Sentir | Sent Un patrimoine hérité de Marius Jean Contrucci révèle Marcel Pagnol -/The legacy of Marius Jean Contrucci recalls Marcel Pagnol Par Maurice Gouiran Photo : Cordula Treml « Je ne savais pas que j’aimais Marseille, ville de marchands, de courtiers et de transitaires. Le Vieux Port me paraissait sale – et il l’était ; quant au pittoresque des vieux quartiers, il ne m’avait guère touché jusque-là, et le charme des petites rues encombrées de détritus m’avait toujours échappé. Mais l’absence souvent nous révèle nos amours… » * -/ « I did not know that I loved Marseille, this city of traders, brokers and forwarding agents. The Vieux Port seemeddirty – and it was : as for the picturesque allure of the old districts, it had barely moved me thus far, and the charmof the little streets littered with rubbish had always escaped me. But absence often reveals our true affection… » * Aucun écrivain n’a autant et mieux raconté Marseille que Jean Contrucci. Depuis les années 80, ce journaliste et chroniqueur littéraire à la plume alerte est passé de l’autre côté de la barrière. Il a signé plusieurs dizaines d’ouvrages, des nouvelles aux romans, des livres d’histoire aux chroniques, des livres d’art aux monographies, en passant par son impressionnante série des Nouveaux Mystères de Marseille (une dizaine d’opus passionnants racontant la ville du début du XX e siècle). Jean Contrucci avoue une admiration renouvelée à chaque lecture de Pagnol. « C’est parce que je ne me suis jamais arrêté aux seules « pagnolades » – qui sont l’arbre qui cache la forêt – que, Marseillais, je me reconnais pleinement dans cette œuvre qui n’a jamais cessé de m’émouvoir » précise-t-il, avant d’ajouter : « Malgré son accent, et ses accents, c’est une œuvre universelle, l’autoportrait d’un écrivain de Marseille qui puise dans ses racines le meilleur de son inspiration. » Contrucci rend donc à Pagnol, trop souvent mal aimé des Marseillais et absent d’ailleurs de MP 2013, l’hommage qui lui est dû. Il aime citer l’auteur de Marius : « L’universel, on l’atteint en restant chez soi. » La Trilogie et les Souvenirsd’enfance n’ont-ils pas fait du quai de Rive-Neuve et de quelques arpents de garrigue autour de La Treille un patrimoine qui appartient au monde entier ? -/No-one has written about Marseille more, or better, than Jean Contrucci. In the 1980s the journalist and literary reviewer crossed over to the other side. He has authored dozens of works, from histories to reviews, art books to monographs, short stories to novels, including his impressive series of NouveauxMystèresdeMarseille, ten novels depicting the city from the start of the 20th century. Contrucci’s admiration for Pagnol is reignited at every reading. « It’s because I have gone beyond the Pagnol classics, and because, as a fellow Marseillais, I recognise myself completely in his work, and it has never ceased to touch me, » he explains, adding : « Despite his accent, and his accents, his work is universal, the self portrait of a writer from Marseille who draws his greatest inspiration from his roots. » Such is Contrucci's tribute to a writer often denigrated by the people of Marseille, and who will not be part of MP2013. Contrucci is fond of quoting the author of Marius : « You reach the universal by staying at home. » After all, didn’t his Trilogie and Souvenirsd’enfance (Childhood Memories) transformthe Quai de Rive-Neuve and those few acres of scrubland around the village of La Treille into a legacy that belongs to every one of us ? * Marcel Pagnol, préface de Marius, écrite à l'occasion de la publication de ses ŒuvresComplètes (1965). 162 |