Le Centaure Le Centaure est un lien à la fois utopique et concret que nous tissons depuis presque vingt ans. Nous évoluons dans un espace réel qui héberge l’imaginaire, dans ce que Michel Foucault nomme l’hétérotopie. Ainsi, le cirque Centaure se compose de dix humains et de dix chevaux – la parité absolue ! – qui, en fait, ne font qu’un. Ne vaut-il pas mieux préférer un corps qui n’existe pas à un corps qui n’existe qu’à moitié ? Nous sommes tous des centaures, des androgynes. Car nous avons besoin de l’autre. Seuls, nous n’existons pas, nous ne sommes rien, la vie n’a de sens que dans le rapport de dualité. Notre algèbre repose sur le plus simple des axiomes, 1+1 = 1. Le Centaure, c’est aussi la fusion de l’homme et du cheval, cet alter ego qui hante les rites, les mythes, les rêves, les travaux et l’Histoire de tous les peuples de la planète. Notre relation avec le cheval remonte à la nuit des temps, elle a toujours été très puissante. Même physiquement. On peut monter le cheval, s’emboîter, aller très loin avec lui. Marseille Nous vivons à la campagne Pastré depuis dix-sept ans. Pour nous, Marseille est une ville pétrie de symboles. Elle porte en elle une dualité. Comme le Centaure. C’est une des métropoles les plus étendues de France, mais son socle sauvage, liquide et minéral, sourd toujours au détour d’une rue et garantit un fragile équilibre entre nature et culture. Marseille est une porte ouverte sur la Méditerranée, un port, donc un lieu d’échange, un passage qui permet le franchissement des frontières. N’oublions pas que le cheval est un grand voyageur qui permet, lui aussi, de franchir les frontières. Ainsi, nos centaures ont parcouru le monde, de Berlin à Istanbul, de Rotterdam à Singapour, imprimant leur galop sur la pellicule artistique à chaque fois que la langue de la mythologie rejoignait celle du cinéma. TransHumance Nous avons voulu concevoir un projet qui permettrait de marcher tous ensemble, au rythme des animaux, sur les chemins, dans la poussière, de se donner enfin le temps. Alors, nous partirons de Cuges, avec les Italiens et leurs bœufs de Maremme, du Château d’Avignon, près des Saintes-Maries, avec les Marocains et leurs fantasias, de Châteaurenard avec les chevaux, camarguais ou lourds. Nous foulerons cette terre de Provence, nous traverserons les villages, rallierons les populations, pour converger vers la plaine de la Crau. Là, nous mêlerons nos trois troupeaux et descendrons, en un gigantesque flux humain et animal, vers Marseille la capitale. Nous y serons le dimanche 9 juin 2013. 32 |