DOSSIER - Etat des lieux Quelle est votre perception des entreprises suisses ? Xavier Comtesse : Il faut en premier lieu revoir leur classification. Je ne crois pas que les répartir en fonction de leur taille soit le moyen le plus pertinent. De minuscules sociétés sont des leaders mondiaux dans leur domaine car elles ont développé des activités de niche. Il me semble plus important de séparer celles qui sont actives uniquement sur le marché national et celles qui travaillent aussi à l’international. Ces deux catégories doivent encore être différenciées selon leur degré de technologie. Ces critères permettent de définir leur besoin en financement et donc leur capacité à en recevoir. Pouvez-vous expliquer votre classification ? Les entreprises présentes sur un marché étranger, de nature plus agressif et compétitif que le nôtre, ont une productivité et une tendance à l’innovation plus grande que celles qui cantonnent au marché national, trop protégé. Ces derniers perdent leur réactivité et sont en péril aussitôt que celui-ci s’ouvre à la concurrence étrangère. Parmi elles, un grand nombre à haute teneur technologique travaille comme sous-traitant pour de plus grosses entreprises. Cela implique que beaucoup développent leur savoir-faire en fonction des besoins de la société qui les mandate (b2b). Ces PME dépendent donc étroitement de la bonne santé de leurs mandataires. Ce n’est pas le 16 Créateurs No 3 L’analyste cas des PME « indépendantes » qui occupent des niches technologiques et exportent la majorité de leur production. Comment cela influence-t-il leur financement ? Une start-up ou une PME à haute technologie est beaucoup plus gourmande en terme de capitaux qu’une entreprise « normale ». Les besoins ne sont pas les mêmes si l’on fait de la bio-tech, de l’IT ou de la boulangerie. Les sommes « Les sociétés qui ont des gros besoins et des mauvais bilans sont des boîtes qui ne marchent pas ! » Xavier Comtesse est le bouillonnant directeur de l’antenne romande d’Avenir Suisse. Basé sur les « think tank » (boîte à idées) américains, ce groupe de réflexion réfléchit sur les conditions cadres à instaurer pour favoriser un essor socio-économique de qualité. en jeu sont très importantes et les investisseurs préfèrent des sociétés aux visées internationales et à la clientèle élargie. Le besoin de financement concerne surtout les entreprises de hautes technologies ou celles qui veulent mutés en haute technologie. Pour les autres, leurs fonds propres devraient suffire. Parfois pourtant, les entreprises ont juste besoin de CHF 50 000 et il leur est très difficile de réunir cette somme… Il est vrai qu’il n’est pas toujours facile de trouver de l’argent au démarrage. Mais, si après cette phase elles en ont encore besoin, c’est qu’elles ne vont pas bien, sauf dans le cas d’un changement technologique. Les banques octroient des crédits PME mais il leur faut de bon bilans ou des actifs qui puissent servir de caution. Si tel n’est pas le cas, les banques ne prêtent pas. Les sociétés qui ont des gros besoins et des mauvais bilans sont des boites qui ne marchent pas ! Quelles sont les mesures à prendre ? Il faut agir sur 4 points précis : 1. Lois sur les faillites. L’article 725 du CO oblige les entreprises à se déclarer en faillite, sauf cas particulier, si la moitié du capital action a été utilisé. Cet article s’oppose à la réalité de la start-up qui capitalise justement pour manger ce capital. 2. Il devrait y avoir un incitatif fiscal pour les investisseurs. Si vous avancez de l’argent, vous faites du prêt sur du capital-risque. Tous les pays européens l’ont défiscalisé, sauf la Suisse. Il faut donner une vraie incitation à celui qui investit. 3. La loi doit spécifier si l’argent gagné par les managers de ces fons s’apparente à des gains en capital ou à des revenus. S’il s’agit de revenu, il ne faut plus le taxer à 45% mais à 15% comme en Angleterre. Sinon, c’est du gain en capital et alors il n’est pas imposé en Suisse. 4. Les stock-options sont taxées comme un gain à leur émission. Or les bénéficiaires ne les ont pas encore exercées. Il ne s’agit que d’une valeur théorique au moment de la transmission. Toute la problématique du financement réside dans le système égalitaire de la Suisse, le même pour tous, alors qu’on devrait avoir un système différent pour chacun mais équitable pour tous. Or en Suisse, on pratique des systèmes globaux. Les conditions pour les start-up et les PME technologiques doivent être modifiées sinon nous accuserons toujours un certain retard. |