municipaux qui débutent aujourd’hui se tiennent dans un pays où les actes de répression contre l’opposition se sont multipliés ces dernières semaines. Alors que les tensions sociales montent en Egypte, les élections municipales, qui débutent aujourd’hui, doivent permettre de renouveler les 52 000 sièges dans les conseils de villages, d’arrondissements et de gouvernorats (subdivision administrative) du pays. Ces derniers représentent d’ailleurs l’enjeu principal de ce scrutin. Ils s’avéreront déterminants dans le choix du futur candidat à l’élection présidentielle : les postulants devront obtenir les signatures des gouvernorats pour valider leur candidature. Les regards se concentrent sur les Frères musulmans, principale force d’opposition au Parti national démocrate (PND). La poussée des islamistes devrait être plus faible que celle enregistrée lors des élections législatives de 2005, car les Frères musulmans, bien que tolérés par le gouvernement, ont été sévèrement réprimés ces dernières semaines. « Ils ont arrêté toutes les personnes qui leur semblaient être des candidats potentiels », déclarait il y a quelques jours MohammedMahdi Akef, le numéro un de la confrérie des Frères musulmans. Dans ces conditions, un succès du parti de Hosni Moubarak semble inévitable. Une façon pour le Président, qui fait face à certaines critiques sur le plan intérieur, de redorer son image. LE PND AU POUVOIR Sur le plan international, la politique menée par Hosni Moubarak a été marquée ces dernières années par deux lignes directrices : d’un côté, son rejet de la guerre en Irak ; de l’autre, son respect du traité de paix avec Israël. Sur le plan intérieur, le président égyptien a délaissé la question sociale. Pour Joseph Bahout, professeur à Sciences-Po, « Il y a une réelle dichotomie dans la population égyptienne. La classe moyenne n’existe quasiment plus, il y a désormais les très riches et les très pauvres ». Les priorités du régime du raïs consistent à faire respecter l’ordre public et à préserver les pouvoirs de commandement, en muselant toute forme d’opposition.Au désintérêt pour les questions sociales vient s’ajouter l’échec de la politique économique. Dominée par les idées néolibérales et par les privatisations, elle a conduit une grande partie des Egyptiens à l’exclusion. En 2004, 31% de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté. Le mécontentement de la population est véhiculé notamment par les moyens de communication moderne. La semaine dernière, un appel à la grève générale avait circulé sur Internet et via des téléphones portables. Il devait s’agir d’un mouvement de contestation contre la vie chère, et cela constituait une première dans un pays où un ménage dépense aujourd’hui, pour se nourrir, 50% de plus qu’au début de l’année. Parmi les denrées concernées, le pain a vu son prix s’envoler. La grève, prévue dimanche dernier, a finalement fait long feu, le pouvoir arrêtant 250 personnes et faisant ainsi échec au mouvement. A l’autoritarisme, le PND ajoute la lenteur politique. Pour preuve, les élections municipales prévues au départ il y a deux ans ont été repoussées pour pouvoir instaurer une nouvelle loi électorale, qui n’a toujours pas vu le jour. |