4 Grand angle A. GELBARD/AFP N°1613 JEUDI 8 JANVIER 2015 WWW.DIRECTMATIN.NET L’ATTENTAT ISLAMISTE PERPÉTRÉ HIER EN FIN DE MATINÉE AU LA FRANCE FRAPPÉE EN PLEIN L’ensemble du pays est sous le choc après le massacre mené par un commando dans la rédaction de l’hebdomadaire satirique. Le plan Vigipirate Alerte attentat a aussitôt été mis en place. Quelques minutes à peine ont suffi pour plonger la France dans le cauchemar absolu. La fusillade survenue en fin de matinée hier dans les locaux de Charlie Hebdo, qui a fait douze morts, dont deux policiers, est la plus meurtrière des attaques terroristes dans l’histoire récente de notre pays. Un « acte d’une exceptionnelle barbarie », d’après le président François Hollande, arrivé sur place peu après les faits, commis par un commando armé d’au moins deux individus venu frapper en plein Paris, au nom de la mouvance islamiste. Une attaque qui a pris pour cible un journal satirique emblématique, symbole de la presse libre française, qui faisait l’objet de menaces récurrentes de la part de groupes islamistes depuis la publication dans ses colonnes, en 2006, de caricatures de Mahomet. Ses dessinateurs Wolinski, Cabu, Tignous, Charb et Honoré comptent d’ailleurs parmi les victimes de Deux assaillants font ici face à la police. cette folie meurtrière. Tandis que les drapeaux français ont été mis en berne pour trois jours et qu’un deuil national a été décrété pour aujourd’hui, les responsables religieux et la communauté journalistique ont exprimé d’une seule voix leur effroi. Mais l’émotion suscitée a aussi dépassé les frontières de l’Hexagone. De Berlin à Londres, de Washington à Moscou en passant par Istanbul, nombreux sont les chefs d’Etat étrangers à avoir condamné cet acte odieux. Dans ce contexte, l’exécutif a relevé le niveau du plan Vigipirate à son maximum dans la région parisienne, alors que les meurtriers de Charlie Hebdo restaient introuvables hier soir. Une menace qui n’a pas empêché de nombreux rassemblements républicains spontanés partout en France en fin de journée, afin de faire face à cette barbarie. Au moins quatre personnes ont été grièvement blessées au cours de la fusillade dans les locaux de l’hebdomadaire satirique. UN CARNAGE EN PLEIN PARIS Une succession de scènes pres - que irréelles, semblant tout droit sorties d’un film de guerre. Les individus responsables de la tuerie perpétrée hier ont mené leur attaque avec sang-froid, avant de prendre la fuite en voiture. Il est environ 11h30 à Paris lorsqu’une Citroën C3 noire s’engouffre dans la rue Nicolas-Appert (11 e arrondissement). Deux hommes vêtus de noir et cagoulés sortent du véhicule, armés de fusils d’assaut kalachnikov. Ils entrent dans l’immeuble de Charlie Hebdo et demandent leur chemin à deux personnes présentes à l’accueil. L’une d’elles est abattue par balles. Parvenus au deuxième étage, les assaillants pénètrent dans la salle où les journalistes tiennent leur conférence de rédaction. Et font un véritable carnage : huit journalistes sont tués, de même que le policier chargé de la protection de Charb, et l’économiste Bernard Maris. Les assaillants sortent ensuite dans la rue en criant « Allah Akbar » et en se félicitant : « On a vengé le prophète », « On a tué Charlie Hebdo ». Leur attaque n’aura duré que quelques minutes. La police, alertée rapidement, envoie des hommes sur place. Les terroristes regagnent leur véhicule mais se retrouvent face à une voiture de police. Des échanges de coups de feu retentissent sans faire de blessés. Plus loin, ils se heurtent à nouveau à des membres des forces de l’ordre à vélo. Là encore, les tirs ne font pas de victime. Mais une troisième fusillade éclate à quelques dizaines de mètres, boulevard Richard- Lenoir, au cours de laquelle un policier du 11 e arrondissement est touché. Une vidéo prise sur place et diffusée sur les réseaux sociaux montre l’un des assaillants, sorti du véhicule, s’approcher de lui tandis qu’il se trouve à terre. Dans son élan, froidement, le terroriste l’exécute d’une balle à bout portant. Les assaillants remontent ensuite en voiture et prennent la direction du nord de Paris. Ils passent par la place du Colonel-Fabien et percutent un véhicule. Un témoin décrira plus tard que trois individus se trouvent alors à bord de la Citroën C3 noire. Cette dernière est abandonnée rue de Meaux, dans le 19 e arrondissement. Pourchassé, le commando braque alors un automobiliste et le fait sortir de sa voiture. Les hommes prennent place à bord du véhicule et prennent la fuite par la Porte de Pantin. Les enquêteurs ont ensuite perdu leur trace. Mais hier soir, l’identification des trois suspects était évoquée par plusieurs médias. Parmi eux pourraient se trouver deux frères âgés d’une trentaine d’années, dont l’un connu des services de police. M. BUREAU/AFP |