RENCONTRE OPTIMISTE 50 Inauguré en grande pompe en octobre dernier, l’espace du 104, ce nouveau lieu artistique et pluridisplinaire de la Ville de Paris, ouvre ce mois-ci La Maison des Petits. Un cocoon design et coloré dédié aux enfants (0-5 ans) accompagnés d’adultes. C’est à Matali Crasset que sa réalisation a été confiée. Elle signe un espace d’écoute, de rencontre, de socialisation et de créativité par le biais de l’art et du jeu. Et poursuit ainsi son approche d’un design modulaire, flexible, généreux et accueillant. Elle en parle à COTE PARIS. COTE : Vous avez déjà réalisé « Permis de construire », une exposition-atelier qui se tient jusqu’à la fin mars à la Cité de l’architecture et du patrimoine destiné aux enfants de 4 à 8 ans puis, aujourd’hui, vous réalisez une véritable structure avec La Maison des Petits au 104. Qu’est-ce qui vous captive dans le travail que vous faites pour eux ? Matali Crasset : Quand je propose un dispositif, j’aime bien que les utilisateurs puissent compléter ou finir l’objet. Dans le cas des enfants, l’intérêt est qu’ils n’ont pas de filtre. Soit ils aiment la structure, soit ils la délaissent. Ils reconnaissent tout de suite un objet qui a un potentiel imaginaire. Pour Permis de construire, l’idée était de proposer des espaces à construire avec différents modes pour les bâtir. Quant à la Maison des Petits au 104, elle s’apparente davantage au fonctionnement d’une maison verte de Françoise Dolto. C’est une structure ouverte aux parents et aux enfants où l’on trouve une équipe de professionnels et des animations artistiques. Ce lieu invite au partage et renoue avec les relations de proximité. L’originalité se joue dans ces espaces colorés et modulables. Justement, Matali, comment la maison est-elle articulée ? Le challenge, ici, était de proposer une structure que les animatrices pourront faire vivre et évoluer en fonction de la programmation du lieu. Il fallait privilégier l’échange, l’écoute et le partage. Comme nous sommes dans un emplacement mars 2009 www.cotemagazine.com Par Stéphanie Faby MATALI CRASSET IMAGINE LA MAISON DES PETITS POUR LE 104 HAS IMAGINED A CHILDREN’S HOUSE FOR THE 104 industriel et immense, j’ai proposé de faire une double peau, une sorte de coquille adaptée à l’échelle des enfants. On y a développé un noyau central où se constitue toute la partie technique : la cuisine, les toilettes et une petite table à deux échelles qui vient accueillir le goûter. Le nombril de l’espace est ce point d’interconnexion où l’on va pouvoir poser son bébé et jouer avec lui. Trois zones ont été développées en fonction des âges privilégiant des activités axées sur le jeu, la lecture, la sensorialité ou l’imaginaire. Les modules champignons sont là pour redonner des sous-espaces à l’échelle de l’enfant, ils donnent une autre possibilité d’abris où l’on y accueille différentes activités. Les artistes peuvent investir l’espace par le biais d’une plate-forme qui leur est dédiée. Tous ces dispositifs sont destinés à alimenter l’attention des parents et des enfants. Quelles ont été les contraintes ? Elles ont été plutôt d’ordre sécuritaire mais j’ai gardé mon approche principale qui est de travailler des scenarii de vie. Ce qui m’intéresse ce n’est pas de dessiner des objets, des espaces décorés mais d’imaginer comment on arrive à injecter la vie et comment ses structures vont répondre à la diversité des activités, des actions à mener dans ce type d’espace. Il faut imaginer ces objets comme des plates-formes, des outils ouverts qui permettent une appropriation. Votre univers est optimiste, coloré avec une capacité à faire vivre les objets. Pourquoi avez-vous choisi de traiter le design de cette manière ? Je me suis aperçue que pour faire des structures contemporaines, il n’était pas suffisant de changer de façon superficielle les choses. Par exemple, ce n’est pas en modifiant la couleur d’une chaise ou sa forme que l’on pénètre dans une latitude contemporaine. J’aime intervenir sur la typologie, sur le lien des objets entre eux mais surtout sur la façon dont on fait vivre ces structures. Je me suis toujours un peu méfiée de la forme parce qu’elle est intrinsèque à une interprétation. Quant on |