[4] C’est par les architectes et les artistes les plus célèbres du duché que Louis II fait bâtir et décorer, en lisière d’un exquis jardin à la française, cet écrin de pierre dédié à sa passion amoureuse. C’est une « Folie » dans toute l’acception du terme. Hôtel particulier à la campagne ou bastide pour noble romanesque, façade en majesté, balcons richement ornés, cariatides. Un escalier soutenu par un colossal Atlante conduit directement de la halle cochère à l’appartement où les décorateurs ont représenté tous les plaisirs, toutes les jouissances de la vie. Jean-Claude Rambot, Jean Daret, Reynaud Levieux, pour ne citer qu’eux. Tout est dentelle, ornements et bois doré. Un petit buste en marbre sur la cheminée évoque la mâle vigueur de l’ancêtre au panache blanc. Mais voilà, nous étions en 1668 ! Un an plus tard, excès sensuels ou empoisonnement pour éviter le scandale ? Le Cardinal meurt dans ce nid d’amour à l’âge de cinquante-sept ans. « Les maschouettos an tua lou duc » * dira le voisinage. Ce monument consacré à la fièvre des sens ne connaîtra plus les visites de l’égérie tant aimée ; elle se retire dans ses terres familiales. Les années puis les siècles passent, Le monument devient tout d’abord la résidence de Gautier de la Molle. L’aristocrate provençal en réaménage l’entrée, transforme la galerie à calèches en salons, reconstruit l’escalier. Au XVIII e siècle, la bâtisse sera rachetée par Van Loo. Le peintre substitut un étage au toit mansardé, il y installe son atelier. La façade est rehaussée, la toiture, à l’origine d’ardoises, est refaite en tuiles. En 1906 un riche collectionneur suisse, Henri Dobler, en fait une propriété bourgeoise, le lieu l’inspire et il le meuble d’antiquités. En 1954 le Pavillon** Vendôme avec son mobilier est légué par sa veuve à la ville. Il a vocation de musée et d’espace d’accueil pour réceptions VIP. Un lieu de fêtes et d’expositions où l’art du futur se cherche aux racines du passé. MP 2013 a désiré qu’il soit, cette, année un des fleurons du territoire marqué du sceau des muses, de la petite et de la grande Histoire. Une escale pour Ulysse en quête d’une Pénélope toujours perdue et retrouvée. * « Les chouettes masquées ont tué le duc. » ** Pavillon, curieusement, est aussi le nom de l’architecte du Pavillon Vendôme. A country home for a romantic nobleman, with a magnificent façade, ornate balconies and caryatids. A staircase supported by a huge atlas led straight from the carriage entrance to apartments decorated with representations of all the worldly delights by Jean-Claude Rambot, Jean Daret, Reynaud Levieux and others. Everything was fine details, ornaments and gilt wood. A small marble bust on the mantelpiece evoked the virile image of Vendôme's royal ancestor. That was in 1668. A year later the Cardinal died in his love nest, aged fifty-seven, perhaps from sensual excesses, perhaps poisoned to avoid a scandal. « Les maschouettos an tua lou duc » said local folk : « Masked owls have killed the duke ». And his beloved muse withdrew to her family estate. The years, then the centuries passed. Provençal aristocrat Gautier de la Molle made the place his home and redesigned a number of features. In the 18th century it was bought by painter Van Loo, who built an additional floor to make a studio, heightening the façade and replacing the slate roof with tiles. In 1906 the wealthy Swiss collector Henri Dobler restored and refurbished the Pavillon Vendôme*, filling it with antiques. In 1954, his widow bequeathed the Pavillon and its furniture to the city. It is now a museum and a venue for VIP receptions, celebrations and exhibitions where the art of the future reconnects with its roots. Marseille-Provence 2013 was keen for it to be one of the highlights for the region's stint as European Capital of Culture. A fitting symbol, for culture is made from history, anecdote and passion. * Oddly enough Pavillon was also the name of the one of the Pavillon Vendôme's architects. ›› Pavillon Vendôme. 1. Pavillon Vendôme, la maison de l’amour. 2. Une folie secrète. 3. La main bordée de dentelles de M.J. d’Esparron peinte par Claude Arnulphy. 4. Portrait de jeune fille, Ecole Française XVIII e siècle. 58 |