dossier : des villes en mouvement 16 Ravalements de façades à Mexico transformer leur image et à leurs habitants d’en être fiers. Les projets, limités à une année, consistent autant en ravalements de façades qu’en assainissement ou en création d’équipements publics. Les initiatives locales forment les bases solides pour repenser la manière de vivre la planète. Elles illustrent la relation entre l’individu et l’environnement et permettent d’évoquer une écologie de l’habiter. De nombreux précurseurs, tels que Patrick Geddes (1854-1932) ou Lewis Mumford (1895-1990), se sont inspirés de la biologie du vivant pour organiser les territoires, mettant en avant la citoyenneté active, en accordant plus de liberté aux usagers et aux initiatives individuelles, en tenant compte de l’environnement. Révolution numérique et capital de solidarité Les initiatives citoyennes défendent le principe du « faire sans modèle » : elles sont souvent isolées mais connaissent un nouvel avenir avec les applications numériques qui permettent une mise en réseau afin de partager et de mettre en commun. « Décloisonnons la ville », exposition de la Cité de l’architecture et du patrimoine organisée en janvier 2019, illustre cette interconnexion de tous les projets collaboratifs qui ont pour objectif de « faire ensemble ». Anne Durand Les PCMB de Mexico s’inscrivent dans les quartiers les plus pauvres de la capitale, ceux qui sont en marge d’une société qui produit et qui se développe. Sans capital économique, les quartiers sont totalement écartés des transformations et des logiques qui pourraient rendre leur environnement attractif. Les habitants ont regroupé leurs compétences et leurs savoir-faire pour mettre en forme un projet qui réponde à leurs attentes. Face au capital économique, nous pourrions nommer cette entraide, cette richesse humaine, le « capital de solidarité », un capital à haute valeur ajoutée, qui permettrait d’atténuer les inégalités, en partant du principe que rassembler des fragilités fabrique une nouvelle force. Les initiatives locales forment une des bases essentielles pour que la mutabilité puisse exister, car elle n’est pas la capacité de la ville à s’adapter à un changement mais la capacité de la ville à fabriquer le changement. La ville qui se transforme est une ville qui vit, qui attire, qui repousse, qui crée. La mutabilité est ce mouvement préparé — au sens d’esquissé — du passage d’un état à un autre. Son maîtremot pourrait être l’impermanence. Elle exprime alors la vitalité, l’envie de faire face et de s’adapter. Anne Durand, urbaniste Les Grands Voisins, Paris Guilhem Vellut pour FlickR, CC 2.0 |