DU CHÔMAGE à L’ENTREPRISE 36 Dossier Cécile Aubert Genève : soutien à l’activité indépendante dans le cadre du chômage Dans le canton de Genève, les demandeurs d’emploi qui désirent se lancer comme indépendants ont accès à un parcours de formation et passent devant une commission d’experts. Eric Pillet, Responsable de formation au service des mesures pour l’emploi à l’office cantonal de l’emploi (OCE) Créateurs No 11 - décembre 2009 « Nous soutenons la création d’entreprise en apportant aux demandeurs d’emploi qui ont un projet prometteur une aide et des conseils professionnels, afin de maximiser leurs chances de succès. Comme pour une reprise d’activité salariée, l’activité indépendante doit également répondre aux critères de viabilité et de durabilité », explique Eric Pillet, responsable de formation au service des mesures pour l’emploi à l’office cantonal de l’emploi (OCE) de Genève. Depuis l’entrée en vigueur, le 1er février 2008, de la nouvelle loi cantonale sur le chômage, le conseiller en personnel pose un diagnostic de la situation de l’assuré, lors du premier mois à l’OCE. « Pendant cet entretien la discussion porte, notamment, sur les objectifs du demandeur d’emploi, précise Eric Pillet. S’il émet le projet de devenir indépendant, son conseiller, après avoir reçu un descriptif du projet par écrit, lui proposera un Soutien à l’Activité Indépendante (SAI) ». Bilan de compétence et formation Le demandeur d’emploi peut d’abord effectuer un bilan pour indépendants, d’une durée de 20 jours, au Centre de Bilan de Genève (Cebig). Il a pour but d’analyser l’adéquation de son profil de compétences avec son projet. Ensuite, si celui-ci se confirme, il accède aux cours de création d’entreprise qui lui permettent d’évaluer l’idée dans sa dimension économique : il s’agit d’un module d’introduction à la création d’entreprise d’une durée de 10 jours, suivi par un module de réalisation de 20 jours. Ces formations sont organisées par le prestataire NewStart, filiale du groupe OTP à Genève, dirigé par Chantal Meyer. Ces différents cours sont facultatifs et octroyés selon les besoins de chaque personne. « Le but est de fournir des outils pour que les porteurs évaluent par eux-mêmes leur projet », précise Eric Pillet. Tout est passé en revue, de la création du business plan à l’élaboration d’un budget, voire de tableaux de bord. Les futurs créateurs sont également mis en contact avec les organismes de financement et de microcrédit. « On idéalise souvent la création d’entreprise, relève le spécialiste de l’OCE. Avec cette formation, les candidats à l’indépendance apprennent à gérer un projet de A à Z. » Une analyse d’impact portant sur la période 2003-2005 montre que 40% des chômeurs ayant suivi ces cours se sont lancés en indépendant. « La majorité des entreprises créées est toujours en activité après plus de trois ans d’existence », souligne Eric Pillet. Toujours selon l’analyse d’impact, pour les 60% qui ne se lancent pas, la participation à ces formations leur a permis de mieux comprendre le fonctionnement d’une entreprise et les attentes des employeurs, et de retrouver ainsi plus facilement un emploi. Pour Eric Pillet, « même si le projet n’est pas réalisé dans l’immédiat, il le sera peut-être un jour et les porteurs auront à disposition les outils nécessaires à son développement. En attendant, défendre leur projet et aller à la rencontre de personnes susceptibles de les aider aura créé une dynamique positive. » Une commission d’experts Le demandeur d’emploi prêt à se lancer peut demander une Phase d’Elaboration de Projet (PEP). Il s’agit d’une période de un à quatre mois sans recherche d’emplois, au cours de laquelle il peut se consacrer à 100% à la préparation du démarrage de son activité. Durant cette phase il peut également bénéficier d’un cours de gestion, d’un cours de bureautique comptable ainsi que d’un accompagnement par la fondation M & S qui, si l’activité démarre, se prolongera sur une période de douze mois. Particularité genevoise : pour bénéficier de cette PEP, les candidats doivent passer devant une commission d’experts en création d’entreprise. Celle-ci, composée de représentants de l’OCE, de la Fondetec, de la Fondation d’aide aux entreprises (FAE) et de Genilem, donne son avis sur l’octroi de cette phase. Le porteur et le projet y sont évalués selon différents critères : formation et expérience professionnelle, contacts existants avec la clientèle, expérience de gestion et de vente, positionnement, financement, etc. « A Genève, nous en sommes à une centaine de dossiers analysés par année dont environ 60% reçoivent un avis favorable, relève Eric Pillet. Nous ne voulons pas donner de faux espoirs et prenons la peine d’examiner soigneusement chaque projet. Notre but est d’éviter des prises de risques qui peuvent être lourdes de conséquences pour les demandeurs d’emploi. Cependant je constate, ces derniers temps, que les porteurs sont de mieux en mieux préparés. C’est sans doute un effet positif du travail d’accompagnement des prestataires de formation et de la commission. Quoi qu’il en soit, pour les 40% qui ne reçoivent pas le soutien de la commission, rien ne les empêche de développer leur projet s’ils le souhaitent. Ils ne bénéficieront pas de l’accompagnement en vue du démarrage mais pourront toutefois profiter, comme les autres, du doublement de leur délai cadre prévu par la LACI. Cela leur permettra de toucher le solde d’indemnités non perçu, suite à leur lancement en tant qu’indépendant, en cas de réinscription au chômage », conclut Eric Pillet. |